La Chronique Agora

Les ETF aurifères à l'assaut des pays émergents

Par Emmanuel Gentilhomme (*)

Des ETF pacifiques…
Ces fonds en or sont si attrayants qu’ils font des émules dans le monde entier, notamment dans le Pacifique. Au Japon, en août dernier, Nomura Securities a lancé à la bourse d’Osaka le premier "ETF" sur l’or nippon. Mais les autorités réglementaires ont imposé des restrictions à cet ETF, par exemple qu’il ne soit pas possible de le "transformer" en or physique, qu’il soit adossé à des obligations… C’est plus un produit financier qui suit le cours de l’or qu’un ETF. Les puristes estiment donc qu’il ne s’agit pas d’un "vrai".

Et parmi ces puristes, l’on trouve la banque américaine State Street Capital, promoteur du plus gros ETF sur or au monde. En ce moment, State Street réfléchit d’ailleurs à étendre au Japon la cotation de son streetTRACKS Gold Shares, gagé sur un stock d’or physique. State Street a de l’expérience en la matière : en rendant son ETF américain accessible depuis Singapour, en 2006, la banque US était la première à introduire un tel produit en Asie… A suivre.

… des ETF hindous…
Phénomène nouveau, les pays émergents s’y mettent aussi ! Le tout premier d’entre eux est… la Turquie. Lancé sur le marché d’Istanbul en 2006, le "Goldist" est le premier ETF sur or recensé dans un pays émergent. Il rassemble actuellement 1,3 tonne d’or, et est organisé par des banques turques.

En Inde aussi, les métaux précieux figurent en bonne place dans la culture traditionnelle. Dans le journal indien Business Line du 7 janvier, M. Dilip, patron de la société de gestion de fortune Impetus Wealth Management, rappelait que "historiquement, en Inde, l’épargne et l’or ont parties liées, d’autant que le pays a consommé presque 750 tonnes de métal jaune [en 2007]. Nous constatons aujourd’hui qu’un nombre croissant de gens se tournent vers les ETF, qu’ils estiment plus sûrs que la détention physique de métal". Sans doute car les Indiens n’ont pas à se charger du stockage de l’or des ETF…

Ce grand pays émergent compte déjà quatre ETF sur or alors que les premiers ne sont apparus que l’année dernière. Enfin, cinq : le 23 janvier dernier, Quantum Mutual Fund en a rajouté un de plus, qui a la particularité de permettre la négociation demi-gramme par demi-gramme. Au cours du jour, un gramme d’or vaut 20 euros (1 150 roupies). Autant dire qu’il s’agit d’un ETF aurifère grand public particulièrement adapté au niveau de vie de "l’investisseur émergent" !

… et bientôt des ETF arabo-persiques !
Toujours actif, le Conseil mondial de l’Or compte bien investir le Moyen-Orient. Son directeur général régional, Moaz Barakat, a déclaré le 8 janvier dernier : "Nous envisageons de lancer des ETF sur l’or cette année à Dubai". Juste en face de l’Iran, aux Emirats arabes unis, la ville de Dubaï est l’une des places financières les plus modernes de la région. Une place friande de métaux précieux : elle recèle déjà un marché spécialisé, le DGCX, pour "Dubai Gold & Commodities Exchange" (Bourse de l’or et des matières premières de Dubai).
 
Moaz Barakat a assuré que cet ETF respectera la charia, qui interdit le versement d’intérêts où l’investissement dans des activités liées aux jeux ou à l’alcool. Bon, ce n’est pas bien difficile avec l’or… Il a ajouté : "Ici, le marché est très intéressé par les ETF sur or en raison de la sécurité de l’actif auquel ils exposent". Voilà qui n’est pas neutre pour des pétromonarchies qui, pendant des décennies, ont investi une bonne partie des recettes tirées des hydrocarbures dans des obligations américaines libellées en dollars…

Bref, le nombre d’ETF aurifères en gestation semble indiquer que la demande d’or d’investissement n’est pas près de se tarir. Ce qui témoigne du fait que le métal jaune regagne, peu à peu et dans le monde entier, son statut de réserve de valeur. Son statut monétaire ?

Meilleures salutations,

Emmanuel Gentilhomme
Pour la Chronique Agora

(*) Emmanuel Gentilhomme est journaliste et rédacteur financier. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le Journal des Finances et la Société Générale. Il suit de près les marchés boursiers européens et étrangers, mais s’intéresse également à la macroéconomie et à tous les domaines de l’investissement.

Source : L’Edito Matières Premières

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