La Chronique Agora

Une leçon pour les apprentis sorciers de la Fed et de la BCE

▪ « Les seules personnes qui pourraient souhaiter [un krach du système actuel] sont celles qui voient en cela une occasion de construire un système mondial anti-démocratique à partir des ruines du système actuel… un système avec un seul gouvernement et une seule monnaie et une seule loi qui ne s’applique qu’à ceux qui sont gouvernés et pas aux faiseurs de règles ni aux faiseurs d’argent. Il n’est pas possible que ce soit ce qu’ils veulent, n’est-ce pas ? »

C’est par ces mots que Dan Denning terminait il y a quelques jours son article sur la réalité des marchés financiers — un article qui a visiblement trouvé pas mal d’échos parmi nos lecteurs…

… A commencer par S.N., que nous remercions sincèrement pour ses louanges :

« C’est la première fois qui je lis un article, tous éditeurs confondus, qui décrit avec autant de clarté et en aussi peu de mots, la description du monde financier d’aujourd’hui. Votre article est formidable. A la question qui sert de conclusion, je réponds oui, naturellement ».

▪ Un autre lecteur, L.L., est du même avis :

« Votre réflexion du jour […] rejoint tout à fait la mienne : il est impossible de penser qu’il n’y aurait de la part de la Fed qu’un discours et une réalité ! Il y a effectivement un discours apparent (soutenir les marchés, lutter contre le chômage) et un discours caché, une politique apparente et une guerre cachée (via l’inondation de liquidités et la destruction systématique de la monnaie, donc des avoirs détenus en dollars), dont nous faisons tous les frais ».

L.L. continue en citant Dan : « ‘la valeur des actifs financiers et des monnaies est délibérément rabaissée afin de transférer la richesse de la majorité des gens vers un petit groupe d’élites mondialisées’. »

« J’aimerais voir autant de lucidité chez nos grands économistes ! En tant que gestionnaires de nos fonds et responsables de nos familles, en tant que citoyens aussi, nous ne sommes donc pas seulement devant des choix techniques (bull ou bear), mais devant des choix moraux de civilisation ».

« Je m’essaie de mon côté, à ma petite échelle, à une gestion contrarienne : vente d’un certain nombre d’actifs et conversion en or physique […] Mais je ne vois pas dans mon pays, la France, ni dans la plupart des pays ‘amis’ des Etats-Unis la lucidité d’un Ron Paul qui me donnerait espoir d’un point de vue collectif ».

« J’ai la douloureuse impression que le processus lancé par Mr Ben va aller jusqu’au bout et que nos sociétés occidentales vont se vassaliser. Ce sera chacun pour soi, mais l’issue n’en sera pas heureuse pour nos enfants. Ce sera soit la guerre soit l’esclavage ».

▪ En ce qui me concerne, je partage l’avis de Dan… mais pas forcément jusqu’au bout. En effet, il me semble possible de manipuler les marchés — mais uniquement jusqu’à un certain point.

Tôt ou tard, les apprentis sorciers aux commandes de la Fed, de la BCE et de toutes les autres institutions qui tentent de truquer le système verront leurs sortilèges leur échapper. Ils auront peut-être fait fortune entre-temps, mais on ne peut pas contrôler éternellement quelque chose d’aussi vaste, complexe et foisonnant que l’économie.

On peut la modifier, on peut l’influencer, on peut la déséquilibrer… mais au bout du compte, l’économie est un processus organique. C’est la résultante des interactions entre des millions — des milliards, même — d’individus : comment peut-on prétendre un seul instant soumettre une telle force aux quatre volontés d’une poignée d’universitaires convaincus de leur propre intelligence ?

« A long terme, nous sommes tous morts », disait Keynes. Messieurs Bernanke, Draghi & co. feraient bien de s’en souvenir : à long terme, la nature reprend toujours ses droits.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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