La Chronique Agora

Les actions ou l'économie ?

** Ce sont les actions ou l’économie ? Wall Street a lancé un grand thème dont vous risquez d’entendre beaucoup parler ces trois prochains mois : "les actions dirigent l’économie".

– Ce thème sera populaire pour une raison très simple. L’économie mondiale est dans un état lamentable. Si vous cherchez une raison pour justifier de revenir aux actions à de tels niveaux, il faudra vous convaincre que les marchés financiers ont atteint leur plancher, alors même que l’économie réelle s’enlise.

– C’est un risque. Mais 2008 a été l’année de la réévaluation du risque. Les capitaux, autrefois abondants, sont devenus rares. Et même les investissements soi-disant "sûrs" comme les bons du Trésor US ne sont plus si sûrs.

– Mais au-delà de notre opinion, il est difficile de trouver du positif dans les nouvelles économiques. La double hélice de l’économie mondiale — consommation américaine et production chinoise — patine complètement. La dynamique entière étant un produit de l’argent bon marché et des déséquilibres mondiaux, on ne peut pas s’attendre à ce qu’elle survive à une contraction du crédit mondial. Mais sa chute est pour le moins stupéfiante.

** L’effondrement de la vente au détail continue aux Etats-Unis. C’est un véritable "Armageddon" pour les vendeurs. Bloomberg rapporte que "le Conseil international des centres commerciaux à New York prévoit la fermeture de 73 000 magasins aux Etats-Unis au premier semestre 2009 après ce qui aurait été leur pire saison en 40 ans".

– Votre chroniqueur s’est baladé dans un immense centre commercial du Colorado la semaine dernière, la galerie marchande de Flatirons. La première chose que vous remarquez là-bas, c’est le nombre de pas-de-porte à louer. La deuxième, c’est les remises massives exercées par les vendeurs pour attirer le client et tenter de relancer leurs ventes. Mais il est déjà trop tard pour beaucoup d’entre eux. Plus de 148 000 commerces ont mis la clé sous la porte l’année dernière.

– Avec la chute de la demande du consommateur américain, le nombre d’usines chinoises qui produisent des babioles et des gadgets est condamné à baisser lui aussi. "La finance commerciale s’effondre", a déclaré Victor Fung à l’International Herald Tribune. Fung est le PDG du Groupe Li & Fung, une société de gestion de la chaîne logistique qui fait le lien entre les usines chinoises et les vendeurs au détail aux Etats-Unis et en Europe.

– Fung a déclaré : "nous ne pouvons pas, pour l’instant, honorer toutes nos commandes". Il estime que 10 000 des 60 000 usines chinoises dont les propriétaires sont à Hong Kong ont fermé ou vont fermer dans les mois à venir." L’industrie chinoise a diminué pour le troisième mois consécutif en décembre suite à la diminution de la demande à l’export, laissant supposer un aggravement de la chute économique en dépit des efforts du gouvernement pour protéger le pays de la panique mondiale", rapporte le West Australian Business News.

– La Chine et les Etats-Unis ont tous deux lancé leur plans respectifs pour "gérer" la crise et relancer l’économie. Mais il semble que leur relation économique touche à son terme. Qu’est-ce que cela signifie pour la Bourse ?

– D’autres questions encore. Qu’est-ce que cela signifiera si la Chine n’engrange plus d’énormes surplus de ventes parce que les consommateurs américains sont rentrés dans leur coquille ? Sans bénéfices à recycler dans les marchés des capitaux américains, les taux d’intérêt de la dette du gouvernement américain vont-ils augmenter en 2009 ?

– Beaucoup de questions pour commencer la nouvelle année…

– Des réponses ?

– Votre chroniqueur doit admettre que son cerveau est un peu brûlé par le grand soleil dont il profite à Melbourne. Mais voici le début d’une réponse… la relation Etats-Unis/Chine, qui a alimenté une grande partie de la croissance mondiale de ces dix dernières années, est terminée. Cela ne signifie pas que les Etats-Unis et la Chine vont désormais devenir des ennemis économiques.

– Mais cela signifie en revanche que la relation ne peut simplement pas survivre à un monde dans lequel la consommation n’est plus financée par le crédit. La croissance de la Chine va devoir être un peu moins centrée sur les Etats-Unis et plus interne. Que ce soit possible ou non est une autre question.

– Pour 2009, cependant, nous nous attendons à voir le modèle s’écrouler encore plus qu’en 2008. Ce qui veut dire que la destruction de l’effet de levier dans les marchés financier aura plus de conséquences sur le monde. Les usines vont fermer. Les gens vont être renvoyés. Pour les matières premières, les producteurs non compétitifs et de nombreux explorateurs doivent déjà faire face à l’extinction. Vous pouvez vous attendre à une sélection encore plus drastique cette année.

– Les marchés financiers étant tombés très bas, difficile de les voir remonter de façon importante cette année alors que l’économie mondiale est si faible (et continue à s’affaiblir). Cette année ressemble donc à une période de consolidation. L’échelle de l’activité économique va se contracter. Les croissances économiques réelles en Chine, en Inde et dans les pays en voie de développement vont être retardées par l’acte final de la crise du crédit.

– Pendant ce temps, les investisseurs vont devoir gérer l’augmentation démesurée de la quantité d’argent emprunté par le gouvernement américain. L’approvisionnement de la dette souveraine augmente. Le stock de capitaux réellement disponibles dans le monde n’augmente pas. Bon argument pour l’or en 2009.

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