La Chronique Agora

L'argent intelligent ne l'est pas tant que ça

** Nous avons l’impression que l’argent intelligent profite de la récente hausse des cours pour vendre. Pourquoi ? Parce qu’on est dans un marché baissier, et que l’argent intelligent le sait.

* La Chronique Agora avait raison depuis le début — c’est du moins l’angle que nous prenons aujourd’hui. Nous avons dit que le marché haussier avait atteint son sommet en 2000 — et qu’il serait suivi par un marché baissier géant de long terme. Mais ces huit dernières années, ce marché baissier a été retardé… et déguisé. Il a été retardé par la plus grosse inondation de liquidités fiscales et monétaires depuis le Déluge. En quelques mois, le budget fédéral des Etats-Unis est passé d’un surplus de quelques centaines de milliards de dollars à un déficit de plusieurs centaines — un stimulant de plus de 700 milliards de dollars.

* Parallèlement, la Fed de Greenspan a fait baisser les taux jusqu’à 1%… et ne les a ré-augmentés qu’à contre-coeur. En fait, ils sont toujours plus bas que le taux d’inflation — six ans plus tard !

* Cette injection de cash et de crédit a permis de retarder un sérieux déclin des marchés. Mais elle a également provoqué une hausse de l’inflation des prix à la consommation qui a masqué ce qui se produisait réellement. Même si les prix nominaux sont plus ou moins en ligne avec leur niveau d’il y a huit ou dix ans, l’inflation a fait baisser leur valeur réelle de 25-30%.

* Qui s’en est aperçu ? Même maintenant, les gens pensent encore qu’ils peuvent s’enrichir s’ils détiennent simplement "des actions pour le long terme". Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que la tendance peut durer plus longtemps qu’eux. Le précédent sommet majeur, pour les actions américaines, s’est produit en 1966. Les investisseurs ont ensuite attendu jusqu’en 1982 — c’est-à-dire 16 ans — avant que le marché haussier suivant ne commence… et jusqu’en 2000 pour qu’il atteigne son apogée. Si l’on se base sur de tels calculs, le prochain sommet du marché haussier pourrait ne pas se produire avant 2034.

* Pourquoi nous inquiéter ? Nous venons tout juste de fêter notre 60ème anniversaire. En 2034, nous aurons 86 ans. Nous allons attendre.

** Mais si les investisseurs intelligents vendent les actions, que font-ils avec la somme ainsi obtenue ? Nous avons recommandé d’acheter de l’or. Apparemment, l’argent intelligent ne suit pas notre conseil. L’or rechute.

* L’argent intelligent recherche la sécurité. Mais il semble penser qu’elle se trouve dans les bons du Trésor US plutôt que dans le métal jaune. Voilà qui nous pousse à croire que l’argent intelligent n’est pas aussi malin qu’il le pense. Nous pensons que le crédit du plus grand débiteur de la planète se révélera moins sûr que prévu. Les dettes et les obligations financières du gouvernement américain continueront de grimper bien plus rapidement que la croissance de l’économie. Sous l’administration Bush, elles ont grimpé plus rapidement qu’à tout autre moment de l’histoire du pays. Nous doutons qu’elles ralentissent si Obama est élu. Les Etats-Unis finiront par être identifiés pour ce qu’ils sont — un emprunteur subprime. Et en fin de compte, les bons du Trésor US seront considérés comme s’ils étaient des actions de Fannie Mae.

* Le gouvernement américain vient de prendre le contrôle des prêteurs hypothécaires — Fannie et Freddie. De combien est-ce que cela alourdira les dettes des Etats-Unis ? Nous n’en savons rien. Personne ne le sait. Lorsqu’on a posé la question à quelqu’un qui devrait savoir — Henry Paulson — il a rétorqué : "on n’est pas restés assis à définir ça avec une calculatrice".

* Apparemment, prendre le contrôle de Mac et Mae était une question de sécurité financière nationale, sur laquelle on ne peut pas mettre de prix. Mais le coût sera énorme. Tôt ou tard, quelqu’un finira par dégainer une calculatrice.

* Comme USA Today l’avait expliqué, les contribuables sont redevables de milliers de milliards de dollars. On pourrait s’attendre à ce qu’ils protestent, avec ce genre de fardeau sur les épaules. Mais personne ne pense vraiment devoir payer pour le sauvetage de l’immobilier. On pense plutôt que les coûts vont disparaître — comme l’odeur de cigarette dans une chambre d’adolescent — dommage, l’odeur de la dette persiste bien après que l’argent a été dépensé, et en fin de compte, la mère ouvre la porte.

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