La Chronique Agora

Le secteur financier n'est pas logique

** Vous avez déjà regardé CNBC ou toute autre chaîne à thème économique et financier ? Heure après heure, des gros titres sinistres défilent sur la bande qui se déroule en bas de l’écran tandis que, heure après heure, des "analystes" mécaniquement optimistes poussent les spectateurs à acheter des actions. Aussi incroyable que cela puisse paraître, M. le Marché fait souvent confiance aux analystes.

– Pendant parfois des semaines, la bourse semble complètement inconsciente de ce qui se passe autour d’elle. Le cours des actions monte quand il devrait descendre, et chute quand il devrait monter. Si on y regarde au jour le jour, tout cela n’a aucun sens.

– Mais pourquoi cela devrait-il avoir du sens ?

– De nombreux aspects de la vie sont plus hasardeux qu’intuitifs…

– Par exemple : pourquoi quelqu’un a un jour décidé de manger un escargot ?

– Pourquoi le pays le plus riche du monde doit-t-il plus d’argent au reste de la planète que tous les pays pauvres du monde réunis ?

– Pourquoi les gens payent-ils pour voir des films d’Adam Sandler ?

– Impossible de répondre à ces questions. Nous ne pouvons pas non plus expliquer pourquoi les investisseurs voudraient posséder des parts d’une société financière dont la valeur repose sur des titres exotiques de valeur inconnue et que personne ne veut vraiment avoir en portefeuille.

** "Le pire est passé !" bêlent les investisseurs crédules, comme s’ils essayaient de se convaincre les uns les autres que les nouvelles terribles qui nous arrivent tous les jours du secteur financier sont en réalité une bonne chose.

– Dites que nous sommes vieux jeu, ou que nous n’avons pas d’imagination, ou simplement que nous sommes bêtes ; nous avons tendance à penser que les mauvaises nouvelles sont des mauvaises nouvelles, et les bonnes nouvelles sont des bonnes nouvelles. Nous n’éprouvons aucun réconfort à lire que les pertes d’une entreprise sont "moins graves que ce qui avait été estimé" ou qu’une chute du prix des maisons est "moins importante que ce que l’on attendait" ou qu’un bond du taux d’inflation est "en dessous du consensus des économistes".

– Connaissez-vous des investisseurs célèbres qui auraient amassé des fortunes en investissant dans des entreprises qui perdent moins que ce qui avait été estimé ? Ou un investisseur immobilier qui aurait fait fortune en investissant dans des propriétés qui perdent de la valeur moins vite que ce que tout le monde craignait ?

– Non, moi non plus.

– D’un autre côté, nous avons tous entendu ce vieil adage qui dit qu’il faut "acheter quand le sang coule dans les rues". Peut-être, mais ce sang qui coule dans les rues ne doit pas être le vôtre.

– Nous préférerions ne pas patauger dans des mares de sang pour trouver des opportunités d’investissement. Nous préférerions attendre dans un coin jusqu’à ce que le massacre soit vraiment terminé, et que les forces de rénovation et de nettoyage soient en chemin. Nous préférerions attendre que le plus gros du sang ait été enlevé et qu’il n’en reste que quelques taches.

– Les grandes huiles de la finance continuent d’affirmer que "le pire est derrière nous". Ils continuent d’affirmer, comme ils l’ont fait pendant la débâcle des derniers mois, que les investisseurs devraient acheter des actions, particulièrement celles des entreprises "au plus mal". Jusqu’à maintenant, ce conseil a apporté plus de misère que de joie.

– Certains d’entre nous se contentent de hausser les épaules et de pointer du doigt les tristes gros titres. Si le pire est passé et que la bourse est une excellente affaire, pourquoi personne ne l’a dit aux éditeurs des gros titres financiers ?

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