La Chronique Agora

Jean-Marie Le Pen : figure du populisme, au coeur de l’histoire politique

Black and white photograph of Benito Mussolini addressing a crowd during the rise of fascism.

A travers ses actions et ses déclarations, Jean-Marie Le Pen incarne une certaine idée du populisme qui trouve des échos bien au-delà des frontières françaises, jusqu’à Donald Trump et d’autres leaders controversés.

« Les pouvoirs non délégués aux Etats-Unis par la Constitution, ni prohibés aux Etats, sont réservés aux Etats respectivement, ou au peuple. » – Dixième amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique.

La semaine dernière, au milieu de l’agitation autour de l’invasion du Panama et de la prise de contrôle du Groenland, un évènement marquant a eu lieu : Jean-Marie Le Pen est mort.

La BBC rapporte :

« Jean-Marie Le Pen, homme politique français d’extrême droite, est décédé à l’âge de 96 ans.

M. Le Pen, qui se trouvait dans un établissement de soins depuis plusieurs semaines, est décédé mardi ‘entouré de ses proches’, a déclaré sa famille. M. Le Pen, qui a minimisé à plusieurs reprises l’ampleur de l’Holocauste, et qui était un extrémiste impénitent en matière de race, de sexe et d’immigration, a fondé le parti français d’extrême droite, le Front national, en 1972. »

Le Daily Telegraph rapporte :

« Les funérailles de Jean-Marie Le Pen se sont déroulées sous haute sécurité 

Des dizaines de policiers ont été déployés pour interdire toute manifestation susceptible de perturber les funérailles de Jean-Marie Le Pen, dont le décès dans un établissement de soins à Garches a suscité des célébrations de la part de ceux qui s’opposaient à lui. »

Que signifie « extrême droite » ?

Peut-être qu’un examen plus approfondi de l’émeutier français nous aidera à mieux comprendre Donald Trump, à la fois ce qu’il est… et où il est susceptible de nous emmener.

Le Pen est né en 1928. En 1942, son père a été tué par une mine. Dès le début, le jeune homme breton a montré un goût remarquable pour la violence. Bagarreur, il est condamné à plusieurs reprises pour agression. En général, les victimes sont des « cocos », des communistes.

C’était un homme « politique », constamment en train d’essayer de se faire élire (souvent avec succès), de diriger telle ou telle organisation et d’en créer de nouvelles.

Il n’y a pas beaucoup de traces de ses actions, autres que celle d’essayer de forcer les autres à se plier à sa volonté.

Il a rejoint la Légion étrangère française au Vietnam, mais a manqué la catastrophe de Diên Biên Phu. Il a été envoyé à Suez, mais cette opération a été annulée après qu’Eisenhower a refusé de la soutenir.

Ensuite, il s’est rendu en Algérie, où il a soutenu le droit de la France à gouverner le département d’Afrique du Nord. Cela s’est également terminé lorsque de Gaulle a ramené les Français chez eux. M. Le Pen a reproché à M. de Gaulle d’avoir « contribué à rendre la France petite ». Il voulait une grande France.

De retour à Paris, plein de vigueur et d’assurance, Le Pen a créé un nouveau parti politique, le Front national. Et il a eu de la chance. Un riche donateur l’a soutenu et lui a même offert sa maison dans la banlieue parisienne pour qu’il puisse s’organiser.

Le Pen méprisait les vieux conservateurs, avec leur foi dans l’Eglise, l’armée et les codes de la vieille aristocratie. Le sentiment était réciproque. Il était plutôt du genre mussolinien – un homme d’action, avide de changement, désireux de s’engager, désireux de se battre.

Le Pen n’aimait pas les immigrés ou les minorités. Il a été condamné plus d’une fois pour incitation à la haine, apologie de crime de guerre et contestation de crimes contre l’humanité. (Il a déclaré que l’Holocauste était un « détail historique » plutôt que la caractéristique principale de la Seconde Guerre mondiale.)

Dans la taxonomie politique américaine, il y a ceux qui prennent le dixième amendement au sérieux et ceux qui ne le prennent pas au sérieux. Aujourd’hui largement oublié, le dixième amendement est préhensile et inutile. Pourtant, les « vieux conservateurs » pensent qu’il leur donne le droit de décider eux-mêmes quelle salle de bain serait la plus appropriée, s’ils doivent s’inscrire à TikTok ou à qui ils achètent leur véhicule électrique. Aujourd’hui, il arrive que l’on aperçoive l’un de ces conservateurs traditionnels, mais ils ont pratiquement disparu.

L’autre grande branche politique est devenue omniprésente. Elle croit en un gouvernement central doté d’un pouvoir presque illimité. Comme la salicaire, elle a étouffé les variétés indigènes. Ses adeptes veulent plus de gouvernement afin de guérir ce qu’ils pensent être le mal de notre société. Prohibition ! Contrôle du climat ! Nourrir les pauvres, secourir les malades, expulser les immigrés ou leur donner un toit. Quoi qu’il en coûte.

Le Pen, Trump, Mussolini, Harris, Obama… tous s’inscrivent dans ce deuxième phylum. Ils ne veulent pas restreindre le pouvoir du gouvernement, ils veulent l’utiliser.

Mais il existe des sous-groupes. Hillary Clinton, Joe Biden et Kamala Harris font partie du « courant dominant » – ils s’inspirent des élites dirigeantes. Donald Trump, en revanche, comme Jean-Marie Le Pen, fait partie de la famille des « Vir Magnus », qui s’appuient sur leur propre génie pour prendre des décisions politiques.

Historiquement, ces « hommes de courage » font de bons candidats à l’opposition, mais des dirigeants désastreux. Waterloo, Stalingrad, la révolution culturelle, le goulag… Tous ces événements ont été le fruit de « grands hommes ».

Mais à ce stade, on peut compter sur l’un ou l’autre groupe – le courant dominant ou « l’homme courageux », dont aucun ne réduira les dépenses – pour mener les Etats-Unis au chaos financier.

En vieillissant, Marine Le Pen a essayé de rendre le Front national plus respectable. Elle a exhorté Jean-Marie Le Pen à cesser de dire des choses qui lui attireraient des ennuis. Il lui a répondu que c’étaient justement ses propos provocateurs qui l’ont rendu populaire. Elle a fini par l’évincer du parti qu’il avait fondé. « Peut-être qu’en se débarrassant de moi, elle a voulu faire un geste envers le Système », a expliqué Jean-Marie Le Pen.

Jean-Marie Le Pen disait ce qu’il pensait, et ses pensées étaient accueillies favorablement par des millions de Français.

C’était un fauteur de troubles qui excitait la foule.

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