La Chronique Agora

Les statistiques et comment les torturer de manière efficace

Gagnez 15% par an en faisant six grasses matinées par semaine

Bonjour,

 ▪ De quoi parlions-nous hier ? Ah oui… d’oiseaux de mauvaise humeur… et du Japon.

Les investisseurs, les politiciens et les économistes semblent tous penser que l’économie est en voie de guérison. Les seuls qui n’en sont pas convaincus sont ceux qui vivent et travaillent dans la vraie économie — les gens qui font leurs courses au supermarché et doivent vivre avec un salaire.

Cela nous rappelle un incident amusant. Un gouverneur de la Fed a récemment tenté d’expliquer à une assemblée de citoyens ordinaires la manière dont les autorités calculent le taux d’inflation « central ». Les lumpenconsommateurs n’ont pas avalé cette couleuvre. Ils ont hué le pauvre homme. « Quand êtes-vous allé au supermarché pour la dernière fois ? » lui ont-ils demandé.

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Si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez déjà le premier…

… Quant au second, il a rapporté des gains de l’ordre de 69,85%, 40,70%, 37,49%, 65,34%… et même 142,42% !

Comment ? Toutes les réponses sont ici

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Les statistiques les plus récentes sur l’inflation américaine nous disent que les prix ont grimpé de 0,5% en février. Pour les lecteurs ayant des difficultés avec les chiffres, ça fait un taux annuel de 6%, ou 550 points de base de plus que le taux auquel la Fed prête de l’argent.

Mais attendez… les autorités disent de ne pas faire attention à ce chiffre. Elles veulent que nous nous concentrions sur le chiffre « central », dont elles ont soustrait les choses qui grimpent — l’alimentation et l’énergie. Ayant supprimé les prix qui grimpent — même si ce sont des éléments essentiels — elles agrandissent donc les éléments qui restent. Notamment l’immobilier. Et devinez quoi ? L’immobilier US est en baisse. La chute du prix des maisons permet donc aux autorités de rapporter un taux d’inflation « central » bas — ce qui est un mensonge et une tricherie. Le ménage américain moyen dépense en fait de plus en plus d’argent simplement pour faire bouillir la marmite et faire le plein de sa voiture.

Et voici un autre chiffre faussé par les autorités : on a largement parlé, la semaine dernière, du fait que le taux de chômage US était à son plus bas de ces deux dernières années. Mais les chiffres de l’emploi sont si cruellement déformés par les autorités que nous avons pitié d’eux. Le moyen le plus évident, ce sont les « ajustements saisonniers ». Regardez ce que les « ajustements saisonniers » ont fait aux dernières statistiques. Etats-Unis Today nous en dit plus :

« Le chômage a grimpé dans quasiment toutes les 372 plus grandes villes des Etats-Unis en janvier par rapport au mois précédent, en majeure partie à cause de changements saisonniers comme le licenciement d’employés temporaires dans le secteur de la vente au détail, embauchés pour les fêtes de fin d’année ».

« Vendredi, le département du Travail US a annoncé que le taux de chômage a grimpé dans 351 régions métropolitaines, n’a chuté que dans 16, et est resté inchangé dans cinq. C’est pire qu’en décembre, où le taux avait chuté dans 207 régions et augmenté dans 122 ».

« D’autres tendances saisonnières, comme les licenciements de travailleurs dans la construction à cause de la météo hivernale, ont également contribué à cette large augmentation ».

« Dans tout le pays, le taux de chômage a chuté à 9% en janvier, contre 9,4% le mois précédent. Il est passé à 8,9% en février. Mais les données nationales subissent un ajustement saisonnier ; ce n’est pas le cas pour les données par zones métropolitaines, ce qui les rend plus volatiles. Les données métropolitaines enregistrement également un décalage d’un mois par rapport aux chiffres nationaux ».

Vous voyez ce que nous voulons dire ? On trouve moins de gens ayant réellement un emploi, mais si l’on fait un « ajustement saisonnier », le chômage baisse.

Partout, les prix augmentent. Mais évidemment, si l’on supprime les éléments qui grimpent, on constate des prix stables.

▪ Mais revenons du côté du Japon…

Nous soulignions hier que même si tout le monde cherche des « cygnes noirs », ce pourrait bien être les blancs qui mordent. Ce sont peut-être des imposteurs. Grattez la peinture, et ils sont souvent gris… et vicieux.

Prenez le QE2, par exemple. Les Japonais n’auront bientôt plus d’argent. Le gouvernement doit déjà 2 000% des recettes fiscales annuelles… le taux d’épargne est en train de chuter à zéro… et les déficits sont plus profonds que jamais.

Que peut faire un pauvre banquier central ? Il fait appel à l’assouplissement quantitatif ! Pour l’instant, l’assouplissement quantitatif n’a pas encore marché, mais il n’a pas fait de mal non plus. Le taux d’inflation au Japon frôle en réalité le zéro. Les exportateurs japonais cherchent désespérément à faire baisser le yen. Tout le monde veut un peu d’inflation… tout le monde veut plus d’argent pour reconstruire après les récents désastres… tout le monde veut de l’assouplissement quantitatif !

Eh bien qu’on leur en donne… à pleines poignées !

Pour cette raison, nous pensons que les actions japonaises sont un bon pari. Elles baissent depuis 21 ans. Elles sont bon marché. Si l’économie rebondit — comme l’attend joyeusement Warren Buffett –, les actions japonaises se comporteront bien. Si l’économie ne se remet pas… comme nous l’attendons joyeusement… l’assouplissement quantitatif fera un retour en force. Ses effets ne seront pas immédiats, selon nous, mais ils seront radicaux. Un jour, les prix grimperont en flèche. Les gens se précipiteront sur les marchés actions pour se protéger. Les actions japonaises auront les meilleures performances du monde… tout comme les actions zimbabwéennes au plus haut de la récente hyperinflation récemment enregistrée dans le pays.

Achetez des actions japonaises maintenant. Mettez-les de côté. Attendez d’en entendre parler dans les journaux.

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Oh non ! Ca ne va pas recommencer comme avant le 11 mars dernier ?

Philippe Béchade

 

▪ Voilà que les robots algorithmiques remettent ça. Ils truquent l’évolution des indices, font perdre leurs repères aux investisseurs qui suivent anxieusement les dépêches. Malheureusement, ce ne sont que de mauvaises nouvelles qui sont tombées tout au long de cette séance de mercredi.

Les scores boursiers observés hier en clôture sur les places européennes constituent une véritable provocation. C’est un bras d’honneur à l’actualité du jour, une démonstration de force des manipulateurs d’indices. Un nouveau déni totalement assumé de la réalité.

Nous soupçonnons que ceux qui ont tordu le bras à la tendance le font en toute connaissance de cause. En effet, ils font déjà le pari que la Fed prépare un nouveau miracle.

Plus les heures passaient, moins l’amplification de la hausse des indices trouvait une explication qui tenait la route. Pas une seule nouvelle rassurante, pas une seule statistique positive à se mettre sous la dent. Pourtant, le Dow Jones qui avait démarré en repli de 0,5% progressait d’autant en clôture. Le Nasdaq perdait 0,8% puis en gagnait 0,55% au final, tutoyant les 2 700 points.

Le plus étrange — le terme est faible — c’est que le redressement des indices américains s’est amorcé juste après la publication de l’une des pires statistiques immobilière de l’histoire des Etats-Unis : une rechute inattendue de 17% des ventes de logements neufs, à un niveau plancher de 250 000 ventes par an.

Inspirée par l’embellie miraculeuse qui se dessinait à Wall Street, la Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,5% à 3 913 points dans d’étroits volumes (trois milliards d’euros). Elle a enchaîné les incursions en territoire négatif, sous l’impact de la tension des taux au Portugal. N’oublions pas non plus les chiffres macro-économiques détestables (inflation, récession en Angleterre et aux Etats-Unis). Et surtout un climat géopolitique tendu avec un attentat contre un bus à Jérusalem.

Ajoutons que les dernières infos en provenance du Proche-Orient confirment que la situation reste toujours aussi explosive au Bahreïn. Les hostilités redoublent en Libye avec de nouveaux affrontements à l’arme lourde dans le cadre d’une attaque menée par les troupes fidèles au Colonel Kadhafi. N’oublions pas non plus la déclaration de l’état d’urgence au Yémen.

N’importe lequel de ces motifs aurait pu suffire à justifier un repli prudent des marchés. Il faut y rajouter des inquiétudes grandissantes sur le refinancement des PIGS. Elles inspirent un scénario catastrophe à l’agence de notation Standard & Poors qui redoute une série de défaillances en cascade. Tout cela avant même que les Européens soient parvenus à un accord sur la mise en oeuvre du MES (mécanisme européen de soutien aux pays en difficulté) prévu pour début 2013

▪ Parmi les sujets totalement évacués du paysage boursier, il y a aussi la phase préparatoire des nouveaux stress tests appliqués aux banques. D’après la plupart des commentaires que nous pouvons lire, ils sont déjà considérés comme une mascarade. La pire hypothèse consisterait dans une récession de 0,5% en Zone euro.

Aucun défaut de paiement de dettes souveraines n’est pris en compte. Pas plus, d’ailleurs, que le risque associé aux émissions obligataires des établissements de crédit des pays périphériques.

L’inflation n’est même pas évoquée dans le scénario, alors que le pétrole franchit les 106 $. Mais rien n’y fait. Les marchés montent comme s’ils évoluaient dans une dimension parallèle… et pas un commentateur ne s’étonne de ce petit miracle !

Face aux signaux précurseurs d’une rechute conjoncturelle, font-ils déjà le pari d’un QE3 ?

La rumeur qui aurait — le conditionnel s’impose — fait grimper Wall Street mercredi soir, c’est celle de la double injection de 300 milliards de dollars pour financer la reconstruction du pays et relancer la croissance. C’est-à-dire l’équivalent du QE2 de 600 milliards de dollars de la Fed.

Eh bien voilà, il n’y a qu’à imprimer de la dette !

Qui va l’acheter ? Mais le marché voyons !

▪ Et qui se soucie des fuites radioactives de la centrale de Fukushima ? Les émissions du réacteur numéro deux sont à leur paroxysme depuis le 12 mars, l’eau impropre à la consommation à Tokyo… Des informations devenues purement anecdotiques ?

La plus grande catastrophe nucléaire de l’Histoire avec des matériaux mortellement radioactifs (ils ont des cycles de nocivité de 250 000 ans et plus) qui ne peuvent en aucun cas être déplacés après leur fusion, les médias occidentaux en parlent moins. C’est comme si c’était déjà du passé !

Tout ne serait donc plus qu’une affaire de gros sous. Wall Street s’imagine déjà que le Japon viendra se fournir en priorité aux Etats-Unis plutôt qu’en Corée — voisine de quelques centaines de kilomètres — ou en Chine (le plus gros outil industriel au monde, tout proche également des côtes ouest nippones).

▪ La hausse de Wall Street survenue hier soir a choqué beaucoup d’internautes aux Etats-Unis. Ils ne comprennent pas la finalité d’une remise en route des algorithmes haussiers, avec une superbe progression linéaire comme seuls les « robots » sont capables d’en générer.

Une nouvelle flambée du pétrole se profile ; gare à la chute du pouvoir d’achat. Les sans-abri japonais (les personnes âgées principalement) meurent discrètement par centaines. La guerre en Libye a fait des centaines de morts hier. Des émeutes éclatent en Syrie. Le Portugal est en crise (M. Socrates a jeté l’éponge et démissionne). Israël renoue avec les heures les plus sombres du terrorisme aveugle. La santé insolente — et artificielle — des indices américains n’apparaît pas seulement anachronique… elle en devient obscène !

PS : Que nous réserve la séance d’aujourd’hui ? Comment vous positionner pour en profiter au mieux ? Retrouvez Philippe Béchade au 08 99 88 20 36* pour une analyse exclusive des coulisses boursières… et des conseils pour y adapter votre portefeuille.

*1,35 euro par appel + 0,34 euro / minute.
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Gagnez 15% par an en faisant six grasses matinées par semaine

Marc Mayor

▪ L’investisseur qui a du succès n’aime pas les week-ends prolongés. Pourquoi ? Parce qu’un spéculateur qui n’aurait jamais investi le lundi depuis janvier 2010 aurait réalisé une performance de 2,3% sur la Bourse américaine, alors que l’indice S&P 500 a progressé de plus de 18%.

Dans mon article de début mars, je vous expliquais comment gagner sept fois sur dix. Aujourd’hui, vous saurez pourquoi vous avez intérêt à vous lever le lundi matin. Surtout qu’après avoir lu ce texte, vous pourrez vous permettre de ne vous lever QUE le lundi.

Si vous n’investissez QUE le lundi (vous pouvez donc vous permettre de faire la grasse matinée du mardi au dimanche), vous allez gagner environ 15% par an en Bourse. Mais comme je vous le disais, si vous préférez prolonger votre week-end le lundi, votre performance boursière s’en ressentira fortement : +2,3% seulement aux Etats-Unis.

Alors, vous préférez dormir six matins par semaine et gagner 15% — le lundi — ou dormir un matin et gagner 2,3% ? Dur choix…

Depuis janvier 2010, une curieuse tendance s’est mise en place à Wall Street. Pratiquement l’intégralité de la performance des marchés a été réalisée le lundi : 15,7% de la hausse totale de 18,3% pour le S&P 500.

▪ Le lundi est de loin LA séance la plus prolifique sur le marché. Entre janvier 2010 et fin février 2011, douze des quatorze séances du lundi se sont conclues sur une progression de l’indice ; neuf séances du lundi sur ces quatorze ont atteint une performance supérieure à 1% sur cette période.

Les explications derrière ce curieux phénomène pointent vers la psychologie des marchés, bien sûr : le lundi marque le début d’une nouvelle période d’investissement — également appelée « semaine » par le commun des mortels. Et les traders veulent lancer cette nouvelle ère de manière positive — en achetant par exemple.

Il est également possible d’imaginer que, bien reposés et détendus après un week-end en famille ou au polo, ces derniers considèrent d’un oeil neuf les perspectives économiques des entreprises cotées. (Ou alors ils ont pris tellement de cocaïne durant le week-end qu’ils passent leur lundi à appuyer sur le bouton « achat » en attendant que la tempête sous leur crâne se calme.)

Autre explication encore : après avoir essuyé tout le week-end les quolibets de leur virago sur leurs risibles performances (je parle de performances boursières, bien sûr…), les traders reviennent au bureau le lundi matin bien déterminés à montrer à leurs furies que non, tout le monde ne ferait pas mieux qu’eux.

Enfin il reste l’explication qui se baserait sur une vague théorie du complot, du genre : les banquiers de tout poil (étatiques ou privés) se réunissent en général en fin de semaine pour coordonner leurs actions communes de manipulation des marchés. Mais une telle hypothèse supposerait un minimum d’efficacité de la part de nos amis les « banksters », ce qui flanque illico cette belle théorie à l’eau.

Les entreprises cotées sont-elles plus performantes le lundi ? L’actualité fournit-elle des données économiques plus favorables le premier jour de la semaine ? Evidemment que non. C’est même le contraire : lorsqu’une société publique doit donner une mauvaise nouvelle, elle le fait le vendredi après la clôture du marché, pour donner aux épargnants davantage de temps pour digérer celle-ci.

Conclusion : voilà bien une nouvelle preuve de l’irrationalité des marchés.

Les banques déploient des trésors d’invention pour convaincre leurs clients qu’elles maîtrisent l’évolution des Bourses. Qu’elles comprennent ce qu’il se passe et qu’elles seront en mesure de faire croître les patrimoines qui leur sont confiés. Alors que pratiquement l’intégralité de la performance d’un marché est directement liée à la psychologie dérangée d’opérateurs déconnectés de la réalité.

Vous comprenez maintenant pourquoi je privilégie une autre approche du marché ?

[Marc Mayor est le fondateur et président d’Inside ALPHA, une entreprise helvétique spécialiste des approches financières éliminant le risque de marché (investissements dits « ‘neutres au marché »). Depuis plus de dix ans, Marc analyse avec humour et sagacité le comportement des initiés de la Bourse, notamment dans les colonnes de sa rubrique hebdomadaire « Le Coin des Insiders »‘, qui paraît chaque vendredi dans le quotidien financier L’Agefi (Suisse). Marc Mayor met également toute son expertise financière, ses analyses et ses recommandations au service des investisseurs particuliers dans le cadre de sa lettre d’information, La Lettre de Marc Mayor]

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(©) Les Publications Agora France, 2002-2011

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