La Chronique Agora

Le retour de l'ours russe (2)

Par Dan Amoss (*)

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production de gaz naturel de Gazprom déclinera rapidement jusqu’en 2020 — et ses prévisions sont généralement optimistes. Les dirigeants de Gazprom savent que leur production est trop dépendante de quelques grands gisements, si bien qu’ils ont beaucoup accéléré leur activité de forage entre 2001 et 2006.

Jusqu’à présent, les résultats sont décevants. Gazprom a augmenté son activité de forage au taux annuel composé de 30% entre 2001 et 2006. Des spécialistes du secteur estiment qu’il s’agissait du taux de forage le plus rapide de toutes les entreprises nationales de gaz et de pétrole sur toute cette période.

Gazprom essaiera probablement de remédier à ses pénuries en achetant de petits producteurs indépendants, et en essayant de passer des accords afin de transporter le gaz d’Asie Centrale vers ses clients européens. Mais viendra un moment où la société ne pourra plus ignorer le besoin de redoubler son activité de forage. Ole Slorer, analyste au sein du service pétrolier de Morgan Stanley, est du même avis — et décrit en ces termes l’incroyable croissance du parc pétrolier russe depuis 2000 :

"Selon le comptage d’installations de forage MI-Swaco, on ne comptait que 40 installations actives en Russie en 2000, soit environ 4% de l’activité des Etats-Unis sur la terre ferme. Cela s’est stabilisé à environ 75 installations en fonctionnement sur la période 2001-2003 (soit environ 7% de l’activité US moyenne), avant de grimper de 70% pour atteindre les 128. Cette croissance n’a pas ralenti, et l’on comptait 246 installations de forage en 2006, avec un taux de 300 en fin d’année. Selon nous, on entre dans une période de croissance à deux chiffres pour les forages".

Les dirigeants de Gazprom ont affirmé vouloir quadrupler la valeur marchande de la société, pour atteindre les 1 000 milliards de dollars d’ici une décennie. "Nous aimerions être la société la plus valorisée et la plus capitalisée au monde", déclarait Alexander Medvedev lors d’une interview en avril 2007. Selon lui, la valeur marchande de Gazprom devrait doubler d’ici cinq ans. Pour atteindre cet objectif, il ne fait aucun doute que la société va devoir faire des forages intensifs pour pallier le déclin de sa production de gaz.

Gazprom n’est pas la seule entreprise russe ayant des plans de croissance agressifs. Selon une étude Lehman Brothers publiée en décembre 2007, les six plus grandes compagnies gazières et pétrolières russes dépenseront 28,5 milliards de dollars sur l’exploration et la production en 2008, soit une hausse de 21% par rapport aux niveaux de 2007. De toutes les compagnies de services pétroliers, c’est Schlumberger qui a la plus grosse part de ce secteur — avec Baker Hughes, Halliburton et Weatherford comme principaux concurrents. Les entreprises russes se chargent encore de la majeure partie des travaux de services pétroliers, mais elles utilisent des technologies et des équipements de moins bonne qualité, si bien que les entreprises occidentales devraient continuer à remporter des contrats.

Meilleures salutations,

Dan Amoss
Pour la Chronique Agora

(*) Dan Amoss est rédacteur en chef des lettres Strategic Investment et Strategic Short Report, et contribue régulièrement à la lettre gratuite Whiskey & Gunpowder. Dan a travaillé durant 15 ans pour la firme Investment Counselors of Maryland, conseillers pour l’un des meilleurs fonds d’investissement en petites valeurs.

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