Dans un des derniers numéros de Défis & Profits, je parlais des effets pervers du réchauffement climatique dans l’Arctique. Pour rappel, les glaces y fondent, dégageant un accès vers les réserves de pétrole et de gaz, situation qui pourrait s’avérer explosive entre les différents Etats qui réclament la propriété de ces réserves.
Mais un autre effet du réchauffement climatique touche une de nos principales thématiques d’investissement : l’eau.
Je viens de lire un article très intéressant dans le journal The Economist, qui explique comment le réchauffement climatique aggrave un problème déjà bien vieux en Californie : la sécheresse.
Cet Etat, qui a longtemps été l’un des plus riches des Etats-Unis, même s’il est aujourd’hui au bord de la faillite, connaît la sécheresse pour la troisième année consécutive. Plus la région s’urbanise et voit sa population croître, plus le climat joue contre elle. Il faut dire que 80% de son agriculture et de la demande urbaine se trouvent au sud de l’Etat, alors que 75% des chutes de pluies tombent au nord.
Pauvres agriculteurs californiens : ils ont envahis les rues, manifestant afin de se défendre, brandissant des slogans tels que "L’eau est notre futur ! ", ou "Eau = emplois", "Pas d’eau, pas de fermes, pas de nourriture ". Entre les réductions concernant le prélèvement de l’eau du Delta de Sacramento – imposé depuis 2007 pour des raisons écologiques – et cette troisième année de sécheresse, beaucoup d’agriculteurs voient leurs récoltes se dessécher sous leurs yeux. Mêmes ceux qui, dans un souci écologique et économique, avaient opté pour des espèces moins gourmandes en eau, troquant tomates et melons contre amandes et vignes. La vallée agricole de San Joaquin n’a ainsi pu recevoir que 10% de l’eau à laquelle elle a droit en temps normal. Certains champs prennent des allures de désert. La sécheresse guette vraiment tout le monde, même nos sociétés et économies les plus avancées.
Les conséquences économiques de cette sécheresse se font sentir. Dans certaines régions agricoles de Californie, The Economist rapporte que le chômage atteint désormais 40% de la population, la plupart des Latinos.
Un combat oppose donc en Californie les écologistes contre les agriculteurs et les consommateurs urbains d’eau. Depuis quelques années, les lois sont de plus en plus favorables aux verts, d’où la révolte de l’autre camp. En témoigne la répartition de l’utilisation des ressources en eau : "alors que l’agriculture consommait auparavant 80% des ressources en eau de l’Etat, aujourd’hui, 44% de l’eau captée et stockée est destinée à des projets environnementaux, comme la réhabilitation des marais. 43% vont à l’agriculture er 11% ont destinés aux municipalités " rapporte le magazine britannique.
Le monde regarde donc avec attention les solutions que va trouver la Californie – huitième puissance économique mondiale.
Plusieurs pistes sont étudiées : le recyclage des eaux usées, le dessalement, ou les bourses de l’eau, des marchés d’échange en somme.
Je me suis penchée sur le dessalement, qui semble avoir le vent en poupe, entre autres dans pays du Golfe — où même, plus proche de nous, dans le sud de l’Espagne.
Cela pourrait-il être un thème d’investissement visionnaire ? Faudrait-il y consacrer un numéro de Défis et Profits ? Ma conclusion est que non. Le dessalement comporte encore beaucoup trop de défauts à mes yeux. Ce procédé, qui consiste à éliminer le sel de l’eau, est en effet extrêmement gourmand en énergie, l’utiliser serait donc remplacer un mal par un autre. De plus, les usines de dessalement rejettent de fortes quantités de produits chimiques dans la mer et abîment les écosystèmes environnants.
Des progrès sont en cours, certaines usines sont capables de réduire leurs demandes en énergie, et qui sait, peut-être qu’un jour le dessalement sera l’un de nos thèmes d’investissement. Mais il n’est pas assez écologique pour l’être aujourd’hui.
Un exemple qui fait ressortir deux points : plus le changement climatique va s’accélérer, plus les cas de sécheresse – donc les besoins en eau – vont augmenter. Paradoxalement, c’est dans le même temps que les besoins agricoles (et donc en eau) vont aussi s’accroître.
Vous l’avez compris : qui dit besoin en eau, dit donc immanquablement besoin d’infrastructures. Et l’équation est simple puisque que les besoins en eau vont augmenter !