La Chronique Agora

Le dollar n'est plus ce qu'il était

▪ Le dollar n’est plus ce qu’il était. Pourquoi donc ?

Ne posez pas de question bête, vous le savez parfaitement.

Parce que ce n’est que du papier. Et dans le Wall Street Journal de mercredi, on trouvait un signe annonciateur de grand changement. Un éditorialiste invité suggérait que les Etats-Unis reviennent à l’étalon-or !

L’or est à des sommets — tandis que les actions stagnent depuis 11 ans.

Et maintenant, l’or grimpe suite aux bonnes nouvelles comme aux mauvaises. De l’inflation ? L’or grimpe. De la déflation ? L’or grimpe. Lorsque les actions montent… l’or grimpe plus. Lorsque les actions baissent, l’or grimpe malgré tout.

Pourquoi ? Parce que le marché de l’or anticipe une explosion du système monétaire mondial.

Nous aussi. Nous avons déjà vu ce qui se passe quand un petit pays accumule trop de dette. Les investisseurs s’inquiètent. Les taux d’intérêt grimpent. Le pays ne peut plus emprunter pour couvrir ses déficits… ou payer ses prêts passés. Un désastre.

Mais la situation de la Grèce n’est pas très différente de la situation dans des dizaines d’autres pays — dont le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

▪ Les Etats-Unis sont uniques… et tout à fait semblables. Le pays est déjà si endetté que même si l’on taxait 100% des revenus des Américains, les recettes engendrées ne suffiraient pas à couvrir le déficit (les gens gagneraient moins). Si l’on réduisait de 100% le budget du Pentagone… on aurait quand même un déficit.

Il faudrait un acte de courage politique remarquable et beaucoup de discipline pour remettre les Etats-Unis sur la voie des finances saines. Nous ne voyons rien de tel se produire.

Nous voyons plutôt plus de déficits — d’ici à la St Glinglin.

La dette nationale des Etats-Unis (sans parler des dettes sans provision et des dettes futures déjà planifiées) frôle les 100% du PIB (la Grèce en est à 120% du PIB… bientôt 150%).

A 100% du PIB, l’économie doit se développer au moins aussi rapidement que le taux d’intérêt sur la dette — sans quoi cette dernière se fera de plus en plus profonde. En d’autres termes, si l’on payait 5% sur la dette… et si la croissance du PIB était de 5%… si l’on consacrait toute la croissance additionnelle à rembourser les intérêts sur la dette, on ferait alors du surplace !

Aux dernières nouvelles, la croissance américaine était de 3,2%… probablement en déclin (et nous laisserons de côté la question de savoir si cette croissance est réelle ou fictive). Mais les coûts d’emprunt de long terme pour les autorités se dirigent vers les 5%. Et alors que les investisseurs perdent confiance dans la capacité des Etats-Unis de payer… ainsi que dans leur volonté (ou capacité) d’empêcher le dollar de chuter… les coûts de possession de la dette augmentent.

Il est probablement déjà trop tard. Nous avons déjà probablement dépassé le point de non-retour, comme le soutiennent les économistes Rogoff et Reinhart.

Selon nous, les Etats-Unis pourraient sauver leur peau SI ils faisaient un effort extraordinaire pour la réduction budgétaire. Nous ne retiendrons pas notre respiration en attendant, ceci dit.

A la place, nous allons acheter plus d’or.

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