La Chronique Agora

Le Royaume-Uni, c'est terminé

** "Le moment d’Obama arrive", déclarait le International Herald Tribune.

* "Le monde a besoin qu’Obama réussisse", commentait un éditorial du Financial Times.

* Jamais encore tant de gens n’avaient tant compté sur une seule personne.

* Dans le torrent de mots et d’images, deux pensées : d’abord un sentiment d’accomplissement et de fierté… dans le fait que les Américains ont élu un fils de l’Afrique comme chef d’Etat. On pense que cela marque un pas en avant majeur pour l’humanité. Nous sommes passés au-dessus de nos préjugés… et de notre passé. C’est du moins ce qui se dit. Ensuite, il y a une attente… ou peut-être uniquement un souhait… que cet homme puisse, d’une manière ou d’une autre, empêcher l’économie mondiale de tomber en morceaux.

* En ce qui concerne la première pensée, nous n’avons pas d’opinion. Nous n’avons jamais pu comprendre le racisme. En fait, nous nous en méfions. Les gens ne se soucient pas vraiment de la race ; c’est la culture qui compte. Culturellement, Barack Obama est blanc comme neige. Mais qui s’en soucie ? La plupart des Blancs élus au plus haut poste des Etats-Unis étaient des crétins, des tricheurs ou des imposteurs. Il n’y a aucune raison de penser qu’un métis sera différent.

* Pour ce qui est de la deuxième pensée, nous avons un certain nombre d’opinions… que nous vous avons déjà infligées pour la plupart, cher lecteur.

* A la Chronique Agora, nous souhaitons le meilleur à M. Obama. Mais les souhaits ne rendent pas les gens riches. C’est le travail, l’épargne, l’innovation et la chance. Et ce ne sont pas les souhaits qui réparent une économie post-bulle — mais un krach. Mieux vaudrait le laisser se produire.

* Nous sommes seul à penser de la sorte… comme dans bien d’autres domaines. Tout le monde voudrait que les erreurs des années de bulle s’en aillent… que le krach disparaisse. Bien entendu, ça ne fonctionne pas ainsi. Au lieu de ça, les erreurs de la dernière période de boom/bulle — connue sous le nom de "Grande Modération" — sont transmises à l’administration Obama avec les clés de la salle de bains.

** Et là, nous nous tournons vers le reste de l’actualité. Le début de semaine a été difficile partout dans le monde… à cause des problèmes du secteur bancaire.

* La Royal Bank of Scotland (RBS) vient de déclarer la plus grosse perte de l’histoire britannique — l’équivalent de 28 milliards de livres. Son cours a perdu 67% lundi — un record, là aussi.

* Le gouvernement Brown est sur l’affaire… de la même que le gouvernement Obama de l’autre côté de l’Atlantique. La semaine dernière, Bank of America a reçu 138 milliards de dollars d’aide. Et Merrill Lynch a obtenu des garanties couvrant 118 milliards de dollars d’actifs douteux. Cette semaine, quels trucs le gouvernement de Sa Majesté va-t-il trouver ? Quelle baguette magique le chancelier agitera-t-il pour faire partir le krach ?

* Nous rappelons aux lecteurs que les Britanniques étaient les plus proches compères des Etats-Unis durant les années de boom. Alors que les prix des maisons américaines grimpaient… l’immobilier britannique grimpait plus haut. Et à mesure que les Américains s’enfonçaient dans la dette, les Britanniques s’enfonçaient plus encore. C’était l’époque où le Gang de la Bulle dépouillait les banques de leurs capitaux — versant de gigantesques honoraires et primes… destinés à récompenser les pires contrats et investissements de toute l’histoire du secteur.

* RBS, par exemple, est dans le pétrin parce que ses gestionnaires ont été pris de fièvre acheteuse — dont le plus grand accord bancaire de l’histoire de la Grande-Bretagne, l’achat d’ABN Amro pour 49 milliards de livres. Chaque acquisition était une conquête, fêtée à coup de champagne et de primes. Mais est-ce que RBS avait 49 milliards de dollars ? Bien sûr que non. La société a emprunté l’argent ; c’était un accord à effet de levier. Et naturellement, maintenant que les années de bulle sont terminées, elle a du mal à rembourser. Les erreurs doivent être corrigées, après tout.

* Le gouvernement Brown est donc intervenu. Depuis le renflouage initial de Northern Rock, qui a mis le gouvernement sur la sellette pour 55 milliards de livres en septembre 2007, les dettes potentielles des contribuables ont augmenté à chaque étape de la crise bancaire. En septembre 2008, c’est Bradford & Bingley qui avaient besoin d’un renflouage. Puis le secteur tout entier a eu besoin de garanties de crédit… et un plan spécial de liquidité a été ajouté en octobre… suivi par de nouvelles assurances et un plan de rachat des "actifs toxiques" il y a quelques semaines. A présent, le total des risques se monte à près de 1 000 milliards de livres… soit près de 50 000 $ par contribuable britannique.

* Bloomberg rapporte : "la livre a chuté à un plancher record par rapport au yen et à son plus bas niveau depuis 2002 par rapport au dollar suite à des inquiétudes concernant le fait que le gouvernement doive secourir d’autres banques à mesure que l’économie glisse dans la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale".

* Jim Rogers affirme : "C’est la fin pour le Royaume-Uni".

* "Je vous recommande de vendre toutes les livres que vous auriez", déclare Rogers. "C’est terminé. Je n’aime pas cette idée, mais je ne placerais pas d’argent au Royaume-Uni".
[NDLR : Nous ne placerions pas d’argent au Royaume-Uni non plus… mais par contre, nous ne nous priverons pas de jouer les fluctuations de la livre sur le Forex : pour savoir comment faire, continuez votre lecture…]

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