La Chronique Agora

La vie imite la farce

** La vie imite la farce, cher lecteur.

** A l’occasion, nous offrons un point de vue hyperbolique sur la nature de l’homme, de ses marchés ou de son gouvernement. Et – incroyable ! — un idiot finit par faire de nous un prophète !

* Il y a longtemps, nous avons écrit que "les Américains abandonneraient volontiers leurs libertés à quiconque pourrait leur garantir une hausse de l’immobilier", ou à peu près.

* Et voilà les dernières nouvelles…

* Le journal Libération a publié cette semaine un dessin humoristique moqueur, montrant George W. Bush mendiant 100 milliards de dollars dans les rues.

* Oui, le coût du sauvetage est annoncé à 700 milliards de dollars. Mais il pourrait se monter à bien plus. Nous avons vu passer les 1 000 milliards à plusieurs reprises ; ce chiffre semble trouver son origine chez Ken Rogoff, qui a calculé le coût total comme étant le double de la Resolution Trust Company (RTC). La RTC avait coûté aux Etats-Unis 3% de leur PIB lorsqu’elle avait repris les Caisses d’épargnes US en pleine débâcle dans les années 90. Cette fois-ci, la situation est bien plus grave, estime-t-il… cela coûtera au moins deux fois plus cher en termes de PIB… soit 7% à peu près… ou environ 1 000 milliards de dollars pour donner un chiffre rond.

* Où les autorités obtiendront-elles ce genre de somme ? Ah… elles vendent leur âme… liquident leurs droits… et enroulent des chaînes de dette au cou de tous les Américains. Le déficit gouvernemental américain atteint déjà les 490 milliards de dollars. Avec le coût du ralentissement… et du renflouage… il devrait toucher les 1 000 milliards… ou plus.

* Jamais, depuis les années 30, les Etats-Unis n’avaient vécu une réorganisation aussi radicale de leurs institutions économiques. Jamais depuis Roosevelt… et le New Deal.

* Mais attendez… les Etats-Unis étaient censés être leaders dans le domaine de la liberté. Ils étaient si résolus qu’ils en gavaient littéralement les pauvres Arabes et Afghans… Mais à présent que les gens perdent leurs maisons et que les bonus de Wall Street sont en danger… la liberté est la dernière chose dont ils ont besoin.

*Interdisez les ventes à découvert ! Nationalisez les prêteurs hypothécaires ! Nationalisez les assureurs ! Endossez les mauvaises dettes et renflouez les mauvais investissements de l’industrie financière tout entière ! Dépensez un milliard. Cinquante milliards. Mille milliards !

* "C’est vraiment fabuleux", écrit Brian Reade dans le tabloid britannique The Mirror. "Etant donné la manière dont sont soutenus les deux plus grands organismes de prêts hypothécaires américains, plus de la moitié des foyers américains sont désormais, dans les faits, propriétés de l’Etat… Qui aurait pu imaginer que lorsque le néo-conservateur le plus à droite quittera son poste, 50% du Pays de la Liberté seront, dans les faits, [des logements sociaux]".

* Oui, quasiment tous les actes imbéciles que nous avons pu imaginer sont devenus des faits. Aucune exagération n’est trop extrême. La vie imite la farce.

** Il y a quelques années, dans un petit moment de légèreté… nous avons suggéré que la Guerre contre la Terreur était une absurdité… "Pourquoi pas une guerre contre les marchés baissiers ?", avons-nous écrit.

* Et voilà que nous en avons une !

* Oui, le Premier ministre anglais, Gordon Brown, a comparé la lutte mondiale, dirigée par les Etats-Unis, contre la baisse du prix des actifs à "la guerre contre le terrorisme".

* Et c’est vrai qu’elles sont similaires par de nombreux aspects. Elles coûteront à peu près la même somme — plus de 1 000 milliards de dollars. Et elles produiront les mêmes résultats généraux : moins de liberté pour tout le monde.

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