La Chronique Agora

Les bons du Trésor US boudés par la Chine

▪ Il y avait une grande nouvelle, cette semaine : la Chine s’est débarrassée d’une partie de ses obligations américaines. Il y a autre chose derrière cette histoire. Et bien entendu, encore autre chose derrière. Et environ un million devant. Mais commençons au commencement :

"Washington (AP) – Le gouvernement a déclaré mardi que la demande étrangère de titres du Trésor US a enregistré sa plus grande chute en décembre, la Chine réduisant ses détentions de 34,2 milliards de dollars".

"Ces réductions, si elles continuent, pourraient contraindre le gouvernement à des paiements d’intérêt plus élevés alors qu’il compte des déficits fédéraux record".

"Le département du Trésor US a annoncé que les détentions étrangères de titres du Trésor US ont chuté de 53 milliards de dollars en décembre, surpassant le précédent record, une chute de 44,5 millards de dollars en avril 2009. La chute des détentions chinoises signifie qu’elle a perdu la première place en termes de propriété étrangère de bons du Trésor US, chutant à la deuxième place, après le Japon".

"Le Japon a également diminué ses positions en bons du Trésor US, les réduisant de 11,5 milliards de dollars, à 768,8 milliards en décembre. Cette quantité restait toutefois supérieure au total chinois de décembre, à 755,4 milliards de dollars. Ce déclin de 53 milliards de dollars provient en premier lieu d’une chute des détentions gouvernementales officielles, qui ont chuté de 52,3 milliards. Les détentions d’investisseurs étrangers privés ont chuté de 700 millions de dollars durant le mois de décembre".

"Sur l’ensemble de 2009, les détentions de titres du Trésor US par des étrangers ont chuté de 500 millions de dollars. En 2008, les étrangers avaient augmenté leurs détentions de 456 milliards de dollars alors qu’une crise financière mondiale déclenchait une fuite vers la sécurité de la dette gouvernementale américaine".

▪ Voyons voir… La Chine réduit ses achats de dette US. Le Japon également. Idem pour les grands fonds obligataires comme PIMCO, le plus grand au monde. Qui va acheter les obligations américaines ? Où les Etats-Unis trouveront-ils l’argent dont ils ont besoin pour le gaspiller en guerres pour les jeunes et pilules pour les vieux ?

Chris Hunter, qui gère le département recherches de notre bureau familial, déclare que le nombre d’acheteurs potentiels devient dangereusement bas… à tel point qu’une vente aux enchères de dette du Trésor US pourrait échouer pour cause de manque d’intérêt.

Ce que ça semble signifier… en surface… c’est que les rendements des bons du Trésor vont grimper. Moins de demande. Plus d’offre. Les prix chutent. Les rendements grimpent. En fait, c’est ce qui semblait se passer mercredi. Les prix de la dette du Trésor US à 30 ans ont chuté.

Si les rendements grimpent notablement, on peut dire adieu à tout espoir de reprise. La hausse des rendements compliquera la tâche des investisseurs et des entreprises voulant gagner de l’argent. Les nouveaux projets seront annulés ; de nouveaux travailleurs seront licenciés avant même que d’être embauchés, et les investisseurs sortiront leur argent d’investissements "risqués".

Le Japon sera particulièrement mis à mal.

▪ Cette semaine, à Londres, nous avons rencontré Dylan Grice, de la Société Générale. Dylan fait des recherches économiques pour la société, et a récemment signé un rapport suggérant que le Japon glissera soudain dans l’inflation… puis l’hyperinflation.

Nous avons également appris cette semaine que le plan de relance de la Fed a été un grand succès. C’est Barack Obama qui le dit. Le New York Times, sous la plume de David Leonhardt, le dit. Idem pour l’économiste en chef du Financial Times, Martin Wolf.

"Hic hoc, ergo propter hoc"… ou quelque chose comme ça. A la Chronique Agora, nous avons ordonné au jour de se lever ce matin. Le jour s’est levé. Donc nous pouvons imposer notre volonté au jour, pas vrai ?

Les autorités ont dépensé beaucoup d’argent. Le monde n’a pas pris fin. Donc les autorités — et leurs fans dans la presse — disent qu’elles ont sauvé le monde.

Est-ce vrai ?

Non.

▪ En ce qui concerne le véritable état de l’économie américaine, les preuves sont mitigées et difficiles à interpréter. Les actions grimpent mais les volumes sont bas, et une nouvelle baisse pourrait commencer du jour au lendemain.

Le NAHB a annoncé que son indice a grimpé en février — mais c’était la sixième pire performance de l’indice immobilier sur les 25 dernières années. Parallèlement, les demandes de prêts immobiliers sont en baisse. Mais les mises en chantier sont en hausse.

Le secteur secondaire va mieux. Les profits des entreprises sont en hausse. Mais les gens n’ont pas d’emploi… et il y a peu d’espoir qu’ils en trouvent rapidement.

En plus, ce n’était pas la fin du monde, en 2008. Simplement, les gens qui avaient fait des erreurs recevaient ce qu’ils méritaient. Mais les autorités sont intervenues pour les sauver… en "socialisant" leurs erreurs. A présent, nous allons tous payer. Et payer bien plus cher. Non seulement les dettes privées sont encore là — plus ou moins — mais en plus, il y a désormais des milliers de milliards de dollars supplémentaires de dettes publiques à rembourser.

Bravo, les autorités…

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