La Chronique Agora

L'Allemagne a-t-elle percé le secret de l'Etat providence ?

▪ Les économistes commencent enfin à se poser des questions. Comment se fait-il que l’économie ne se porte pas mieux ? Pourquoi les consommateurs ne dépensent-ils pas ? Pourquoi les entreprises n’embauchent-elles pas ?

Ils pensaient avoir affaire à une récession typique — simplement une récession qui était pire que d’autres. A présent, ils se creusent la tête. Elle ne se comporte pas comme une récession typique. Peut-être que ce n’est pas du tout un problème cyclique, commencent-ils à se dire. Peut-être que c’est structurel. Peut-être que quelque chose va devoir changer. Mais quoi ? Comment ? Quand ?

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Quoi qu’il se passe, ce n’est pas une "reprise". Ce n’est pas non plus une dépression — du moins pas pour l’instant. Pour l’instant notre hypothèse d’une Grande Correction semble une aussi bonne explication qu’une autre.

De Bloomberg :

"Les perspectives de la croissance économique américaine ont été mises à mal cette semaine après que les chiffres ont montré que le déficit commercial a enflé tandis que les consommateurs réduisaient leurs dépenses".

"Les investisseurs devraient se préparer à ‘des changements structurels majeurs’ alors que l’économie mondiale passe à une croissance plus lente, a déclaré Mohamed A. El-Erian, P.D-G de Pacific Investment Management Co. durant une interview radio sur ‘Bloomberg Surveillance’ avec Tom Keene".

Les consommateurs dépensent moins — ce n’est pas une surprise. C’est exactement ce à quoi on peut s’attendre durant une correction. La mauvaise nouvelle, c’est le déficit commercial. Il nous dit que le peu que les consommateurs dépensent ne va pas aux producteurs américains. Ces dollars partent à l’étranger.

Ce qui signifie que les Etats-Unis continueront à se ruiner pour que d’autres puissent avoir la prospérité — en abondance. Les emplois seront créés dans des pays étrangers, pas aux Etats-Unis. Les profits seront gagnés par des firmes étrangères — ou par des entreprises américaines ayant une activité à l’étranger. Les capitaux/le savoir-faire/l’expertise/la technologie — tous les ingrédients nécessaires pour le succès dans l’économie moderne — continueront à s’accumuler en dehors des Etats-Unis.

Oui, cher lecteur, la Grande Correction se poursuit. Elle corrigera certainement la bulle du crédit… la bulle de l’immobilier… et la bulle boursière. Elle pourrait corriger bien plus que ça, également — notamment le dollar… le marché immobilier américain… la bulle de puissance des Etats-Unis… et leur niveau de vie démesuré.

▪ D’Allemagne nous vient la nouvelle d’une remarquable résurgence. Dans le New York Times :

"Le gouvernement a annoncé vendredi une croissance économique de 2,2% au deuxième trimestre, la meilleure performance de l’Allemagne depuis la réunification il y a 20 ans — équivalant à un taux de croissance de près de 9% si la croissance restait aussi robuste toute l’année".

"Les vigoureux chiffres de la croissance soutiendront également la conviction que les travailleurs et les entreprises allemands ont fait ces dernières années les sacrifices à court terme nécessaires pour le succès à long terme que les partenaires européens de l’Allemagne n’ont pas fait. Et cela renforcera le point de vue répandu parmi les décideurs politiques qu’ils ont bien mieux géré la crise financière et la récession douloureuse qui l’a suivie que les Etats-Unis, qui, comme [les Allemands] n’hésitent pas à le rappeler, ont poussé le monde dans cette crise".

"La vaste expansion d’un programme payant pour que les travailleurs restent au travail, plutôt que de s’occuper d’eux une fois qu’ils ont perdu leur emploi, a été la mesure la plus directe prise au plus fort de la crise. Mais les racines du succès de l’Allemagne, nourri par les exportations, remontent à la douloureuse restructuration menée par le précédent gouvernement du chancelier Gerhard Schröder".

"En réduisant les allocations chômage, en assouplissant les règles d’embauche et de licenciement, et avec une collaboration entre les patrons et la main-d’oeuvre pour maîtriser les salaires, l’Allemagne s’est assurée de pouvoir à nouveau exporter jusqu’à renouer avec la croissance, grâce à des entreprises agiles et compétitives produisant des voitures et des machines-outils dont les économies mondiales — émergentes comme développées — ont besoin".

"Les Allemands ont évité le boom de la consommation alimenté par la dette dont beaucoup pensent qu’il a contribué à la crise financière. Durant la récession, la chancelière Angela Merkel a résisté au palliatif des dépenses gouvernementales que les Etats-Unis et certains partenaires européens pensaient essentiel pour restaurer la croissance".

"Comme le montrent les derniers chiffres, l’Allemagne produit plus que ses voisins, creusant l’écart et donnant naissance aux craintes d’une Europe à deux vitesses qui pourrait rendre la devise commune instable. L’économie française n’a enregistré qu’une petite fraction du chiffre allemand, 0,6% au deuxième trimestre. L’économie espagnole a crû quant à elle d’un anémique 0,2%, tandis que la Grèce a reculé de 1,5%".

Eh bien, que pensez-vous de ces Allemands ? Ils ignorent Tim Geithner, Martin Wolf, Paul Krugman et tous les autres empêcheurs de tourner en rond keynésiens. Ils s’en tiennent aux bases. Ils encouragent le travail et la productivité. Et que se passe-t-il ? Les fourmis teutonnes raflent les parts de marché de leurs concurrents cigales.

Vous vous rappelez comment Wolf et al. ont recommandé aux Allemands de ne pas travailler si dur ? On avait recommandé à Angela Merkel d’augmenter les salaires en Allemagne… et de stimuler les dépenses. On disait que les Allemands produisaient trop, qu’ils travaillaient trop dur et qu’ils ne paressaient pas assez.

"Vous devriez être plus comme nous", ont dit les Anglo-Saxons. Heureusement, Merkel a eu le bon sens de les ignorer.

Est-ce que ça signifie que la crise est terminée pour les Allemands ? Ont-ils trouvé le moyen de faire fonctionner l’Etat providence ?

Peut-être. Il ne fait aucun doute qu’ils sont sur une meilleure voie que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Mais il y aura sans le moindre doute des nids-de-poule.

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