La Chronique Agora

Le rebond est-il – enfin – terminé ?

** Alors, le rebond est-il terminé ?

* Pas du tout ! Les banquiers de la planète annoncent que l’économie se remet. Les investisseurs les croient : ils font grimper les actions.

* En fait, les actions comme le pétrole sont à leurs sommets pour cette année. Avec de tels profits à portée de main, les gens pensent qu’ils n’ont pas besoin du dollar. Les investisseurs se tournent vers la sécurité du billet vert lorsque les orages financiers approchent. Mais à présent… ils pensent que tout ira bien.

* "Les banquiers mondiaux suggèrent que le rebond pourrait être en cours", titre un article du New York Times.

* L’économie mondiale se remet-elle vraiment ? Devriez-vous acheter des actions maintenant pour tirer parti de ce nouveau marché haussier ?

* Vous connaissez déjà la réponse, n’est-ce pas, cher lecteur ?

* Après une chute vient un rebond. Et avec le rebond vient tout un tas d’idées idiotes. Vous voyez comment ça marche ? "Les marchés font l’opinion", déclarent les vétérans de Wall Street. Lorsque les actions grimpent, les investisseurs trouvent des raisons justifiant cette hausse. Ils ne tardent pas à se convaincre qu’elles grimperont éternellement.

* Sauf que ce n’est pas le cas. Les rebonds ne sont pas des tortues géantes… ce sont des papillons de nuit. Après quelques mois passés à voleter autour de la lumière, ils se dessèchent. Quand cet été de l’amour ailé finira-t-il ? Nous n’en savons rien. En septembre ou en octobre, pensons-nous. Mais nous n’avons aucun doute sur le fait qu’il terminera bientôt.

** En fin de compte, les prix des actions dépendent des bénéfices. Les gens comparent le rendement qu’ils peuvent obtenir grâce aux actions à ce qu’ils peuvent obtenir des autres investissements. Une hausse des bénéfices signale une hausse des rendements, si bien que les investisseurs paient plus.

* Durant la grande expansion de crédit de 1945-2007, les entreprises pouvaient anticiper, d’une manière générale, la hausse des bénéfices. Les gens achetaient de plus en plus de choses à crédit. Dans une économie nationale, les entreprises paient des salaires, puis les employés utilisent ces salaires pour acheter des produits. Les salaires sont un "coût" pour l’entreprise… mais ils sont aussi une source de revenu. Lorsque les ventes proviennent du crédit, en revanche, les entreprises ont les revenus mais pas le coût de main-d’oeuvre. Les profits grimpent.

* A présent, le cycle a tourné. Les entreprises ont encore les coûts de main-d’oeuvre. Mais au lieu d’utiliser cet argent pour acheter des choses, les employés l’utilisent pour rembourser les prêts contractés pour des achats faits l’an dernier ou l’année précédente. A présent, l’entreprise a les coûts, mais pas les revenus.

* Comme on dit dans les manuels d’économie : pas de chance.

* Ce processus de désendettement sera lent. Cinq ans, peut-être. Ou 15. Peut-être 25. Il connaîtra des hauts et des bas… avec un chômage élevé (les entreprises réduiront leurs coûts de main-d’oeuvre puisque les ventes ne grimperont pas)… des prix bas (du moins en termes réels)… des profits réduits… et une croissance lente, voire inexistante.

* Est-ce mauvais ? Non, pas du tout. C’est bien. Les économies doivent s’adapter aux nouvelles réalités du monde post-bulle du crédit. Ca prendra du temps. Et dans la mesure où les autorités financières mondiales luttent de toutes leurs forces pour freiner ce processus… ça pourrait prendre beaucoup de temps. Comme nous l’avons déjà expliqué dans la Chronique, un gouvernement est une entreprise profondément conservatrice, visant à protéger les parasites. Il ne peut exploiter l’avenir — il n’a pas la moindre idée de ce que sera l’avenir. Tout ce qu’il peut faire, c’est essayer de restaurer le passé. Telle est l’idée de la "reprise"… essayer de dorloter, protéger et payer les succès d’hier. De Wall Street à l’Etat-providence… les gouvernements tentent d’éviter les corrections.

* Bien entendu, c’est parfaitement raisonnable. La seule véritable fonction des gouvernements est d’offrir ordre et protection. Que peuvent-ils protéger ? Seulement ce qui est… pas ce qui doit être.

* Et les autorités essaient de retarder et d’empêcher l’avenir de se produire. Y réussiront-elles ? Bien sûr que non. L’avenir se produira qu’ils le veuillent ou non. Ils ne peuvent le stopper. L’avenir arrivera.

* Mais ils peuvent en faire un épouvantable gâchis.

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