La Chronique Agora

Les banques canadiennes peuvent-elles vous abriter ?

Par Alexandre Benazzouz

▪ Le vendredi 15 juin, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de la BPCE et de cinq banques néerlandaises dont ING. BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole sont également sous surveillance, leurs situations sont en cours d’examen.

Mi-février, Moody’s avait mis sous surveillance 114 banques européennes susceptibles de subir une dégradation. Voilà pourquoi, au cours des semaines passées, l’agence a mis sa menace à exécution : elle a dégradé la note de 16 banques espagnoles, une brochette de banques allemandes et surtout trois des plus grandes banques autrichiennes.

A contrario, Moody’s nous informe que les banques canadiennes sont les plus sûres du monde et pourraient faire office de « refuge » pour les investisseurs. L’agence new-yorkaise nous fait remarquer que le secteur bancaire canadien est le mieux noté de la planète, en effet toutes les grandes banques canadiennes détiennent la note AA2, largement supérieure à la notation des banques américaines et européennes.

▪ Moody’s et Bloomberg sur la même longueur d’ondes
Selon un classement annuel du magazine Bloomberg Markets, le Canada place ses six plus grosses banques parmi les 25 banques les plus solides du monde. Mieux encore, trois d’entre elles sont dans le top cinq.

La CIBC se classe au troisième rang mondial, suivi de la Banque TD au quatrième rang, la Banque nationale, au cinquième rang et la Banque royale, au sixième rang.

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Le Canada domine outrageusement ce classement. Les Etats-Unis ne sont représentés que par trois banques : J.P. Morgan Chase (13e), PNC Financial Services Corp (17e) et BB&T Corp. (20e).

Bloomberg met en exergue le niveau supérieur de capital que détiennent les banques canadiennes par rapport aux autres grosses banques internationales, ainsi que la qualité de leurs actifs en portefeuille. Nous avons donc mené notre propre enquête. Et en voici le résultat.

Tout d’abord, nous vous proposons un ratio simple pour évaluer la solidité d’une banque : les capitaux propres sur le montant total des engagements. Pas de fioriture, d’actifs pondérés des risques, de mark to market ou mark to model.

Voici ce ratio appliqué aux quatre plus grandes banques canadiennes, la Banque royale du Canada, la CIBC, la Banque nationale du Canada et la TD Canada Trust :

 

RBC

CIBC

BNC

TD

Fonds propres (en Mds euros)

32

11

5

36

 

Engagements totaux (en Mds euros)

550

263

 

116

496

Ratio fonds propres/Engagements totaux (en %)

5,77

4 ,63

4,70

7,19

Le ratio fonds propres sur engagements totaux est en moyenne bien plus élevé pour les banques canadiennes que pour les banques françaises. En effet, la moyenne des quatre plus grosses banques canadiennes atteint 5,44% pendant que la moyenne des quatre plus grosses banques françaises n’est que de 3,79% (voir article : Les banques sont vulnérables, oubliez les stress tests !). On retient également la très bonne performance de la TD Canada Trust qui atteint un ratio de 7,19%.

 
Exposition à la Zone euro

En millions d’euros

RBC

CIBC

BNC

TD

Grèce

10

0

?

3

Irlande

353

164

?

81

Espagne

543

12

?

533

Portugal

22

0

?

5

Italie

187

46

?

184

Total

1116

222

?

806

La banque la plus exposée à la Zone euro est la RBC avec 1,1 milliard d’euros. Nous n’avons pas réussi à nous procurer les données concernant la BNC, mais son exposition semble être relativement faible au regard de la taille de son bilan (121 milliards d’euros). Au total, les quatre plus grosses banques canadiennes cumulent environ deux milliards d’euros de créances au sein de la zone euro, rappelons que le secteur bancaire français y est exposé à hauteur de 500 milliards d’euros ! Les fonds propres de ces quatre banques couvriront aisément les pertes de ce côté, s’il devait y en avoir.

Ratio de solvabilité plus élevé, faible exposition au risque nommé « Zone euro », mais un dernier point a attiré notre attention.

▪ Qu’en est-il de la bulle immobilière ?
Au Canada, la bulle immobilière n’a pas encore éclaté. Bien que les prix ont progressé continuellement depuis le début de l’année 2000. Effectivement, les prix ont plus que doublé entre mars 2000 et décembre 2011.

Le problème réside dans l’endettement élevé des ménages et une correction possible du marché si la bulle éclate. Ces deux éléments représentent les deux principaux risques pesant sur le système financier canadien.

Un rapport publié par la banque du Canada souligne qu’en 2009, 86% des prêts hypothécaires résidentiels étaient à taux fixe. Ce qui est rassurant sur le long terme, dans le cas où les taux répartiraient à la hausse, les emprunteurs ne subissent pas de pression.

Voici l’exposition de la RBC, de la CIBC, de la BNC et de la TD au marché résidentiel canadien :

 

RBC

CIBC

BNC

TD

Fonds propres (en Mds euros)

32

11

5

36

 

Prêts hypothécaires résidentiels (en Mds)

105

99

17

86

Ration fonds propres/Prêts hypothécaires (en %)

30,27

10,96

31,92

41,46

Si la bulle éclate et que 30% des emprunteurs font défaut, une seule des quatre banques ne serait pas capable de couvrir les pertes par ses fonds propres : la CIBC. Une nouvelle fois, la TD Canada Trust s’en sort mieux que les autres, avec un ratio de 41,46%.

▪ Destination banques canadiennes !
Nos recherches confirment la solidité des banques canadiennes. Nous mettons la TD Canada Trust sous le feu des projecteurs, nous pensons que c’est la plus solide des quatre. Moody’s a dit que les banques canadiennes pourraient faire office de « refuge » pour les investisseurs. Pourquoi ne pas suivre la même stratégie en cas de déboire de la Zone euro ?

Nous nous sommes également penchés sur les difficultés auxquelles pourrait faire face un résident non canadien pour ouvrir un compte outre atlantique. Nous avons donc contacté ces quatre établissements bancaires pour une éventuelle ouverture de compte étant résident français, voici les réponses que nous avons obtenues :

TD Canada Trust : « Les comptes pour des non-résidents doivent être ouvert en personne à une de nos succursales. Si vous visitez le Canada dans un avenir proche, nous vous encourageons à prendre un rendez-vous pour visiter une de nos succursales ».
BNC : « Si vous êtes un étranger sans permis de séjour, une preuve écrite justifiant le besoin d’ouvrir un compte vous sera demandée (ex. : copie des titres de propriété au Canada, preuve d’étude temporaire dans un établissement d’enseignement reconnu, stage professionnel, etc.) ».
RBC : « Nous pouvons envoyer votre information à notre gérante de comptes pour non résidents qui va vous contacter et discuter de la possibilité d’ouvrir un compte pour vous ».
CIBC : « C’est à la succursale de décider d’ouvrir ou non le compte (car les critères peuvent varier selon le centre bancaire et votre situation) ».

Notre conclusion est qu’aucune porte n’est fermée et l’ouverture d’un compte se fera au cas par cas. Néanmoins, votre présence sur place sera sûrement nécessaire pour la signature. Vous cherchiez une idée de vacances pour cet été ?

Première parution dans Protection & Rendements du 25/06/2012.

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