▪ Dans le Financial Times : "la dette des ménages américains chute pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale".
Oui, cher lecteur, nous sommes une voix qui hurle dans la solitude. D’abord dans la solitude du Café des Dames, dans le XIXe arrondissement parisien… plus récemment dans la solitude de Bethesda, dans le Maryland… et encore plus récemment près de l’hôtel Taj Mahal, à Bombay.
La lecture du TIMES of India est un délice. Nous voyons qu’un politicien a reçu un dessous-de-table coloré : une guirlande de billets de 50 000 roupies (pour environ un million de dollars)…
… un corps sans tête a été trouvé à Kandivli… 26 personnes ont été tuées lorsque leur bus est tombé d’un pont…
… et plus de la moitié de la population défèque en public.
En fait, l’Inde est la championne de la grosse commission en extérieur, si nos délicats lecteurs voient ce que nous voulons dire. Elle compte 10 fois plus de personnes déféquant en public que son concurrent, l’Indonésie. Les Etats-Unis ne sont même pas dans le Top 10.
Les pauvres Indiens. Ils ne supportent pas bien l’alcool. Les recherches montrent que les Indiens ont un taux de maladie cardiaque plus élevé lorsqu’ils boivent. Même les petits buveurs ont un risque de troubles cardiaques 40% plus élevé, selon l’étude. Les gros buveurs ont deux fois plus de risques de problèmes cardiaques que les non-buveurs… mais ça en vaut quand même la peine, à notre humble avis.
"110 000 morts sur les routes et voies ferrées en Inde", dit un autre article.
"C’est tout ?" nous sommes-nous étonné devant un collègue. Chaque fois que nous traversons la route, nous échappons de peu à la mort. Et nous sommes prudent. D’autres piétons déambulent au milieu de l’autoroute… mendient dans les embouteillages de l’heure de pointe… et font des sorties risque-tout sur des carrefours chaotiques. Il est stupéfiant qu’ils ne soient pas plus nombreux à être tués.
On trouve également un article montrant de quelle manière fonctionne le système judiciaire indien. Un propriétaire a finalement gagné l’expulsion de son locataire — 33 ans après être passé au tribunal ! Le locataire illégal a vécu dans l’appartement pendant toute une génération avant d’être finalement jeté dehors.
▪ Mais attendez… notre sujet, c’est l’argent… Alors revenons à notre sujet.
Les économistes grand public et les médias financiers grand public nous disent que le pire est passé… que la "récession" est terminée… et que les choses reviennent à la normale.
Non, répondons-nous. Pas une seule chance. L’ancienne économie qui existait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est morte. Elle n’a aucun moyen de se remettre ; on ne peut ressusciter un cadavre.
On aurait dit que nous allions devoir ravaler nos paroles : le corps était assis dans son lit, à regarder la télévision.
Tout commençait à sembler bizarrement normal, après tout. Une année après leur plancher, les marchés boursiers n’ont toujours pas repris leur pente descendante. Des entreprises qui auraient dû faire faillite sont encore en activité. Des politiciens qu’on aurait dû sortir de la ville couverts de plumes et de goudron apposent encore leur signature un peu partout. Des banquiers qui auraient dû se reconvertir en voituriers accordent encore des prêts.
Le gouvernement gouverne toujours mal… Les économistes interprètent toujours mal… Les investisseurs comprennent toujours mal…
… oui, on dirait bien que les choses sont de retour à la normale !
Mais quelque chose d’important a changé. Et le bon vieux Financial Times nous en donne la preuve.
Le Financial Times, au passage, a les mêmes économistes idiots que tout le monde. Alors que nous ne ferions pas confiance à un employé gouvernemental pour s’occuper d’un bistrot, le principal économiste du FT, Martin Wolf, pense qu’ils peuvent gérer l’économie mondiale tout entière. C’est simplement une question d’équilibre, affirme-t-il.
Mais sous la surface du flux d’opinions sottes et de bruits distrayants, on trouve un courant puissant… qui entraîne tout vers le large. Pour la première fois depuis 1946, la dette des ménages américains baisse.
C’est là toute la question du désendettement. L’expansion du crédit est terminée. Le vent tourne. La marée se retire. Le crédit a coulé à flot durant 61 ans. A présent, il baisse. Plus d’augmentations du crédit des ménages. Plus d’accroissement des dépenses de consommation, jusqu’à dépasser les revenus salariaux. Plus de ventes supplémentaires. Plus de "croissance" aux dépens de la dette du secteur privé.
C’est terminé.