La Chronique Agora

Le bateau ivre de la finance

▪ "Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs"…

Les vents de l’actualité, la semaine dernière, soufflaient contre nous aux Etats-Unis. Les promesses de ventes de maisons allaient mal. Les dépenses de consommation allaient bien. Le chômage allait mal. L’industrie allait bien.

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La baisse boursière pourrait reprendre du jour au lendemain… Réagissez !
Une forme d’investissement bien particulière a permis à une poignée d’investisseurs d’engranger des gains de l’ordre de 67,76%, 67,05%, 71,88%, 43,33%, 71,21% et 49,02%… alors même que les marchés connaissaient des difficultés extrêmes.

Pour découvrir comment réagir face à la débâcle qui menace en profitant des baisses, continuez votre lecture… mais agissez dès maintenant : les marchés, eux, n’attendront pas.

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Les marchés sont sans conviction depuis plusieurs semaines. Ils semblent incapables de se décider. Nous pensions qu’ils avaient pris la direction de la baisse quelques semaines auparavant… puis ils se sont stabilisés… avant de se mettre à errer sans but.

L’or semble plus avoir le sens du destin. Il est dans un marché haussier depuis 10 ans… et ne donne pas signe de vouloir faire autre chose. Il est toujours proche de ses plus hauts sommets.

L’or connaît un vrai marché haussier. Pour autant que nous puissions en juger, il est encore dans sa phase de développement. Il reste quelques antiques fanatiques de l’or. Mais le public ne parle pas encore du métal jaune. Les investisseurs n’ouvrent pas de positions aurifères majeures dans leurs portefeuilles. Les gens ordinaires ne s’attendent pas encore à ce que l’or grimpe à 5 000 $ ou 10 000 $ l’once.

Mais les nouvelles continuent d’arriver. Les opinions… les tirades enflammées… les données… et les théories.

Ici et là… nous commençons à nous sentir comme le "Bateau Ivre" de Rimbaud. Nous sommes poussé par les vents… et repoussé par les courants… Tournant notre poupe par ici… puis par là… Nous ne sommes jamais certain de la direction que nous prenons… ou quoi penser… Personne n’est à la barre.

Pourtant, le courant continue… et nous continuons à descendre le fleuve… emporté par les flots… en perpétuel mouvement.

Un jour, nous sommes fasciné par le Japon. Le lendemain, c’est la Chine. Certains jours, nous pensons que le monde finira par s’en sortir d’une manière ou d’une autre… puis nous sommes certain que quelque chose va exploser d’une seconde à l’autre.

Mais ce fleuve continue de couler… et nous sommes dessus.

Où mène-t-il ? Eh bien, c’est l’idée. Nous n’en sommes pas certain…

Tout ce dont nous sommes sûr, c’est qu’il ne mène pas là où le pensent la plupart des gens. Ils pensent voir une "reprise". Oubliez ça. Ça n’arrivera pas. Nous pourrions voir une nouvelle période spéculative… mais elle ne ressemblera pas à l’Epoque de Bulle de 2005-2007. L’immobilier US devrait grimper de 20% simplement pour que les propriétaires puissent sortir la tête de l’eau. Ensuite, peut-être pourraient-ils emprunter et dépenser comme si on était de retour en 2005… mais ça n’arrivera pas. Les gens n’ont pas les revenus… ou le crédit… nécessaires pour faire à nouveau grimper les prix des maisons.

Un titre du Wall Street Journal : "l’emploi des hommes adultes à un plancher record".

Où est-ce que ça mène ? Nous  n’en sommes pas sûr… mais nous ne pensons pas que ça mène à une "croissance" de l’économie américaine. Cela mène plutôt à la banqueroute, à la déflation… et peut-être à l’insurrection.

Et qu’en est-il de l’économie chinoise ? Ne se développe-t-elle pas à tombeau ouvert — à plus de 10% par an ?

Le problème, avec les vitesses à tombeau ouvert, c’est qu’on finit effectivement au cimetière. La Chine devrait ralentir… ou elle va finir par avoir un accident. Sauf que si elle ralentit, le monde entier ralentit avec elle.

Quant à cette "croissance" — elle n’est qu’une contrefaçon, de toute manière. Ce n’est pas de la véritable croissance… c’est un ersatz de croissance, généré par des dépenses gouvernementales de plus en plus élevées. Les autorités (les haleurs) font semblant d’avoir le contrôle. Elles veulent nous faire croire qu’elles ont le contrôle. Mais elles-mêmes sont hors de contrôle !

Augmenter les dépenses gouvernementales peut-il vraiment rendre les gens plus prospères ?

Montrez-nous un exemple !

▪ "Les Etats-Unis sont insolvables", déclare le rapport d’un fonds de couverture. Au troisième trimestre de l’an dernier, le gouvernement fédéral avait des actifs de 2 670 milliards de dollars, pour un passif total de 14 120 milliards de dollars.

Soit une position négative nette de plus de 11 000 milliards de dollars. Au passage, on prévoit que tout ça va empirer rapidement. Les autorités devraient augmenter leurs dettes d’environ 3 000 milliards supplémentaires au cours des deux prochaines années. Les dépenses fédérales ont pris le mors aux dents… les autorités ont perdu le contrôle de leur propre budget, sans parler de l’économie.

En général, les prêteurs recherchent ce qu’ils appellent "la couverture" de la dette — la dette comparée aux revenus. Si l’on prend les revenus US dans leur ensemble, on s’aperçoit que la dette fédérale américaine représente actuellement un peu plus de 80% du PIB. Mais ce chiffre augmente rapidement. Il dépassera les 100% dans deux ou trois ans seulement.

Et alors ? Tant qu’on a un revenu suffisant pour couvrir tout ça, pas de quoi s’inquiéter, non ? D’accord, considérons les choses sous cet angle.

Sauf que ce n’est guère brillant là non plus. L’impôt sur le revenu ne génère que 43% du budget. Les autorités obtiennent un peu plus grâce aux impôts sur les sociétés et autres… mais le déficit est énorme… représentant entre un tiers et la moitié de toutes les dépenses.

Tout ça n’est guère prometteur. La plupart des déficits n’ont pas été engendrés par des réactions d’urgence à une crise financière. La plupart des chiffres dans le rouge sont "structurels" — le résultat de programmes déjà mis en place avant que la crise se déclare. Ils sont difficiles à réduire, puisque leur élimination exigerait des actes majeurs de volonté politique. Ils tendent donc à continuer.

Ce qui signifie que les Etats-Unis doivent emprunter de gigantesques quantités d’argent simplement pour continuer à dériver dans le style auquel ils sont désormais accoutumés. Il n’y a pas de fin visible aux déficits… aucun moyen pratique de les réduire… et aucune sortie du tourbillon de la dette. Ce qui signifie que les prêteurs n’ont plus aucun intérêt à les financer.

Rien de neuf à ça…

Mais nous dérivons… nous errons… nous flottons d’une rive à l’autre… et nous nous demandons quand nous allons finalement sombrer.

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