La Chronique Agora

La VERITABLE dette américaine

Encore un mois écoulé. Encore un mois qui nous rapproche de la faillite.

Pas vous, cher lecteur.

Nous parlons du gouvernement américain.

De nombreux faits sont interprétés, faussés et bidouillés. Mais les chiffres continuent de grimper.

Dans le rouge.

C’est à peine si la presse américaine en parle. Les journaux savent que les Américains ne sont pas intéressés. Aux Etats-Unis, les gens pensent qu’on finira par s’en sortir… qu’on trouvera un moyen de se sortir de la dette…

… Ou peut-être qu’il y aura un miracle ! Aux Etats-Unis, nous croyons à toutes sortes de choses miraculeuses… incroyables… et absurdes.

Vous avez trop de dette ? Nous allons y remédier en vous donnant encore plus de dette !

Les gens n’ont pas assez de vrai argent ? Pas de problème, nous allons les dépanner avec de l’argent « pour de semblant ».

Les autorités ont-elles manqué la plus grande explosion financière de tout les temps ? Ont-elles échoué à mettre fin à la plus grande « arnaque en pyramide » de l’histoire ? Ont-elles parfaitement raté toutes leurs tentatives de contrôler la bulle et les dommages qu’elle a causés ?

Oui ? Eh bien, donnons-leur 10 000 milliards de dollars de la part des contribuables américains, et voyons si elles peuvent faire mieux la prochaine fois !

Des fantasmes, des hallucinations, des illusions — et n’oubliez pas la « guerre contre la terreur »… la toute première guerre de l’histoire à être menée contre personne en particulier.

▪ Mais revenons-en à qui doit quoi à qui. Nous parlons du gouvernement américain. Et le Globe & Mail, journal canadien, a le fin mot de l’histoire :

« La vraie dette du gouvernement américain est effrayante ».

« L’économiste Laurence Kotlikoff, de l’Université de Boston, déclare que la dette gouvernementale n’est pas de 13 500 milliards de dollars (US), soit 60% du PIB actuel, comme le pensent les investisseurs mondiaux et les contribuables américains, mais 14 fois plus élevée : 200 000 milliards de dollars, soit 840% du PIB actuel. ‘Soyons réaliste’, dit le Pr. Kotlikoff, ‘les Etats-Unis sont en faillite’.

« Dans le numéro de septembre de Finance and Development, journal du Fonds monétaire international, le Pr. Kotlikoff déclare que le FMI lui-même a discrètement confirmé que les Etats-Unis connaissent de terribles problèmes budgétaires — bien pire que ce que le prêteur de dernier recours, basé à Washington, avait précédemment admis. ‘Le déficit budgétaire américain est gigantesque’, affirmait le FMI dans un rapport en juin. ‘Pour le combler, il faut un ajustement budgétaire annuel permanent équivalent à 14% du PIB’. »

« Cette somme représente toutes les taxes fédérales américaines actuelles combinées. Les conséquences de la solution budgétaire proposée par le FMI — un doublement perpétuel des taxes fédérales — seraient terribles, voire pire. Selon le Pr. Kotlikoff : ‘le FMI affirme que pour combler ce fossé budgétaire [par l’impôt], il faudrait doubler immédiatement et de manière permanente nos impôts sur le revenus, nos impôts sur les sociétés et toutes les autres taxes fédérales’. »

« Il cite des calculs fait précédemment par le Bureau du budget du Congrès US (CBO) concluant que les Etats-Unis devraient augmenter leurs revenus fiscaux de 12 points de pourcentage du PIB pour aligner les revenus avec les engagements de dépenses. Mais les calculs du CBO se basaient sur le fait que la croissance des programmes gouvernementaux (dont Medicare) serait réduite d’un tiers à court terme, et de deux tiers à long terme. Cette supposition, note le Pr. Kotlikoff, est politiquement peu plausible — sinon politiquement impossible ».

« D’une manière ou d’une autre, le fossé budgétaire doit être comblé. Sinon, les dépenses du pays dépasseront toujours la croissance de ces revenus, et personne ne peut voir sa dette réelle augmenter plus vite que ses revenus réels pendant longtemps ».

« Le Pr. Kotlikoff utilise le terme ‘fossé budgétaire’, et non l’accumulation de déficits, pour définir la dette publique. Le fossé budgétaire est la différence entre les revenus prévus d’un gouvernement (exprimés selon la valeur actuelle du dollar) et ses dépenses prévues (également exprimées selon la valeur actuelle du dollar). Si l’on suit ce critère, les Etats-Unis vont encore moins bien que la Grèce ».

« Le Pr. Kotlikoff est un économiste reconnu. Il est chercheur auprès du Bureau américain de recherches économiques. Il a également été économiste au sein du Conseil économique de Ronald Reagan, lorsque ce dernier était président ».

« Selon [Pr. Kotlikoff], les Etats-Unis ne peuvent mettre fin à leur crise budgétaire en augmentant les impôts. Il est opposé à de nouvelles dépenses de relance parce qu’elles ne feront qu’augmenter la dette. Mais il suggère des réformes qui pourraient être utiles — dont la plupart exigent une réduction significative du rôle de l’Etat. Il propose que le gouvernement donne à chaque personne un ‘bon’ annuel pour les soins de santé, à condition que le coût total ne dépasse pas les 10% du PIB (les soins de santé américains consomment actuellement 16% du PIB). Il suggère le remplacement de toutes les taxes fédérales actuelles par une seule taxe sur la consommation de 18%. Il appelle à des comptes-retraite personnels sponsorisés par le gouvernement, ce dernier ne contribuant qu’aux comptes des pauvres, des chômeurs et des personnes ayant un handicap. Sans réforme drastique, déclare le Pr. Kotlikoff, la seule alternative serait une gigantesque impression de devise par le Trésor — et de l’hyperinflation ».

Attendez une minute, dit notre vieil ami Jim Davidson. Le Pr. Kotlikoff a tort. Il « surestime inexplicablement la solvabilité des Etats-Unis », dit-il.

Jim n’a pas tort. C’est n’est pas le PIB dans son ensemble qui soutient le gouvernement — mais uniquement la partie produite par le secteur privé. La partie du gouvernement est un coût… non une source de financement. Le fossé budgétaire total — c’est-à-dire les engagements gouvernementaux non-financés — dépasse les 200 000 milliards de dollars. Soit environ 14 fois le PIB. Mais si on le compare à la production réelle du secteur privé, il est 20 fois plus important.

S’il s’agissait d’une dette plus traditionnelle, elle devrait être financée. Les taux d’intérêt sont à un plus bas de 60 ans. Mais ils pourraient facilement remonter à 5% en peu de temps. A ce taux, il faudrait 100% de la production du secteur privé rien que pour suivre le rythme.

Le Pr. Kotlikoff a raison. Les Etats-Unis sont déjà en faillite. Ruinés. Sur la paille. Ils ne peuvent pas honorer leurs engagements. D’une manière ou d’une autre, ils doivent donc y faire défaut.

Mais comment ? C’est ce que nous n’allons pas tarder à savoir.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile