La Chronique Agora

Le deuxième acte

** La Bourse semble s’être complètement dissociée de la réalité. De fait, si vous avez manqué cette information, le secteur le plus performant sur ces trois derniers mois, au sein du Dow Jones est — accrochez-vous bien — l’indice des métaux non ferreux.

– Ce n’est pas une plaisanterie.

– Les exploitants aurifères arrivent en second sur les trois derniers mois. Et ce rebond est étayé par l’allure stable de l’or en tant que fortifiant des portefeuilles qui souffrent de l’instabilité des marchés. Mais les métaux non ferreux ? Mais que se passe-t-il ?

– Il y a une rumeur — nourrie par la Banque mondiale et les chiffres qu’elle a publiés la semaine dernière — disant que l’est asiatique sera la région du monde à la croissance la plus rapide cette année et la première à se remettre de la dégringolade mondiale. La Banque mondiale a annoncé que le plan de relance chinois avait redonné de l’élan à la consommation dans l’économie chinoise et que ce serait une aubaine pour les exportateurs de la région.

– Ce rapport disait que même si les exportations industrielles de la région avaient chuté de 30% entre janvier 2008 et janvier 2009, le plan de relance fiscal chinois entraînait déjà plus d’emprunts domestiques et de croissance de la consommation. "Dans ce processus", conclut le rapport, "les importations chinoises ont également des chances d’augmenter à un rythme plus rapide qu’avant, mais le plus gros de l’augmentation reposera sur les matières premières, les biens d’équipement, les services et des produits de consommation de plus en plus sophistiqués. Les exportateurs de ce genre de marchandises ont des chances d’en tirer des bénéfices substantiels".

** L’Australie fait partie de ceux qui exportent ce genre de produits en Chine. Par conséquent, si l’on en croit les prévisions de la Banque mondiale, les actions australiennes pourraient s’écarter du chemin suivi par les indices américains, puisque l’est asiatique va affecter le prix des actions sur les ressources.

– C’est le genre de mouvement que seul un trader apprécie. Les actions ont été tellement survendues qu’une fois que la liquidation a été terminée, il a fallu un rebond. Pour les traders suffisamment vifs, c’est une leçon : inutile d’aimer ça dans l’absolu, mais on peut toujours profiter d’un rebond sur des actifs qui ont été largement survendus.

– Mais qu’en est-il des investisseurs ? Il semble que nous soyons arrivés à un interlude de la crise. C’est peut-être un entracte. Les spectateurs discutent dans le hall, ils mangent du pop-corn. Mais que va-t-il se passer quand le spectacle reprendra ?

– Nous pensons que le deuxième acte sera assez semblable au premier, mais en pire. Voilà qui met vos décisions d’investissement dans un contexte intéressant aujourd’hui. En août 2007, tout le monde savait que le problème dans deux des fonds de couverture Bear Stearns était le signe d’un pourrissement plus profond du système financier. Mais le chemin de la résistance minimum consistait à ne rien faire, et à ne pas prendre en compte ce qu’un vrai marché baissier dans le crédit pouvait avoir comme conséquences sur la Bourse et l’économie.

– Aujourd’hui, tout le monde reconnaît qu’il va y avoir des milliers de milliards de dollars de pertes supplémentaires pour les banques. Ce que personne ne sait, c’est si les gigantesques chutes des places mondiales l’année dernière reflètent cette réalité, ou si les investisseurs sont encore complètement dupes en ce qui concerne les actions.

– Nous pencherions pour la deuxième hypothèse. C’est toujours la méthode qu’on adopte par défaut quand la vérité est déplaisante. Par conséquent, nous pensons que, malgré la menace qui plane au-dessus de la population sous la forme de l’augmentation du chômage (et qui plane donc aussi, indirectement, sur les bénéfices des sociétés), les actions pourraient quand même remonter un peu. Mais il ne nous reste plus qu’à attendre… et nous verrons bien.

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