La Chronique Agora

Les matières premières conventionnelles… et les autres

▪ Lorsque, au cours de votre carrière, il vous arrivera de vous heurter à une crise financière, voici ce qu’il vous faudra toujours garder à l’esprit : il ne s’agit que d’une crise financière, pas d’une crise personnelle. La vie continue même lorsque l’argent disparaît.

C’est la réflexion que je me suis faite après avoir lu une récente interview du gestionnaire de fonds Simon Mikhailovich, d’Eidesis Capital. A la question de savoir quelle était la capacité des armes financières de destruction massive (les produits dérivés) à détruire le système financier, il répondit : « elles détruisent de l’argent, pas des vies ».

« L’histoire humaine », ajouta-t-il, « se résume finalement à une histoire de flux et de reflux des richesses. La capacité à préserver la richesse dans le temps nécessite une approche très proactive. Les changements séculaires qui bouleversent les technologies sont traditionnellement très difficiles à vivre et beaucoup de gens perdent. Mais certaines personnes gagnent ».

Voilà qui est bien dit !

Les marchés baissiers détruisent l’argent et la confiance — du moins c’est ce qu’ils font si vous les laissez faire. Le but dans un marché baissier est de préserver votre richesse, pas de le laisser détruire votre vie. Il est de toute évidence quasiment impossible de séparer votre santé financière de votre qualité de vie et de votre santé mentale. Mais peut-être est-ce là le plus grand des défis lorsque le monde est mis sens dessus dessous par l’intervention monétaire : ne laissez pas ruiner votre vie.

Vous trouvez que c’est là un conseil banal ? Peut-être. Mais il revêt une signification particulière lorsqu’on le décline dans des stratégies d’investissement spécifiques, chose que nous tentons de faire au quotidien. Prenons l’exemple des matières premières.

▪ Investissements conventionnels dans les matières premières
Une démarche d’investissement conventionnelle serait simplement d’acheter BHP et Rio Tinto en supposant que les 10 prochaines années seront comme les 10 dernières (si tout va à peu près bien). Mais cela serait une erreur. Pourquoi ?

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L’avenir des exportations de matières premières en vrac sera dans des volumes plus importants et des prix plus bas. Cela ne signifie pas nécessairement que « le pic des bénéfices » a été atteint pour les grandes entreprises productrices de ressources. Mais cela signifie que les plus grands gains (sinon les plus sûrs) sur les valeurs d’actions dans le secteur des matières premières ne proviendront sans doute pas des compagnies productrices de charbon et de minerai de fer.

Mais comme d’habitude, il ne faut pas nous croire sur parole. « On prévoit que les volumes des exportations australiennes de matières premières en vrac (charbon, minerai de fer et GNL) feront plus que doubler entre 2012 et 2025 », rapporte le Bureau of Resources and Energy Economics (BREE). « Cette forte augmentation des volumes prévue aidera à compenser le déclin attendu du prix des matières premières en vrac et permettra à l’Australie de maintenir la valeur de ses exportations de minéraux et d’énergie », explique le directeur du BREE, le professeur Quentin Grafton.

La bonne nouvelle est que le BREE s’attend à une hausse de la demande sur la ressource la plus lucrative d’Australie. La mauvaise nouvelle est que l’offre des producteurs de ressources non-australiens augmentera elle aussi. Dans son ensemble, le gâteau sera plus gros mais cela ne veut pas dire qu’il sera plus rentable.

Le BREE reconnaît que la demande de la part de la Chine et de l’Inde devrait augmenter les exportations de charbon, de minerai de fer et de GNL. Mais il reconnaît également que « les exportations australiennes vers ces marchés devront faire face à la concurrence accrue de pays comme l’Indonésie et la Mongolie (charbon), le Brésil et l’Afrique occidentale (minerai de fer) et l’Amérique du Nord (GNL) ». C’est exactement ce à quoi on peut s’attendre dans un marché haussier des matières premières parvenu à maturité. L’investissement dans de nouvelles capacités commence à rattraper la demande, même si la demande augmente à un rythme soutenu. Il en résulte une chute des prix mais, heureusement pour RIO et BHP, des bénéfices stables sur de plus grands volumes.

▪ Investissements non-conventionnels dans les matières premières
Cela signifie que, si vous recherchez de plus grands bénéfices sur les valeurs des actions, vous allez devoir sortir des sentiers battus. C’est ce qu’a fait notre collègue Alex Cowie, de la lettre australienne Diggers and Drillers. L’idée est de trouver ce qu’Alex appelle « des minéraux stratégiques » qui sont en situation de demande pour le XXIe siècle, tandis que l’offre pourrait ne pas être aussi prolifique.

Il y a beaucoup plus de possibilités de grandes variations de prix dans les matières premières faisant partie des « minéraux stratégiques ». Cela signifie qu’il y a de toute évidence beaucoup plus de possibilités de bénéfices importants sur la valorisation des actions puisqu’un petit nombre de fournisseurs bénéficient de l’effet prix (s’ils augmentent effectivement). Les derniers travaux d’Alex soutiennent également l’idée que les crises financières vont et viennent mais que la vie sur Terre continue.

Un exemple ? Le graphène, qui est en passe de devenir le super-héros des « minéraux stratégiques ». Jusqu’ici, ses super-pouvoirs sont d’être plus fort que l’acier, plus fin que le papier, capable de transformer la lumière en électricité et, aujourd’hui, « d’augmenter l’efficacité de la désalinisation par un facteur de deux ou trois », selon de nouvelles recherches.

Voilà une perspective de marges hautement positives pour certaines matières premières, dans la science des matériaux et dans les nouvelles applications. La plupart des recherches en science des matériaux visent à augmenter l’efficacité énergétique (en particulier pour les panneaux solaires qui créent une sorte de photosynthèse artificielle). Mais le point est encore plus simple.

Certaines matières premières ajoutent plus de valeur à l’économie que d’autres. Ces matières premières sont en général moins comprises, plus difficiles à trouver et plus chères à produire. Mais les entreprises qui les trouvent et les produisent pourraient être d’excellents investissements. La vie continue. La technologie est un outil pour améliorer notre qualité de vie et faire progresser notre capacité à fabriquer des choses. Et ce n’est pas une crise financière qui changera cela.

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