** "Monsieur le Marché a besoin qu’on le serre dans nos bras", a plaisanté James Grant à la récente conférence Grant Investment de New York.
Peut-être Grant a-t-il raison. Mais franchement, on préférait le pousser gentiment d’un petit coup de coude… pour qu’il atterrisse dans l’Hudson. On est fatigué de ce type. C’est plutôt nous, investisseurs, qui avons besoin d’un petit peu de réconfort… accompagné d’un chèque de remboursement pour compenser nos pertes pour l’année en cours.
Malheureusement, Monsieur le Marché ne signe jamais ce genre de chèque. Ce n’est pas son genre. Mais il compense parfois les pertes sur le long cours. Le problème est que ce type est complètement dingue et certainement pas digne de confiance. Bien entendu, les actions ont bien rebondi depuis leur "minikrach", mais on ne peut pas avoir confiance en ce rebond.
Sur le papier, les actions sont bon marché. Mais dans le monde réel du commerce, les bénéfices des sociétés implosent. Les actions ne sont peut-être donc pas aussi bon marché qu’elles en ont l’air. Les Américains freinent leurs dépenses et les banques restreignent leurs emprunts. Quelle réelle chance a cette économie ?
Nous savons que les actions sont bon marché, tout du moins meilleur marché qu’elles ne l’ont été au cours des 20 dernières années, mais nous ne savons pas si elles sont assez bon marché… c’est une cible mouvante.
** La bourse américaine a réussi à reprendre quelques points depuis son récent "minikrach". Mais à quel type de rebond les investisseurs peuvent-ils s’attendre ? La réponse à cette question nous est complètement inconnue, bien entendu, mais l’Histoire nous donne quelques pistes intéressantes. D’abord, la bonne nouvelle : les actions rebondissent toujours après une sévère liquidation.
Après le krach de 1929 aux Etats-Unis, par exemple, la valeur des actions a repris 48% entre le krach et le rétablissement à la hausse, six mois plus tard.
Maintenant, la mauvaise nouvelle : ces rebonds post-krach ne prennent pas racine pour s’épanouir dans un nouveau marché haussier. Au contraire, ces illusions de rétablissement font seulement croire aux investisseurs qu’un nouveau marché haussier est en route. Considérons quelques dérangeants précédents…
Imaginons que vous ayez acheté le Dow Jones en 1929, après qu’il ait déjà chuté de 42% par rapport à sa valeur haute. Pourquoi 42% ? Parce que c’est la valeur que vient de perdre le Dow actuel. Comment pensez-vous que vous vous en seriez sorti ? Vous pensez que vous auriez gagné de l’argent très rapidement ou très lentement ?
La réponse est : "les deux", car vous auriez profité d’un rebond rapide. Mais si vous n’aviez pas vendu au cours de ce rebond, vous auriez perdu 80% de votre capital au cours des deux années suivantes. Si vous aviez maintenu le cap, cependant, vous auriez recouvert votre investissement d’origine… 22 ans plus tard !
Vous pensez que c’est mauvais ? Regardez ce qui est arrivé au Japon après sa bulle boursière de la fin des années 80. Si vous aviez acheté l’index japonais Nikkei après sa première chute de 42% par rapport à son niveau record de 1989, vous auriez gagné un peu d’argent au cours des deux premiers mois. Mais malheur à vous si vous n’aviez pas vendu !! Votre investissement serait toujours sous les eaux à ce jour… presque 20 ans plus tard. En fait, vous auriez souffert d’une perte de plus de 60%.
** Où cette discussion nous mène-t-elle ? J’essaie simplement de mettre en lumière le fait qu’il ne faut pas nécessairement chercher le prélude à notre situation dans le passé récent, mais peut-être dans un passé plus ancien. Seul un idiot oserait prédire que les prix des actions vont s’effondrer comme ils l’ont fait durant la Grande Dépression. Mais seul quelqu’un d’encore plus stupide oserait écarter cette possibilité.
Nous autres Américains avons entamé un chapitre délicat de notre histoire financière.
Avec un peu de chance, les investisseurs vont émerger de la crise actuelle sans rien d’autre que quelques bleus. Mais peut-être ne serons nous pas aussi chanceux. La vie ici aux Etats-Unis pourrait devenir sensiblement moins confortable pour quelque temps… Et le prix des actions pourrait continuer de refléter cette nouvelle réalité. Donc pourquoi ne pas pécher par excès de prudence ? Si on doit acheter des actions, pourquoi ne pas insister pour acheter des actions ridiculement bon marché ; et si on essaie de recevoir des dividendes, pourquoi ne pas insister pour recevoir de forts dividendes ?
Je ne fais que poser la question. J’aimerais connaître la réponse.