La Chronique Agora

L'effet Obama sur la Bourse se dissipe

Par Alexandra Voinchet (*)

Et le gagnant est… Barack Obama. Les sondages qui lui donnaient une longueur d’avance sur son adversaire républicain, John McCain, ne s’étaient pas trompés. L’essai a donc été transformé. Le plus dur reste désormais à faire pour le futur locataire de la Maison Blanche.

L’épreuve du feu
La nuit dernière a mis fin à deux longues et coûteuses années de campagne électorale. Dans un sens, cela fait du bien d’en finir avec des litanies électorales toutes plus grandiloquentes les unes que les autres.

La crise qui courrait depuis l’été 2007 a trusté la course à la Maison Blanche des deux candidats, qui ont rivalisé d’idées pour remédier au choc. John McCain et Barack Obama étant bien conscients qu’ils s’engageaient à reprendre un malade en grande souffrance.

"Jamais auparavant dans l’histoire des Etats-Unis on avait été frappé par un choc si soudain et profond si peu de temps avant une élection", remarquait hier un politicien américain dans une tribune rédigée pour le quotidien britannique The Guardian.

Ce matin, les politologues et politiciens y allaient de leurs commentaires dans tous les médias. Les observateurs économiques, eux, se penchaient avec inquiétude sur une étude du cabinet Moody’s selon laquelle trente états américains étaient en récession en septembre alors que dix-neuf autres menaceraient d’y entrer prochainement.

Le programme d’Obama pour rétablir l’économie américaine a séduit. Il doit désormais faire ses preuves, aussi bien en ce qui concerne la régulation des fonds spéculatifs, le renforcement des obligations de transparence dans les institutions financières ou que le contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations et les bonus des dirigeants… Bref, cela promet de sérieux changements à Wall Street, les marchés le savent.

Une joie de courte durée en Bourse
Depuis le début de la semaine, le monde et pas seulement les Etats-Unis, était suspendu au verdict des urnes. Les places financières mondiales étaient dans cette expectative. Lundi soir, la bourse américaine a fait du surplace : -0,06% pour le Dow Jones, +0,31% pour le Nasdaq.

Mardi cependant, pendant que les électeurs américains votaient, Wall Street remontait. Le Dow Jones et le Nasdaq ont tous deux fini cette séance "historique", disent les commentateurs, avec une performance de plus de 3%, 3,28% et 3,12 % respectivement. L’effet Obama semble largement avoir été anticipé dans les cours boursiers ces derniers jours.

Même le Japon semble s’être félicité de la nouvelle avec un +4,46% à la clôture du nikkei.

Le vert n’a cependant pas trouvé preneur en France. Après six séances de rattrapage, le CAC 40 dénote : il a ouvert ce matin en nette baisse et devrait abandonner pas mal des points grappillés ces derniers jours. L’Euro Stoxx 50 suit cette tendance baissière. Les indices européens ne font décidément pas comme tout le monde. Et s’ils anticipaient sur ce que feront les autres ?

Le CAC n’est pas le seul à s’afficher dans le rouge. Le pétrole recule également et le prix du baril tourne autour des 69 $. Le billet vert est reparti à la baisse. Pourtant, Les Echos d’hier rapportaient une étude d’économistes selon laquelle "l’alternance politique aux Etats-Unis est positive pour le dollar". Le dollar s’est apprécié d’environ 12% depuis le 1er janvier.

Ce rouge devrait contaminer Wall Street lors de la séance de ce mercredi, si l’on en croit les contrats à terme sur indices boursiers. Le soulagement boursier n’aura été que de courte durée. Les problèmes de l’économie américaine, qui n’en finissent pas de s’accumuler, pèsent lourdement sur les marchés. Et les annonces, récentes ou attendues dans les prochaines heures, ne seront pas là pour rassurer.

A peine le nom de l’élu dévoilé, a-t-on l’impression de passer à autre chose. L’effet "boursier" Obama a joué jusqu’au verdict final des urnes. Il a semblé aussitôt se dissiper.

(*) Journaliste, Alexandra Voinchet est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, dans la spécialité Médias. Elle est également titulaire d’un master de Presse économique de l’université Paris-Dauphine. Après deux ans d’expérience en presse financière et boursière, elle a rejoint l’équipe de MoneyWeek. Elle participe régulièrement à la Quotidienne de MoneyWeek, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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