La Chronique Agora

L'emploi US propulse le CAC 40 au-delà des 3 900 points

▪ Et voilà. Dans quelques années, on lira sans doute dans les livres d’histoire que l’intervention décisive de la Fed à l’automne 2008, associée à des plans de relance gouvernementaux record, a permis de sauver l’économie… que dis-je, l’économie — le monde ! Il y aura à côté du récit des événements un petit encadré pour Bernanke, et un zoom sur l’assouplissement quantitatif.

Allez, prenez vos cahiers, notez la date du jour et écrivez : "c’est par un beau jour de mars — le vendredi 5, pour être précis — que s’est fait sentir le véritable tournant de la récession qui pesait sur l’économie mondiale depuis 2007".

De quel tournant suis-je en train de parler ? De l’emploi américain, bien entendu. Les chiffres tombés vendredi ont plongé les marchés dans un état d’euphorie assez spectaculaire. Pensez, 36 000 suppressions de postes seulement ! Un taux de chômage qui ne bouge pas, à 9,7% ! Alors qu’on attendait 50 000 pertes d’emploi ! Et un taux qui grimpe à 9,8% !

Et si tous ces points d’exclamation ne suffisent pas à vous convaincre, sachez que le secteur industriel a même créé des emplois ! 1 000 emplois — 1 000 ! Imaginez ça ! C’est que les plans de relance marchent, ça ne fait pas un pli !

Il n’en a pas fallu plus pour que le CAC 40 passe le seuil des 3 900 points, gagnant 2,14% sur la journée et terminant à 3 910,41 — on n’avait pas vu ça depuis le 21 janvier dernier. Même bonne humeur à Londres, avec +1,31% pour le Footsie, et à Francfort, avec +1,44% pour le DAX.

Les marchés américains n’étaient pas en reste : le Dow Jones a pris 1,17%, à 10 556,20 points — ah, les 15 000 ne peuvent plus être très loin, franchement. Le Nasdaq a grimpé quant à lui de 1,48%, à 2 326,35 points, tandis que le S&P 500 s’est adjugé une hausse de 1,40%, à 1 138,70 points.

"Le cours de clôture du Nasdaq est le plus élevé en 18 mois et ceux du Dow et du S&P 500 sont les plus hauts depuis six semaines", nous apprend Investir.fr. "Sur l’ensemble de la semaine, le Dow a gagné 2,3%, le Nasdaq 3,9% et le S&P 500 3,1%".

Le pétrole a grimpé (81,50 $ le baril pour le brut léger américain contrat avril), l’euro a grimpé (un peu plus de 1,36 $), l’or se tient bien (1 135 $ au second fixing), bref — c’est sûr, la journée de vendredi a marqué un point d’inflexion pour la crise que nous traversons. On a touché le fond, désormais, on ne peut que remonter.

▪ Non ?

Je ne sais pas, cher lecteur, je ne sais pas. Reprenez ce livre d’histoire du futur… tournez la page… et voyez ce qu’on y trouve : "après la crise grecque, c’est le dimanche 7 mars 2010 que le Portugal annonce un plan d’austérité pour tenter de faire revenir ses déficits nationaux dans les limites définies par Bruxelles".

On pourrait ensuite y lire le déroulé de la crise dans les pays du "Club Méditerranée"… la faillite de l’Etat britannique… la propagation de la panique aux marchés mondiaux… le refus chinois de continuer à financer les dettes américaines… l’effondrement de l’étalon-dollar… les discussions sur la remise en place d’un étalon-or… la montée de l’once à 5 000 $…

Et naturellement, il sera entendu que cette gigantesque crise obligataire et étatique n’aura rien à voir — absolument rien, voyons — avec les colossales interventions des Etats dans le cycle économique naturel.

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