La Chronique Agora

Le cycle haussier sur les matières premières se termine-t-il ? (2)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Sommes-nous à la fin du grand cycle haussier entamé en 1999 ? Jim Rogers, le seul grand gourou spécialisé dans les matières premières, apporte à cette question une réponse claire : non !

Mon opinion ? Je suis d’accord avec lui. Voici pourquoi :

Les cycles longs sont faits de tendances de court et moyen terme
Ce n’est pas parce que nous sommes dans un grand trend haussier que tout doit toujours bien se passer. Non. Un trend de ce genre est composé de cycles plus courts. Ces cycles, tantôt haussiers, tantôt de baissiers, se succèdent les uns aux autres et le tout donne une longue tendance haussière.

Pour vous en convaincre, prenons l’exemple du brut. Parti de moins de 10 $, il a touché avant-hier les 100 $ et ira sans aucun doute encore beaucoup plus haut.
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Nous sommes donc dans une grande tendance haussière. Pourtant, le pétrole a connu une sévère correction passagère : après un record à 78 $ le baril en août 2006, il est redescendu à 50 $ en janvier 2007 avant de revenir flirter avec les 100 $ le baril en fin d’année 2007.

Autre exemple : les métaux industriels semblent eux aussi pris dans une correction passagère depuis quelques semaines. Cuivre, nickel, plomb, zinc… tous s’affichent depuis quelques temps à la baisse après avoir atteint des niveaux record. Il n’y a que l’étain qui résiste à la tourmente. Affaire à suivre…

Revenons aux cycles matières.

Pourquoi de si longs cycles ?
C’est inhérent aux matières. Quand la demande renaît de ses cendres après des années de quasi-inexistence, il faut que la "machine se remette en branle". Cela peut prendre beaucoup de temps. Il faut en moyenne dix ans entre le moment où un projet minier naît et le moment où la production commence effectivement. Dix longues années pendant lesquelles s’égrainent les tests géologiques, la course aux autorisations administratives et licences d’exploitation, les pièges à contourner souvent issus des protecteurs de l’environnement… Le parcours du combattant se poursuit avec la mise en place des infrastructures nécessaires à l’exploitation : routes, eau, électricité… et jusqu’au forage.

Alors la demande a beau être là, l’offre met quelques années avant d’y répondre — et en attendant, l’ajustement se fait par les prix qui grimpent toujours plus haut. Nous sommes actuellement dans un cycle de ce type côté métaux.

Les softs et céréales constituent un monde à part, beaucoup plus réactif
Ici, l’offre s’adapte bien plus vite au prix poussé à la hausse par la demande. Prenons l’exemple du maïs, véritable cas d’école. Le gouvernement américain a clairement exprimé en janvier 2007 sa volonté de promouvoir l’éthanol à grand renfort de subventions — ceci afin de réduire la dépendance énergétique de son pays. La réaction a été immédiate. L’envolée des prix du maïs a fortement incité les producteurs de céréales à privilégier les plantations de maïs au détriment d’autres céréales, comme le blé ou le soja. Du coup, la production de maïs a été très abondante quelques mois après, ce qui a permis de répondre à la demande et de calmer la hausse des prix. En revanche, les productions de soja et de blé ont été insuffisantes, car trop peu de surfaces agricoles leur ont été consacrées. Résultat, le prix du blé et du soja a grimpé en flèche.

Les ersatz peuvent-ils raccourcir le cycle des matières ?
Un ersatz (substitut) ne s’improvise pas à la va-vite. Il faut par exemple des années de recherche pour mettre au point des moteurs automobiles capables de fonctionner avec d’autres types de carburants comme l’éthanol (ersatz du pétrole) par exemple, issu du sucre…

Même chose pour l’énergie : il faut des années pour monter une centrale nucléaire (substitut aux autres sources d’énergie électrique) ou mettre en place un parc d’éoliennes suffisamment important. Imaginez les freins des lobbies, des politiques et ensuite des administrations à ce type de changement. Sans compter qu’il faut faire évoluer les mentalités… Cela peut durer des années… L’impact de l’ersatz sur le cycle est souvent tardif.

Deux facteurs clés vont rallonger le cycle matières actuel : les BRIC et la population
Ce sont les fondements du boom actuel des matières. Et ce sont eux qui me font dire que ce boom, au delà de ses fluctuations inéluctables de moyen terme, sera l’un des plus longs qui soit.

1 – Softs et céréales sont tirés par la croissance inexorable de la population mondiale et surtout par l’accroissement du pouvoir d’achat de cette population. Face à cela, l’urbanisation et l’industrialisation réduisent les terres agricoles disponibles. Et le développement de la production de biodiesel et d’éthanol ne fait que renforcer le déséquilibre évident entre une offre en diminution et une demande en explosion. Forcément, les prix vont continuer de grimper. Cela ne fait aucun doute.

2 – Quant à l’industrialisation et l’urbanisation, les besoins sont colossaux, tant en Chine qu’en Inde. Ces pays entrent dans leurs Trente Glorieuses à eux. Il va falloir construire des logements pour tous ces gens qui abandonnent les campagnes pour venir travailler en ville. Sans compter que cette population, qui verra son pouvoir d’achat augmenter, va se mettre à consommer ! Des lave-linge, lave-vaisselle, frigo, radio, TV…

Au-delà des fluctuations inéluctables, la demande pour les métaux industriels n’est donc pas près de se tarir sur le long terme. Et je pense pour ma part que cette demande augmentera au moins aussi vite, sinon plus vite, que l’offre. Ce qui maintiendra les prix à des niveaux élevés. Bien sûr, je peux me tromper. Que pèse mon opinion face à la réalité des faits à venir ?

L’avenir nous le dira… et le marché seul décidera.

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

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