La Chronique Agora

Les benêts dirigent le monde

** Nous vivons dans un monde dirigé par des benêts.

* Dans les journaux de vendredi, on trouvait un article décrivant la manière dont le Japon a "jeté des milliards par la fenêtre" avec ses divers plans de relance :

* Dans le International Herald Tribune :

* "Les zones rurales du Japon ont été bétonnées et truffées de routes, de barrages et d’autres grands projets d’infrastructures constituant l’héritage de milliers de milliards de dollars dépensés pour sortir l’économie d’une crise sévère causée par l’éclatement d’une bulle de l’immobilier à la fin des années 80".

* "Les dépenses publiques étaient si agressives qu’elles ont fait passer la dette gouvernementale japonaise à 180% du PIB — plus de deux fois le niveau actuel des Etats-Unis. Mais tout ce béton a-t-il suffi à acheter une sortie de crise au Japon ?

* A vous de juger. Les prix de l’immobilier au Japon sont de retour à leur niveau de 1975 — près de 90% sous leur sommet de la fin des années 80. Et les actions ? L’indice Nikkei est de nouveau là où il était il y a un quart de siècle. Les actions se vendent à la moitié de leur valeur comptable — et sont encore considérées comme étant trop chères pour des investisseurs japonais mis à mal et hyper-craintifs. Le ralentissement a commencé en 1990. Au cours des 19 années qui ont suivies, il a causé plus de dommages immobiliers que le Grand Incendie de Tokyo en 1923 et Enola Gay combinés, réduisant en fumée l’équivalent de trois fois le PIB du pays. Cela en dépit de taux d’intérêt à zéro… et d’efforts héroïques pour une stimulation keynésienne.

* Si les Etats-Unis voulaient suivre l’exemple du Japon, ils devraient laisser leurs taux autour de zéro durant toute la décennie qui s’annonce… et ajouter environ 10 000 milliards de dollars à leur dette publique. Et s’ils obtenaient les mêmes résultats, un Américain devrait pouvoir revendre sa maison en 2026 pour le même prix qu’il l’avait payée en 1992.

* Mais les benêts n’ont pas d’autres idées.

* "En deux mots", continue l’article de l’International Herald Tribune, "l’expérience japonaise suggère que les dépenses d’infrastructures, même si elles manquent de précision, peuvent aider à redynamiser une économie développée, déclarent de nombreux économistes".

* S’agirait-il, par le plus grand des hasards, des économistes qui pensaient que l’économie américaine de surconsommation et d’endettement éternel n’échouerait jamais ? Ces économistes qui pensaient que les banquiers fournissaient un service public en offrant tant de crédit à tant de gens… avant d’aller planter leurs bombes de dette partout sur la planète ? Ces économistes qui prédisaient une hausse des cours de la Bourse en 2008 ?

* Probablement.

* Aux Etats-Unis, les emplois disparaissent désormais au rythme de six millions par an. Les inscriptions au chômage viennent d’atteindre un sommet de 26 ans.

** Petit à petit, le mot "dépression" fait son chemin dans la presse. Jeudi dernier, le grand chef de General Electric avertissait que le ralentissement pouvait se transformer en dépression. Et le Premier ministre de la Grande-Bretagne, Gordon Brown, a laissé échapper le "mot en d" durant une session parlementaire.

* Le TIMES of London rapporte :

* "Gordon Brown a semblé reconnaître pour la première fois aujourd’hui que l’économie mondiale se dirigeait vers une ‘dépression’ du style de celle des années 30′."

* "M. Brown a légèrement buté sur les mots durant les questions de la Chambre, une semaine après avoir admis que la Grande-Bretagne était confrontée à une récession ‘profonde’."

* "Alors que la morosité financière s’approfondit, il a déclaré au dirigeant conservateur David Cameron : ‘nous devrions tomber d’accord, au niveau mondial, sur un stimulant monétaire et fiscal qui tirerait le monde de la dépression’."

* Mais pas de quoi s’inquiéter… les benêts s’en occupent. La facture pour le plan d’urgence d’Obama est passée à près de 1 000 milliards de dollars, aux dernières nouvelles. Le Sénat a cédé au mépris général, retirant bon nombre des mesures exigeant d’"acheter américain". Bien entendu, les politiques ne l’ont pas fait par principe… ils n’ont pas de principe. Quelqu’un a plutôt dû les avertir que si les Américains insistaient pour "acheter américain", les Chinois pourraient bien décider d’"investir chinois". Et ce serait alors la fin des haricots. L’arnaque en pyramide qu’est la finance américaine a besoin d’argent frais en provenance de l’étranger, justement pour rembourser les sommes que les étrangers ont apportées l’an dernier et l’an précédent.

* Donc à la Chronique Agora, nous ne nous inquiétons pas. Les autorités sont dans la place. Et elles vont dépenser, dépenser, dépenser… jusqu’à ce qu’on leur confisque les clés !

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