La Chronique Agora

La voie du milieu

** "Les bains, le vin et Vénus corrompent nos corps,
Mais les bains, le vin et Vénus sont notre vie"…
Inscription sur une tombe romaine

** Oui, cher lecteur… nous sommes à Rome. Nous avons profité du vin. Nous avons pris un bain ou deux — dans notre salle de bains privée. Et Vénus ? Eh bien… La Chronique est une lettre tous publics…

* Hier après-midi, nous sommes allé visiter les thermes de Caracalla, construits au début du troisième siècle par le père de Caracalla, Septime Sévère, et inaugurés par le fils après la mort de Sévère.

* "Surendettement" n’est pas un mot latin. Mais il a presque été inventé pour décrire ce que les Romains se sont faits à eux-mêmes… à leur empire… et à leur devise.

** Il y a tant de "bruit" dans le système financier qu’on ne s’entend plus penser. Les journaux sont pleins de distractions et d’absurdités. On peut trouver quasiment tous les points de vue qu’on veut. Certains affirment que les banques centrales gagnent le combat… que les marchés actions n’ont pas baissé parce qu’ils se préparent à grimper… et que le marché de l’immobilier ne va pas tarder à faire de même.

* "Les craintes de faillites bancaires reculent", titrait le Financial Times.

* D’autres affirment que le pire est encore à venir… que les marchés boursiers vont imploser… que les prix de l’immobilier chuteront de 20% supplémentaires… et que le monde entier va sombrer dans une récession monumentale.

* "Le ralentissement de l’immobilier pourrait dépasser celui de la Grande dépression", dit un journal de San Diego.

* Nous adoptons la voie du milieu — les actifs financiers (y compris la monnaie papier), l’industrie financière, le cycle du crédit, le système monétaire de l’étalon-dollar et les Etats-Unis eux-mêmes sont dans un déclin historique… tandis que les marchés émergents, l’or et les matières premières sont dans une hausse comme on n’en verra pas deux fois dans une vie d’investisseur.

* Voyons ce que les gros titres ont à en dire…

* Le marché immobilier est-il en train d’empirer ? Eh bien, vous avez vu ce qu’en dit un journal de San Diego ; ce pourrait être pire que la Grande dépression, selon lui. Le Los Angeles Times rapporte quant à lui que la Californie enregistre un nombre de saisies record. Et dans le Nevada, la presse locale nous apprend que les ex-propriétaires ne sont guère aimables avec leurs successeurs. Ils vandalisent les maisons avant de les quitter, déclare le journal, allant jusqu’à mettre du ciment dans la plomberie. Ils sont énervés, continue l’article, parce qu’ils pensent avoir été mal traités par l’industrie des prêts immobiliers.

** Pauvre Caracalla. Il a passé toute sa vie à repousser les barbares… ou à être repoussé par eux. Et pour tout remerciement… un de ses hommes l’a poignardé à mort.

* Mais il l’avait bien mérité.

* C’était un enfant sage, disent les historiens : sed haec puer. Mais il tourna mal relativement rapidement. Après la mort de son père, il régna avec son frère, Geta. Il assassina ensuite Geta en 212 av. J.C., et se tourna vers l’armée pour obtenir du soutien. Après avoir consolidé sa position, il commença la purge des anciens amis et partisans de son frère. Plus d’un millier furent assassinés.

* Il semblait vouloir imiter Alexandre le Grand… et commença même à se promener avec la tête légèrement penchée à droite, comme il l’avait vu sur un portrait d’Alexandre. Il chercha à construire sa gloire avec une série de campagnes contre les Gaulois, les Chatti, les Alamanni et les Getae. Il pilla Alexandrie après avoir entendu dire que les citoyens parlaient de lui avec mépris. Et il préparait une guerre contre les Parthes quant il fut tué.

* Sa plus grande réussite fut la Constitutio Antoniniana, qui faisait de tous les habitants de l’empire des citoyens égaux. On se souvient également de lui grâce à une nouvelle pièce — l’antoninianus — qui remplaça le denarius. C’était une manière de gérer l’inflation qui perturbait l’empire. Les guerres étaient chères, à l’époque, comme elles le sont maintenant. Mais à l’époque, elles étaient aussi parfois des opérations profitables, dans la mesure où une armée victorieuse capturait généralement assez de butin pour rentrer dans ses frais — et plus encore. Mais plus l’empire grandissait, plus il avait de voisins, plus ses frontières s’étendaient, et plus il fallait de garnisons pour le protéger. Les gens à domicile avaient besoin de pain et de jeux également — sans quoi ils se retournaient contre l’empereur… et faisait passer le pouvoir à son rival.

* Rome ne tarda pas à se retrouver à court de devises, qui étaient alors calibrées en or et/ou en argent-métal. L’antoninianus était un moyen de déprécier la devise. Il avait une valeur faciale de trois fois celle du denarius, mais avec le même contenu en métal.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile