La Chronique Agora

L'ère de la rareté énergétique

** Le pétrole à 100 $ est arrivé (à un ou deux dollars près)… idem pour l’or à 800 $… et le blé à 9 $. Ces prix exorbitants ne reflètent pas seulement une demande robuste, ils traduisent également une offre galopante… de dollars.

– Il y a un an de ça, le pétrole à 100 $ semblait une idée folle, mais vous connaissez le proverbe : la réalité dépasse la fiction…

– Et la vérité toute nette, c’est que l’offre de pétrole brut s’épuise, tandis que l’offre de dollars US augmente. Lorsqu’on combine ces deux tendances, on obtient un prix du pétrole bien plus élevé… ainsi qu’un prix du brut "insensé" à 100 $ le baril. Nous ne serions pas surpris de voir des prix encore plus fous ces prochaines années… parce que nous ne serions pas étonné de voir un dollar encore plus faible.

– En d’autres termes, la folle hausse des prix du brut est un phénomène autant monétaire que géophysique. C’est autant une histoire de la faiblesse du dollar que de la vigueur de la matière première.

Les prix des matières premières, par exemple, grimpent notablement en termes de dollars US, mais PAS en termes de dollars canadiens. En fait, lorsqu’on le calcule en dollars canadiens, l’indice CRB des matières premières a en fait chuté au cours des dernières années.

** Malgré cela, nous pensons que les prix des ressources naturelles grimperont dans toutes les devises au monde. Le marché haussier des matières premières est bien réel, parce que l’offre est limitée. La planète Terre ne produit plus de pétrole brut, comme nous l’explique Byron King, rédacteur en chef de la lettre Outstanding Investments :

– "J’ai participé à la convention de la branche US de l’Association pour l’étude du Peak Oil & Gas (ASPO), à Houston. Les nouvelles — comme on pouvait s’y attendre — étaient plutôt moroses. Texte après texte, graphique après graphique, intervenant après intervenant, c’était la même histoire montrant les champs de pétrole de la planète atteignant leur pic de production puis s’engageant dans un déclin irréversible".

– "De l’Arabie Saoudite à la Sibérie, du Canada à la Chine, de l’Iran à l’Indonésie, la production de pétrole dépasse de loin les nouvelles découvertes. Bon nombre des plus grands champs et provinces pétrolières, comme le Ghawar, en Arabie Saoudite, Burgan au Koweït, Romashkino en Russie, Cantarell au Mexique et bien d’autres encore — sont vieux de plusieurs décennies, sans véritable remplaçant à l’horizon".

– "Mais malgré le déclin de production des principales provinces pétrolières de la planète, la demande mondiale grimpe. Par exemple, environ 50 millions de nouveaux véhicules à moteur sont mis en circulation tous les ans. Chacun de ces nouveaux véhicules vient avec un réservoir à remplir — il ne reste plus qu’à faire le calcul".

– "L’un des intervenants de la conférence était le T. Boone Pickens, le légendaire magnat du pétrole texan. M. Pickens est dans le secteur du pétrole depuis 1951, et il a à peu près tout vu. Dans le public, quelqu’un a demandé à M. Pickens quand il pensait voir la production pétrolière atteindre son sommet. La réponse a été rapide et sans appel. ‘Nous l’avons atteint l’an dernier’, a déclaré M. Pickens. ‘On retire environ 85 millions de barils par jour, et on n’aura pas mieux. A partir de maintenant, ça ne fera que baisser’…"

– "M. Pickens avait d’autres choses à dire sur le même thème. ‘Nous sommes à présent en phase de déclin. A partir de maintenant, la question, c’est de savoir ce que sera cette phase ? C’est la seule vraie question pour avancer, non ? Si c’est un taux de déclin lent, nous serons peut-être en mesure de faire des économies et de trouver des énergies de substitution, et ainsi maintenir une certaine avance. Mais si le déclin est plus rapide que nos économies et nos substituts, nous aurons de sérieux problèmes’."

– "Quelqu’un a demandé à M. Pickens s’il y avait moyen de contrôler la demande de pétrole. ‘Le seul moyen de contrôler la demande’, a-t-il répondu, ‘c’est par les prix. Des prix bien plus élevés. Dans le futur, la hausse des prix jugulera l’offre disponible’."

– "La hausse des prix pourrait éliminer une partie de la demande de pétrole brut, mais pas avant d’avoir nourri la demande de sources d’énergie alternatives. Nous avons là une tendance de long termes, les amis… une tendance de très long terme — voilà pourquoi le moment est idéal pour identifier les entreprises qui profiteront de cette future ère de la rareté énergétique".

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