La Chronique Agora

Les petits spéculateurs ont pris le contrôle

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Un renversement crucial s’est produit sur les marchés ; la spéculation règne, les valorisations ont perdu toute logique, mais tant que tout ça grimpe, n’est-ce pas… pourquoi s’inquiéter ?

Il est de notoriété publique maintenant que le marché boursier est valorisé de façon obscène.

Cela n’empêche pas la spéculation de continuer de se déchaîner. Le public est maintenant convaincu, comme « l’argent intelligent », que les autorités sont prisonnières : elles ne peuvent casser le mouvement…

La hausse est cynique, elle se fait alors que chacun joue en quelque sorte la politique du pire. Ces derniers jours, un des gouverneurs de la Fed a essayé de dire qu’il allait falloir « réfléchir à réfléchir sur le taper », ce resserrement de la politique monétaire !

Il s’est ridiculisé, il n’a pas compris que ces circonvolutions discréditaient l’institution.

Pour pousser ces valorisations élevées, nous avons désormais un nombre obscène de positionnements haussiers sur les marchés actions.

Les petits spéculateurs perdent la tête

Premièrement, comme l’a noté récemment le commentateur SentimenTrader sur Twitter, les petits spéculateurs sur le marché à terme sont devenus fous, ces derniers temps.

Le graphique ci-dessous représente la valeur totale de la position nette sur les contrats S&P 500. Jamais auparavant nous n’avions vu ces traders faire un pari aussi massif sur la hausse des cours boursiers.

Dans le même temps, nous avons vu les actifs des ETF à effet de levier monter en flèche. D’un peu moins de 10 Mds$ d’actifs au plus bas de mars 2020, ces fonds sont passés à bien plus de 25 Mds$ d’actifs. De toute évidence, les petits spéculateurs en sont venus à accepter le risque d’une manière que nous n’avions jamais vue auparavant.

Encombrement extrême

Ces deux indicateurs confirment le message des statistiques de la dette sur marge, qui montrent un volume sans précédent de spéculation à effet de levier sur les marchés.

Ce type d’encombrement extrême, observé sur les contrats à terme, sur les ETF à effet de levier et sur l’argent emprunté par les comptes de courtage, suggère une très grande fragilité.

Toute faiblesse du marché boursier pourrait se matérialiser par des liquidations en en boule de neige, des appels de marge et une disparition des contreparties – ce qui créerait un trou.

En temps historique normal, je vous aurais conseillé de sortir, de vous mettre à l’abri car cela peut survenir d’un moment à l’autre.

Mais nous ne sommes pas en temps normal ; nous ne sommes plus en régime de politique monétaire orthodoxe. Nous sommes dominés par la contrainte financière et budgétaire, nous ne pouvons prendre le risque de la moindre bouffée de risk-off.

Ce qui veut dire que la Fed est obligée de marcher sur des œufs ; elle est dans un magasin de porcelaine.

Un fait majeur

La situation a échappé aux autorités, voilà le fait majeur de la période. Il n’est ni économique ni politique, il est sociétal. Les gens d‘en haut ont été renversés par ceux du bas, et le marché est l’endroit où s‘effectue le renversement.

Dans le monde ancien, avant que les « esprits animaux » soient lâchés, les impulsions descendaient du haut vers le bas, elles étaient contrôlables par la connivence ; dans le monde d’en bas, l’irrationnel domine.

Le fait nouveau, c’est ce basculement.

Tout le monde maintenant connaît ce graphique : il implique la hausse des Bourses, il implique le marche ou crève, il implique le coûte que coûte.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

 

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