La Chronique Agora

La volatilité est votre amie

▪ L’environnement d’investissement n’est pas facile. Les fondamentaux semblent ne rien signifier. Le marché se dessine à coups de crayon grossiers et sous le coup de l’émotion. Tout semble hausser et baisser en même temps.

Il est fascinant de voir comment les gens font face à la volatilité. Leurs choix et comportements conduisent à des constellations de prix très étranges.

Un de mes amis gestionnaire de portefeuille m’a envoyé une note de Noah Blackstein, dirigeant de Dynamic Alpha Performance Fund. M. Blackstein remarque que le marché recherche des rendements et des actions à beta faible. En français, cela signifie que les gens recherchent des revenus et des actions qui ne varient pas autant que le marché.

Le beta d’une action est la mesure la plus fréquente de la volatilité. Si le beta d’une action est 1, cela signifie qu’elle suit le même rythme que marché. Un beta de 1,5 signifie que l’action varie 50% en plus que le marché. Ainsi, si le marché hausse de 10%, l’action hausse de 15%. Un beta faible de 0,50 signifie que l’action ne variera que de moitié par rapport au marché. Ce sont ces actions à betas faibles qui sont aujourd’hui prisées des investisseurs.

De ce fait, les actions qui présentent les caractéristiques souhaitées sont devenues chères. Blackstein nous en donne un exemple lorsqu’il compare Microsoft à Southern Com.

« Microsoft s’échange à neuf fois son bénéfice par action (BPA), la croissance de son BPA sur cinq ans est de 13%, le rendement de 3,1% et son bilan présente beaucoup de liquidités disponibles. Southern Co. s’échange à 17,5 fois son BPA, son taux de croissance sur cinq ans est de 3% et le rendement est de 4,4%, alors que l’entreprise est très lourdement endettée ».

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+55% de gain en trois heures !
C’est à Mathieu Lebrun qu’on doit cette plus-value engrangée en quelques heures… grâce à un placement plutôt surprenant : le CAC 40.

Pour parvenir à ce résultat (et de nombreux autres tout aussi profitables), Mathieu s’appuie sur un instrument de trading bien précis…

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La situation est pire si l’on compare les entreprises canadiennes aux entreprises américaines. Blackstein donne pour exemple Enbridge, un fabricant de pipelines. Le rendement est de 2,7%, son PER est de 24. L’entreprise est lourdement endettée. L’action est en hausse de 30% cette année. Par comparaison, Microsoft a un meilleur rendement (3,1%), offre un PER plus faible (neuf) et possède plein de liquidités. L’action est en baisse de 9%.

Pourquoi ?

▪ Une bulle de betas faibles
L’explication est simple. Microsoft a un beta de 0,78 ; celui de Southern est de 0,38 ; et celui d’Enbridge 0,15. Les acteurs du marché préfèrent acheter une action qui ne leur permet même pas d’acheter une bouteille de Maalox lorsque le marché global est extrêmement volatil. C’est le beta faible qui l’emporte. « Comment ceci peut-il être autre chose qu’une bulle de betas faibles ? » demande Blackstein.

Toutefois, même si les cours de Bourse, sur le court terme, ont toutes sortes de sursauts totalement incompréhensibles, le marché remet les choses en place de manière rationnelle sur le long terme. Les actions de banques en faillite ont fini par atteindre zéro. Les actions sous-évaluées ont fini par devenir pleinement valorisées.

Les fondamentaux peuvent ne pas vouloir dire grand-chose pour le trading au jour le jour ou le trading semaine après semaine, mais ils finissent par se dégager au bout de quelques années. Ceci est la base d’un investissement intelligent.

J’ai déjà évoqué dans d’autres chroniques Doug Barnett, qui dirige Thai Focused Equity Fund. Son fonds affiche une performance phénoménale dans un marché très volatil. Les actions grimpent et plongent au gré des rumeurs et jouent aux montagnes russes émotionnelles, mettant ainsi à rude épreuve la détermination de ses actionnaires. Mais sur le long terme, le marché introduit une discrimination. Le record atteint par Barnett de 18% de rendements annualisés le prouve. Comme observe Doug : « vous êtes récompensés pour avoir choisi un chemin plus volatil vers vos objectifs ». 

Le second pilier sur lequel bâtir est de savoir que vous gagnez souvent de l’argent en prenant la contrepartie des trades populaires. Plus spécifiquement, vous obtenez de très bons prix pour prendre l’opposé d’un trade populaire. Ceci est la base de l’investissement à contre-courant, qui recherche un consensus fort pour parier contre lui.

Par conséquent, si le marché veut des rendements et une faible volatilité, il s’ensuit que vous obtiendrez plus en choisissant des actions sans ou avec un faible rendement et une forte volatilité.

▪ Quelles valeurs privilégier dans de telles conditions ?
Bref… Vous devriez éviter les actions des services publics (utilities). Même si elles sont attirantes, basées sur le rendement du bon du Trésor US à 10 ans (qui, en toute franchise, est un chiffre trafiqué par la Fed), il y a les titres classiques à beta faible que le marché adore en ce moment même. Comparés à tout le reste, ils souffrent (revoir la comparaison entre Microsoft et Southern Co.).

A la place, vous devriez rechercher les valeurs de plus petite capitalisation, qui ont traditionnellement un beta élevé. Soit dit en passant, il est facile de trouver les betas. Vous pouvez par exemple les trouver sur Yahoo! Finance sous la partie « statistiques ».

Les actions des compagnies minières junior et des producteurs de pétrole et de gaz à petite capitalisation se sont effondrées dernièrement. Ce sont là des domaines où la valorisation est bonne. Pour la plupart d’entre elles, les betas tournent autour de deux. La plupart des valeurs de petite capitalisation présentent des betas élevés et de ce fait, le marché les évite encore.

J’ajoute que vous pouvez encore obtenir de bons rendements dans des actions à beta élevé.

Naturellement, vous devrez vous montrer patient. Si vous allez vous tracasser pour des fluctuations court terme, vous allez finir par être sur les nerfs, vendre dans les plus bas et vous rendre malheureux tout en vous appauvrissant. Vous devez décider si vous êtes prêt à jouer le jeu. Si vous l’êtes, vous devez vous accrocher…

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