** Les économistes se demandent jusqu’où le chômage grimpera aux Etats-Unis. Selon une estimation de RealEconomics, il pourrait atteindre 14% avant de baisser. Une autre estimation, de PIMCO cette fois-ci, s’inquiète de le voir dépasser les 10%… pour y rester pendant longtemps.
* Bien entendu, les appels aux plans de relance se font plus forts. Les gens se demandent pourquoi Washington renfloue Wall Street — mais pas la Californie. Est-ce que ça ne stimulerait pas l’économie ? La Californie émet des reconnaissances de dette pour combler les trous dans son budget. Wall Street vient d’annoncer avoir trouvé le moyen de gagner de l’argent sur le dos des problèmes californiens : les reconnaissances de dette seront cotées comme des obligations. Mais les grands créditeurs — qui craignent le déclin de la valeur du papier — pourraient ne pas les accepter… poussant la Californie dans une crise plus immédiate.
* Voilà qui forcera les gens à se poser une autre question : comment se fait-il que les créditeurs acceptent les dettes des Etats-Unis, mais non celles de la Californie ? Le déficit fédéral américain est 70 fois plus élevé que celui de la Californie. Pourtant, prêtez de l’argent au gouvernement fédéral durant 10 ans, et vous n’obtiendrez que 3,5%.
* Pendant ce temps, dans le secteur économique, Bloomberg continue d’annoncer les progrès de la dépression : "les bénéfices chutent dans le monde entier", titre l’agence.
* Aux Etats-Unis, les dividendes baissent plus rapidement qu’à tout autre moment ces 50 dernières années. Les entreprises gagnent moins et versent moins de dividendes parce que les consommateurs ont cessé d’acheter.
** Peut-être n’est-ce que le milieu de l’été. Mais en dépit des nuages qui s’accumulent, il y a un air d’éternité… comme le calme avant un orage… comme si le temps était suspendu dans une goutte d’ambre… et que la foudre ne frappait jamais.
* "Le pire est derrière nous", déclare un rapport de la Chambre de commerce britannique. Bien entendu, ces mots auraient pu venir de dizaines de sources différentes. Des économistes en sont persuadés. Des chefs d’entreprise. Des investisseurs. La convalescence pourrait être "longue" et "fragile". Elle sera peut-être en "L"… plutôt que le "V" que nous espérions. Mais au moins, la phase de crise est terminée. Maintenant, au tour de la reconstruction. Et pourtant, il n’y a pas de reconstruction. Au lieu de cela, le modèle économique qui est demeuré plus ou moins intact depuis la Deuxième Guerre mondiale est en train d’être démantelé.
* Oui, cher lecteur, nous sommes entrés dans une période de destruction créatrice. Entre les guerres napoléoniennes et la Première Guerre mondiale s’est déroulée une période de croissance et de stabilité. Il y a eu des perturbations — et même de graves perturbations, comme la guerre de aux Etats-Unis et la guerre entre la France et la Prusse en Europe. Il y a eu diverses révoltes, communes et risorgimentos. Mais les pouvoirs en place étaient solides. Idem pour leurs devises. La livre sterling, le dollar et le franc s’appuyaient tous sur l’or. Les puissances européennes régnaient sur la terre. La Grande-Bretagne régnait sur les mers. Et l’or régnait sur le commerce et la banque.
* Tout cela connut une fin désastreuse en 1914. Les gouvernements européens ne tardèrent pas à se retrouver tous ruinés. Les familles royales d’Europe — les Hohenzollern, les Habsbourg, les Ottoman, les Romanoff… toutes furent balayées par la guerre et la révolution. Puis sont arrivés les accords de Gênes, en 1922, qui permettaient aux banquiers de détenir des livres ou des dollars, plutôt que de l’or, dans leurs réserves. C’était un petit pas pour l’homme… mais un grand pas sur la route vers la ruine. Ensuite sont arrivés d’autres pas menant à la gigantesque enjambée de Richard Nixon en août 1971, qui élimina la dernière trace d’or dans le système financier officiel mondial.
* L’archiduc Ferdinand a été tué à Sarajevo en juin 1914. L’été qui suivit fut inquiet, mais, pendant un temps, calme. Personne n’était sûr de ce qui allait se passer ensuite. A mesure que les jours chauds s’écoulaient, on aurait dit qu’il n’allait rien arriver du tout. Les gens avaient vécu un siècle de paix et de prospérité relatives. Les plus intelligents pensaient que quelque chose de fondamental avait changé. C’était une nouvelle ère, pensaient-ils. La mondialisation les avait tous rendus riches. Et de nouvelles innovations technologiques — le moteur à explosion, les automobiles, les avions, les appareils électriques — promettaient une vie meilleure et plus facile pour tous. Cette vie meilleure était basée sur le capital… l’épargne mise à l’oeuvre dans les usines, les immeubles, les machines et les systèmes de transport. Les guerres n’avaient plus de sens, puisqu’elles détruisaient ce capital vital. Tout le monde profitait clairement du nouveau système de commerce mondialisé ; personne n’avait quoi que ce soit à gagner de la guerre. Un livre populaire à l’époque avançait que les guerres étaient devenues obsolètes… impensables dans ce nouveau monde moderne.
* Hélas…