▪ Une chute du PIB de 0,3% seulement, voilà l’effet qu’a eu la crise sur le Brésil l’année dernière. Et dès cette année, la croissance de l’économie devrait y être de 5,8%, selon la Banque centrale, entraînant la Bourse dans son sillage. Une situation d’autant plus étonnante que, au cours de toutes les crises précédentes, le Brésil s’était littéralement effondré.
Rappel des faits. Fin des années 1970, les chocs pétroliers secouent le monde. Cela vaut 110% d’inflation en 1980 au Brésil. 1983, le pays fait défaut sur sa dette, à la suite du Mexique, aggravant encore l’inflation. 1994 : la crise dite "Tequila" secoue le Mexique et a des répercussions au Brésil.
Les taux d’intérêt y sont portés à près de 50%. En 1997, avec la crise asiatique, le Brésil conserve ses taux exorbitants, ce qui paralyse son économie. La fin du XXe siècle et le début du XXIe sont marqués par la chute du realà la suite de la crise russe, de celle de LTCM, de celle d’Internet et de la faillite de l’Argentine.
Pourtant, force est de constater que ces jours terribles semblent bel et bien derrière les Brésiliens.
▪ Des finances saines et des banques propres
C’est la première fois que le gouvernement brésilien est en réelle mesure de réagir face à une crise et de ne pas la subir. Pour preuve, sa maîtrise des taux, ou le budget qu’il a consacré à ses plans de soutien à l’économie.
La situation actuelle est le résultat, pour beaucoup, des réformes mises en place à la fois par le président Lula, mais aussi par son prédécesseur, Fernando Henrique Cardoso (1995-2002). Ils ont encouragé la croissance, en soutenant les entreprises. Surtout, ils ont assaini les finances du pays, lui assurant un confortable matelas de devises qui a permis au Brésil de s’adapter dans la crise.
En effet, fin 2008, le déficit courant du Brésil est relativement faible, à 1,4 point de PIB, soit 21,6 milliards de dollars sur 12 mois glissants. Au même moment, sa dette publique ne représente que 6% du PIB tandis que les réserves officielles de la Banque centrale se montent à 205 milliards de dollars. Le tour de force des derniers gouvernements brésiliens est en effet la réduction de la dette du pays, rendue, entre autres, possible grâce au formidable boom des matières premières de ces dernières années.
De saines finances publiques n’ont pas suffi à d’autres pays pour éviter la crise, me direz-vous.
Justement, voici l’autre point fort du pays : des banques résistantes et surtout "propres". C’est-à-dire ne contenant pas les fameux actifs pourris qui en ont entraîné tant d’autres vers le fond. Mieux encore, les banques brésiliennes étaient bien capitalisées. D’après une étude de BNP Paribas, intitulée Brésil-Russie, pourquoi des évolutions si différentes face à la crise internationale ?, elles avaient également un autre avantage : une faible dollarisation et une quasi-indépendance aux financements extérieurs, puisque leur financement est à 90% domestique.
Alors évidemment, posséder un secteur financier en pleine santé et des finances publiques saines, voilà une base solide qui minimise les effets de la crise.
▪ Les initiatives du gouvernement portent l’économie
Surtout pas de gel des dépenses publiques. Voilà le mot d’ordre du gouvernement au cours de la crise. Pour preuve, au premier trimestre 2009, les dépenses du gouvernement central ont augmenté de 17,1% (en rythme annuel et termes nominaux). Les règles budgétaires ont également été assouplies, afin de revoir à la baisse les objectifs d’excédent budgétaire.
Nous verrons la suite dès demain…