** Neuf semaines et demie de rebond… et même un peu plus. C’est bien plus long que la moyenne des rebonds après un krach. Ca en devient même surprenant, si vous voulez mon avis — surtout si l’on considère les chiffres économiques soi-disant "moins mauvais" qui continuent de paraître avec une régularité de métronome.
Prenez les plus récentes… Le Japon a enregistré une contraction historique de son PIB au premier trimestre — 4% de recul, pour une baisse de 15,2% au total sur les 12 derniers mois et quatre trimestres de baisse consécutifs. Aux Etats-Unis, les mises en chantier de logements neufs ont subi un véritable "coup de massue", comme le décrivait Philippe Béchade hier avec une baisse de 12,8% en avril, au plus bas depuis 50 ans. En France — faut-il le rappeler — on attend un recul de 3% du PIB en 2009…
Et il n’y a pas forcément de quoi se consoler du côté des entreprises : Air France-KLM a annoncé pour sa part sa première perte depuis la création de l’entreprise en 2003 — perte qui se monte à 814 millions d’euros. Hewlett Packard supprime des postes. Et la litanie continue… tout comme la hausse des marchés.
Pourquoi donc ?
Bill Bonner nous l’expliquait lui aussi hier : "[ce rebond] pourrait durer plus longtemps que les autres parce que le krach qui l’a précédé était plus fort que les autres. Ou il pourrait durer plus longtemps que les autres parce que les autorités luttent contre ce retournement avec bien plus de vigueur qu’à l’ordinaire. Nous tentons de nous rappeler les chiffres… mais la réaction totale est au moins 10 fois supérieure à la normale".
** Frédéric Laurent résume parfaitement la situation en quelques paragraphes bien sentis dans Vos Finances – La Lettre du Patrimoine : "[…] il n’y a pas de réel courant acheteur sur les marchés. Pas de tendance haussière, pas d’engouement ni de réel optimisme. Il n’y a que des ordres d’achats lancés par les grandes banques américaines grâce aux subsides reçus du gouvernement américain. Elles sont certainement en train de tenter un coup de poker leur permettant de gagner un maximum d’argent en un minimum de temps, en faisant croire que la situation a changé. Il n’en est rien.
"La situation réelle, économique, sans avoir empiré… n’a pas encore montré l’étendue des dégâts qu’elle allait apporter à l’économie mondiale. Lorsque ces banques auront estimé avoir suffisamment de gains, elles se mettront à vendre pour prendre leurs bénéfices. Sur les données économiques actuelles, rien ne pourra empêcher les marchés de retrouver leurs plus bas et peut-être même de les enfoncer. Cette nouvelle supercherie aura alors une autre incidence : nous faire ouvrir les yeux sur l’état catastrophique des finances publiques américaines, farcies de dettes et dont la conséquence directe sera la chute du dollar".
Oui, cher lecteur, profitez de ce rebond tant qu’il est temps — ou plutôt, profitez de l’ambiance détendue qui l’accompagne, parce qu’en ce qui concerne les actions en elles-mêmes, vous connaissez notre point de vue : restez à l’écart pour l’instant… Et au lieu de tomber dans le piège que tend M. le Marché, préparez votre portefeuille en le garnissant d’une armure solide… tout en or, bien entendu !
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée, en ce jeudi férié… et je vous donne rendez-vous dès demain en compagnie de Philippe Béchade.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
Pour la Chronique Agora