La Chronique Agora

Les banques systémiques, bombes au détonateur fourni par les États

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Le détonateur du « risque systémique », ce sont les banques ; les politiciens – en recourant à l ‘endettement excessif  – leur ont donné les moyens de grossir sans limite.

“Mon ennemi, c’est la finance”.

On a tous en mémoire cette phrase qui restera pour longtemps au firmament du bêtisier de la vie politique française. Expression invraisemblable en effet dans la bouche d’un prétendant à la tête d’un État non seulement surendetté mais continuant à accumuler des déficits, nécessitant justement le recours massif aux marchés financiers pour assurer ses fins de mois.

Pourtant, ce fut efficace, à entendre la clameur enthousiaste des électeurs présents… et la victoire finale.

À l’époque encore associé gérant chez Rothschild, un inspecteur des finances parfaitement bilingue, conseiller du candidat et promis à un brillant avenir, avait couru à Londres juste avant le discours du Bourget. Il y avait rencontré les principaux responsables de la City pour les prévenir de cette saillie à but purement électoraliste, mais dont il ne fallait surtout pas tenir compte.

Par la suite, les électeurs socialistes réalisèrent qu’ils avaient été roulés (pour ne pas employer une expression plus familière). Ils ne pouvaient que déplorer cette nouvelle illustration du cynisme politique. Mais c’était trop tard. L’homme du Bourget était élu et menait la politique économique imposée à la France par la signature des traités européens sans que les citoyens, qui pourtant avaient rejeté le Traité d’Amsterdam à 55%, aient leur mot à dire.

Dans la plus parfaite tradition marxiste, “la fin justifie les moyens”

Tout le monde a aussi en mémoire l’onde de choc provoquée en septembre 2008 par la faillite de Lehman Brothers. Elle réveilla le spectre de la crise de 1929, avec ses cortèges de chômeurs, les distributions de soupe populaire, la misère noire, et finalement une guerre mondiale.

Les banques centrales auraient pu laisser les branches mortes tomber. Cela aurait permis aux économies occidentales de repartir six mois plus tard sur des bases assainies, avec à la clé une redistribution des richesses. Mais les banques centrales ont préféré massivement injecter des liquidités, qui devaient avoir pour effet de préserver la valeur des patrimoines des “déjà riches”, et leur permettre de devenir encore plus riches.

Les masses de capitaux prêtés, à des taux voisins de zéro, nuls voire négatifs, ont explosé, avec des encours atteints aujourd’hui comme jamais dans l’histoire. Les “riches” ont alors pu s’endetter encore plus avec des taux “cadeaux” (d’autant qu’on ne prête qu’aux riches), et devenir encore plus fortunés.

C’est un thème récurrent de la classe politique de critiquer la financiarisation de l’économie au détriment du développement industriel.

Ces politiciens sont-ils naïfs, incompétents ou cyniques ?

Car c’est justement l’excès d’endettement qui a encouragé le développement exponentiel des instruments financiers (il faut bien des outils pour gérer, protéger, investir, échanger, etc. ces masses de crédits), donnant alors un pouvoir exceptionnel aux banques, dont c’est justement le métier.

Lorsque l’on donne des allumettes aux enfants, il ne faut pas s’étonner s’ils mettent le feu à la maison

La fin de l’argent à taux zéro agira comme une étincelle, provoquant un gigantesque incendie. Les autorités bien évidement emploieront tous les moyens disponibles, à savoir le canon à liquidités, pour l’éteindre.

Si la capacité des banques centrales est en théorie illimitée (surtout si l’on ne se préoccupe pas du risque d’inflation), les moyens des États européens sont beaucoup plus contraints. Certains se sont épuisés à creuser des déficits publics, contrepartie des politiques de “relance par la demande” destinée à contrer les effets dépressifs de la crise de 2008.

Mais les bonnes années qui ont suivi n’ont pas ou peu été utilisées pour normaliser les finances publiques et se redonner de marges de manœuvre pour faire face à une éventuelle prochaine crise.

Cette fois-ci, ce ne sont pas les États qui voleront au secours des banques (“bail-in”), mais les déposants, ainsi que les règles européennes le prévoient (“bail-out”).

Les épargnants prévoyants, dans la mesure du possible, prendront soin de se « débancariser » autant que possible.

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