** La fin du mois boursier surviendra dans quelques heures et le CAC 40, qui clôturait mercredi soir de justesse au-dessus du seuil symbolique des 4 400 points, achevait de reprendre le terrain perdu depuis le 30 juin dernier (clôture à 4 434 points).
La tentation pourrait être forte, en ce 31 juillet, de pousser les cours en direction des 4 440 points — un niveau testé brièvement le 24 juillet dernier. A la clé, il y a une opportunité de voir l’indice progresser sans opposition en direction des 4 535 points, soit le zénith du 25 juin dernier.
Il va de toute façon se passer quelque chose entre cette ultime séance de juillet et la journée technique du 1er août — peut-être même avant la publication des chiffres de l’emploi puis du taux de chômage américain. Nous parions sur une évolution favorable des marchés au cours des prochaines 48 heures, car les vendeurs à découvert ont tout intérêt à encourager le rebond indiciel le plus ample possible afin de réinitialiser des positions offensives à la baisse dans les conditions les plus avantageuses.
Nous ne vous cacherons pas que nous serions très tenté de les imiter au cas où le CAC 40 reviendrait au contact des 4 500 points — voire un tout petit peu mieux. Le climat boursier est redevenu plus estival depuis que la spéculation sur le pétrole se dégonfle.
** La tentative de relancer l’or noir au-delà des 125 $ du début de la semaine a échoué. C’était un peu prématuré, d’autant que les Etats-Unis et l’Iran se sont retrouvés contraints de reprendre le dialogue sous la pression des Européens, de la Russie, de la Chine… et même d’une partie des services secrets américains. Ils ne veulent en effet pas que l’administration Bush orchestre une nouvelle offensive militaire — directe ou indirecte — calquée sur le scénario irakien : diabolisation des dirigeants, pseudo-preuves de détention d’armes de destruction massive, refus de négocier avec les diplomates d’un pays réputé appartenir à l’Axe du Mal afin d’encourager le régime en place à se radicaliser.
La Maison Blanche se montrera-t-elle aussi virulente envers Pékin ou Moscou qu’envers Téhéran au cours des prochains mois ? Les journalistes américains déjà présents sur le territoire chinois viennent de découvrir hier que les moteurs de recherche sur internet étaient de nouveau censurés — et pour toute la durée des jeux selon toute vraisemblance. Il leur est même impossible d’accéder aux bases de données de leur propre groupe de presse dès qu’elles contiennent des références à la Chine.
Le candidat républicain John McCain vient de déclarer qu’il voulait exclure la Russie du G8, ce pays étant devenu une "autocratie". Il en veut pour preuve le fait que Vladimir Poutine "détient toujours les rênes du pouvoir… après que son gouvernement ait mené le pays sur une très mauvaise voie".
Et de surenchérir avec la baisse des livraisons de pétrole aux Tchèques "parce qu’ils ont conclu un accord avec les Etats-Unis", l’exclusion du groupe pétrolier BP de la Russie et les pressions exercées sur la Géorgie, qui est menacée d’un véritable blocus économique depuis l’expression de sa tentation d’ouverture pro-occidentale.
En toile de fond de toutes ces tensions géopolitiques, il y a encore et toujours le gaz et le pétrole. La trêve olympique sera peut-être respectée, ou peut-être pas… mais nous sommes convaincu qu’à moins d’une évolution radicale et simultanée de la diplomatie américaine et russe, ceux qui parient d’ores et déjà sur une future nouvelle vague de hausse du baril au-delà des 150 $ ont de bonnes chances de voir leurs espoirs se réaliser.
En attendant, si le pétrole devait rebaisser au contact du récent plancher des 121 $, puis des 116 $ (ex-zénith des 21 au 25 avril 2008 derniers), cela ne ferait qu’augmenter les futurs profits potentiels.
** Mais les marchés évoluent à leur rythme et gèrent l’information pétro-stratégique à l’aune d’une grille de lecture parfois un peu tordue. Beaucoup y voient l’impact grandissant des positions spéculatives qui n’ont comme ambition que le profit à court terme. Certains de nos lecteurs, qui comparent nos écrits avec les meilleures sources, nous invitent à nous montrer sans concession avec l’information mainstream qui nourrit notre réflexion.
Voici l’une des toutes dernières contributions envoyée par l’un de nos abonnés — il s’agit d’un résumé, nous espérons en avoir préservé la substantifique moelle. "Lors d’une audition devant la commission sur le commerce du Sénat américain, le 2 juin dernier, des experts ont démontré comment la spéculation prospère sur les marchés de matières premières offshore supervisés par les autorités britanniques".
Le cours du West Texas intermediate (WTI), qui sert de référence pour les contrats à terme échangés à New York, est en fait déterminé au préalable sur un marché basé à Atlanta, l’Intercontinental exchange (ICE). L’ICE n’est que l’émanation d’une filiale londonienne de l’International petroleum exchange qui a justement fusionné avec l’ICE en 2001.
Michael Greenberger, professeur de droit à l’université du Maryland et consultant du département de la Justice américain, affirme que l’ICE n’est autre qu’un marché offshore londonien, supervisé par la Financial services authority (FSA) britannique. Il échappe de ce fait à la juridiction de la CFTC, l’Agence américaine de régulation des marchés des matières premières, et peut agir à sa guise, sans contrôle ni possibilité de limiter le champ d’action des intervenants.
Environ 70% de tous les contrats à terme pétroliers seraient de nature spéculative et un tiers des volumes serait contrôlé par trois banques : Goldman Sachs, Morgan Stanley et J.P. Morgan Chase — qui ne se sont d’ailleurs pas privées de publier des études envisageant des niveaux de cours astronomiques et dont nous avons déjà rendu compte dans de précédentes Chroniques. Dans l’hypothèse d’une action de concert — nous osons tout imaginer, même l’impensable… à savoir une collusion d’intérêts ! –, ces trois acteurs majeurs s’assureraient pratiquement du contrôle des cours sur le Nymex.
Et comme si cela ne suffisait pas, ils ramassent aussi de grosses quantités de produits pétroliers qu’ils ne mettent pas à la disposition des marchés, ce qui entretient une hausse artificielle des cours. Il ne s’agit donc pas seulement de spéculation, mais aussi de manipulation du marché. A croire qu’ils ont embauché d’anciens traders vedettes d’Enron opérant sur le marché de l’électricité. Ces quelques brebis galeuses disposant d’une force de frappe financière colossale et des moyens de corrompre quelques directeurs de centrales électriques avaient réussi à priver de courant la Californie et à mettre les finances du plus gros état de l’Union à genoux. Cela avait même provoqué la démission du gouverneur démocrate et l’élection triomphale d’Arnold Schwarzenegger.
L’effet de levier des marchés à terme s’avère d’autant plus efficace qu’il est adossé à un marché physique où les quantités livrables sont limitées et connues de tous à quelques dizaines de milliers de barils près.
Nous citons une nouvelle fois notre lecteur : "fin 2007, la valeur nominale des contrats de produits dérivés sur les matières premières échangés de gré à gré sur les marchés londoniens avait augmenté de 27% pour atteindre 9 000 milliards de dollars, grâce notamment à l’accroissement des contrats énergétiques".
"Entre 2002 et 2007, la valeur des exportations physiques mondiales de matières premières a gagné 17%, tandis que les contrats de produits dérivés sur matières premières augmentaient de 213% et que l’encours nominal de ces mêmes produits grimpait d’environ 540%".
Il est peu probable que la thématique pétrolière passe de mode et que les marchés à terme de type ICE se voient déserter de leurs supporters. Une remontée du dollar vers 1,535/euro et 110 yens pourrait affecter pendant quelques temps son niveau d’activité au profit des marchés d’actions — et de Wall Street. Cependant, la consolidation actuelle, si on la compare aux épisodes passés, ne devrait pas durer plus de quatre à six semaines. Or elle a débuté le 14 juillet dernier, ce qui fait déjà plus de 15 jours.
Le plus gros de la correction est donc probablement derrière nous… et le CAC 40 a peut-être déjà épuisé les deux tiers de son potentiel de rebond.
Philippe Béchade,
Paris
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