La Chronique Agora

Le secret de la richesse

** La semaine dernière, la Banque centrale européenne, menée par Jean-Claude Trichet, a décidé de lutter contre l’inflation — quoique modestement. La BCE a augmenté ses taux d’un quart de points, comme elle avait menacé de le faire, portant son taux directeur 2,25% plus haut que son équivalent américain.

* Cela resserre le noeud coulant qui étrangle les économies anglo-saxonnes. Elles s’affaiblissent rapidement. Et la hausse des taux européens leur met des bâtons dans les roues pour réduire leurs propres taux, tant aux Etats-Unis qu’en Grande-Bretagne.

* Le marché boursier britannique a baissé de près de 20% ces 12 derniers mois. La confiance des consommateurs est à son plus bas en 18 ans. Charlie Bean, vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre, affirme que la Grande-Bretagne se trouve confrontée à "la série de circonstances la plus délicate depuis le début des années 1990 au moins, voire avant".

* Les prix des maisons chutent au Royaume-Uni. Les banques vacillent. Les constructeurs immobiliers enregistrent perte sur perte.

* Un rapport de la Sovereign Society nous donne plus de détails :

* "La dette des prêts hypothécaires résidentiels, en tant que pourcentage de l’économie, est au taux record de 51% au Royaume-Uni. Au Danemark et même en Suisse, pourtant célèbre pour son ‘conservatisme’, elle frôle les 100%".

* "Et on peut parier que cette folie de l’immobilier se répand à d’autres parties des économies européennes. En Grande-Bretagne, la dette de consommation se monte désormais à 1 400 milliards de livres sterling, plus que n’importe quel pays au monde — Etats-Unis compris, avec une population cinq fois supérieure. Parallèlement, les propriétaires britanniques doivent désormais 164% de leur revenu disponible, contre 138% pour les Etats-Unis".

* "Le boom de l’immobilier européen a également profondément entamé les marchés financiers. Même au sommet de l’immobilier, par exemple, les titres adossés aux créances hypothécaires résidentielles représentaient moins de 1% du PIB aux Etats-Unis. Pourtant, au Portugal, en Espagne, aux Pays-Bas, en Irlande et en Grande-Bretagne, ils varient entre 3% et 7,5%".

* "Malgré cela, le Danemark, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Irlande ont commencé à enregistrer une baisse des prix de l’immobilier, projetant jusqu’à 9% de pertes cette année. Pas étonnant que le Danemark ait été la première économie européenne à annoncer, la semaine dernière, qu’elle était officiellement tombée en récession. Nombre d’entre elles pourraient bientôt lui emboîter le pas — en particulier l’Irlande, la Grande-Bretagne et l’Espagne".

** "Les emplois US disparaissent et les salaires stagnent", titrait l’International Herald Tribune vendredi.

* Les pertes d’emploi durent depuis six mois consécutifs. Et pour ceux qui travaillent encore, les salaires baissent, déclare l’International Herald Tribune "au moment même où les travailleurs doivent faire face à des prix record pour le carburant et l’alimentaire".

* Barack Obama a déclaré que le problème illustrait "les politiques économiques ratées de ces huit dernières années". Il aurait dû remonter un peu plus loin encore. Le problème a commencé il y a 25 ans — voire avant. Les Américains se sont mis en tête que s’ils se déclaraient "libres", ils seraient libres… et que s’ils appelaient leur économie "une économie de libre entreprise", cela les rendrait riches — quoi qu’ils fassent.

* Ce qui rend les gens riches n’est pas la libre entreprise mais ce qu’on en fait. Et là, nous vous donnons un petit secret. Si vous voulez vous enrichir, travaillez dur… et faites en sorte de dépenser MOINS que vous gagnez. Oui, moins. C’est comme ça que ça fonctionne.

** Et pour terminer, la police du Kentucky a arrêté une femme pour avoir échangé des faveurs sexuelles contre du carburant. Le procureur a déclaré être attristé de voir des gens vendant leur corps pour de l’essence. Elle a finalement été accusée de commerce sans permis.

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