** Chaque jour est un jour nouveau. Chaque jour est une nouvelle bataille. Et chaque jour apparaissent de nouvelles sottises.
* La lutte la plus fascinante du jour est celle qui oppose les forces de l’inflation à celles de la déflation. Enfin, c’est en première page des journaux. Le International Herald Tribune nous en parle ainsi :
* "L’économie mondiale confrontée à la double menace de la récession et de l’inflation".
* Hier, durant un entretien télévisé, on nous a demandé ce que nous prévoyions pour le dollar US.
* "Pas grand’chose, avons-nous répondu. "Il est presque impossible d’avoir une bonne visibilité de court terme sur le dollar", avons-nous expliqué. "C’est parce qu’il se trouve dans le no man’s land entre les forces opposées de l’inflation et de la déflation. D’un côté, la hausse des prix signifie la chute du dollar. De l’autre, la baisse des prix signifie que le dollar grimpe. Nous sommes assez certain que le billet vert va se faire réduire en morceaux… mais nous ne savons pas quel côté l’emportera".
* Les prix des actifs — les actions et les maisons — vont probablement baisser dans l’année qui vient. Lorsqu’ils baissent, les gens détenant ces actifs se sentent un peu plus pauvres. Naturellement, ils sont moins pressés de se séparer des dollars qui leur restent. Ils réduisent donc leurs dépenses. Et bientôt, on a un ralentissement économique… et peut-être même un ralentissement à la japonaise, avec une chute des prix à la consommation ainsi qu’une chute des prix des actifs. C’est une situation déflationniste classique, dans laquelle les dollars deviennent plus précieux.
* Mais il se passe d’autres choses encore. Toutes les banques centrales de la planète sont déterminées à empêcher la chute des prix. Elles se donnent toutes la main pour s’assurer que les prix continuent de grimper — en baissant les taux d’intérêt, et en rendant le crédit plus facilement disponible. Ben Bernanke déclare qu’il larguera de l’argent par hélicoptère si nécessaire pour que le liquide continue de circuler. En fin de compte, tout ce cash et ce crédit supplémentaires finiront par avoir un effet… mais peut-être pas tout de suite.
** Et une autre chose fait grimper les prix — l’Effet Chine.
* Voici un extrait d’un article que nous avons reçu hier, décrivant l’effet remarquable de la Chine sur les prix des matières premières dans le monde, en particulier la nourriture :
* "Le revenu per capita en Chine représente moins d’un dixième de celui des Etats-Unis, tandis que leur émission de gaz à effet de serre est moins d’un cinquième [des USA]. Mais si 1,3 milliard de Chinois se mettaient à consommer au même niveau que les Américains, il faudrait plusieurs planètes Terre." L’effet quantifié de la Chine sur les ressources mondiales :
* "La Chine est :
– Le plus grand consommateur au monde de charbon, de céréales, d’engrais, de téléphones portables, de réfrigérateurs et de télévisions.
– Le principal importateur de minerai de fer, d’acier, de cuivre, d’étain, de zinc, d’aluminium et de nickel.
– Le principal producteur de charbon, d’acier, de ciment et de dix métaux différents.
– L’importateur numéro un de bois illégalement abattu.
– Le troisième plus gros producteur de voitures après le Japon et les Etats-Unis ; le pays pourrait passer au premier rang d’ici 2015. D’ici 2020, on pourrait trouver 130 millions de voitures sur ses routes, contre 33 millions actuellement".
* Miam, miam, miam — les Chinois avalent les ressources mondiales, faisant peser une immense pression à la hausse sur les prix.
* "Mais attendez", demanda notre interlocuteur, "s’il est vrai que les Américains sont champions du monde de la consommation… et s’il est vrai que la Chine importe une grande quantité de ses matières premières dans le but de fabriquer des choses pour les Américains… la demande chinoise ne va-t-elle pas baisser avec la consommation US ? Et les prix des matières ne vont-ils pas s’écraser, plutôt que grimper en flèche ?"
* "Oui… probablement… peut-être" — c’est tout ce que nous avons trouvé à dire. Nous sommes navré d’être aussi indécis… mais nous sommes définitivement, certainement, absolument pas sûr de quoi que ce soit. Selon toutes probabilités, un effondrement de la demande des Etats-Unis mènera à une baisse des prix des matières premières… Selon toutes probabilités, cet effondrement ne sera que temporaire. La demande intérieure asiatique finira par compenser le manque provenant des Etats-Unis.
* Mais pourquoi prétendre voir aussi loin ? Regardons le court terme. L’an prochain, nous nous attendons à une récession aux Etats-Unis… un marché baissier sur les actions… et un déclin continu pour l’immobilier. Lehman Brothers attend plus d’un million de saisies l’an prochain… soit trois fois plus qu’en 2007. Cela signifie une chose très simple : plus de gens avec moins d’argent en poche. Moins d’argent — faut-il vous le rappeler ? — c’est de la déflation.
* Mais en quelle quantité… et pendant combien de temps ? Ca, nous aimerions bien le savoir…