La Chronique Agora

La théorie et la pratique de l'assouplissement quantitatif

▪ Eh bien, cher lecteur, vous connaissez les faits aussi bien que nous.

"Les actions américaines grimpent alors que la Fed annonce des rachats supplémentaires de titres du Trésor", annonçait Bloomberg. "Les actions US ont gagné du terrain, les banques aidant les indices de référence à effacer leurs pertes après que la Réserve fédéral a annoncé 600 milliards de dollars supplémentaires de rachats de titres du Trésor jusqu’en juin, afin de stimuler la croissance dans la plus grande économie au monde".

"’Rien ici ne me dit que nous devrions vendre les actions’, a déclaré Paul Zemsky, à la tête de l’allocation d’actifs pour ING Investment Management, à New York, qui gère 550 milliards de dollars. ‘Les derniers chiffres économies ont été bons. La Fed et les élections sont derrière nous. Il y a donc moins d’incertitude’."

"Le S&P 500 a grimpé de 17% entre le 2 juillet et mercredi dernier, à mesure que les probabilités augmentaient de voir les républicains prendre le contrôle de la Chambre des représentants US. Le parti républicain, même s’il n’a pas repris le Sénat, a réduit la majorité démocratique de la Chambre mercredi dans une élection dominée par l’anxiété des électeurs concernant l’emploi et l’économie".

"Les républicains ont gagné au moins 60 sièges à la Chambre sur l’ensemble du pays, capitalisant sur les inquiétudes devant l’augmentation des dépenses gouvernementales ces deux dernières années, et rabattant l’ambition du programme interne du président Barack Obama".

"Le S&P 500 pourrait regagner jusqu’à 16% durant les six prochains mois parce que l’élection mettra des bâtons dans les roues des initiatives législatives au Congrès US, selon l’investisseur milliardaire Kenneth Fisher".

Quoi ? Est-ce qu’il invente juste tout ça ? Peut-être que les actions vont grimper. Peut-être qu’elles vont baisser.

Nous n’en savons rien. Et nous ne nous en soucions pas. Les actions ne sont pas bon marché. Et les Etats-Unis en sont encore au début d’un ajustement majeur… une Grande correction qui pèsera probablement sur les profits des entreprises pendant de nombreuses années.

De plus, le marché boursier n’a jamais été à son rendez-vous historique avec la benne à ordures. Oui, toutes les classes d’actifs vont de la poubelle au sommet — et retour. Selon nos calculs, les actions américaines sont sur la pente descendante de ce trajet. Nous attendrons qu’elles atteignent la décharge — c’est-à-dire lorsqu’elles seront à des prix cassés — avant de nous y réintéresser.

Bien entendu, nous pourrions attendre longtemps. Pour aller du plancher au sommet, il faut en général entre 16 et 20 années. Si l’on prend janvier 2000 comme était le sommet… lorsque le Nasdaq a atteint son sommet… nous avons encore six années environ à patienter. Mais si le sommet était le plus haut atteint par le Dow en 2008… oh là là, nous pourrions attendre 2028 avant d’atteindre finalement le plancher.

Et n’oubliez pas que le Japon a vu 20 ans s’écouler entre ses glorieux jours de 1999 et son plancher de 2009. Il pourrait en aller de même aux Etats-Unis. Et alors ? Nous pouvons attendre…

▪ Mais parlons de choses plus gaies. Les républicains ont gagné 60 sièges à la Chambre des représentants US. Cela signifie que le Congrès est paralysé. Obama ne semble pas comprendre ce qui est en train de se produire. Et Ben Bernanke fait marcher la planche à billets.

La Fed a annoncé un programme de rachats de 600 milliards de dollars, entre ici et juin. Même en dollars, ça fait beaucoup d’argent à injecter dans un marché. Le but déclaré est d’abaisser plus encore les taux d’intérêts… pour essayer de pousser les entreprises à embaucher et les consommateurs à dépenser.

Est-ce que ça fonctionnera ? Est-ce que ça engendrera de la vraie prospérité… de la croissance… et de la richesse ? Ha ha. Non. Pas une chance.

Comment pouvons-nous en être si certain ? Eh bien, par la théorie et la pratique. En théorie, ça n’a aucun sens. Les vrais emplois requièrent de vrais investissements par de vrais investisseurs, entrepreneurs et hommes d’affaires. Il faut du temps. De l’habileté. De la chance. Donner plus d’argent aux banques (ce qui se passe avec l’assouplissement quantitatif) ne fait que déstabiliser les producteurs sérieux. Ils ne savent pas ce qui va arriver. De l’argent bon marché pour toujours ? L’inflation va-t-elle augmenter ? Que devraient être les taux d’intérêt ? Ils n’en ont aucune idée. Alors ils attendent… et observent… et la crise empire. De plus, l’économie corrige pour une raison. Toute interférence ne peut qu’être une erreur.

Les leçons de l’expérience sont encore plus implacables. Il n’y a pas un seul cas, dans toute l’histoire, où l’argent sorti des presses à imprimer a réellement renversé une correction. Si l’on pouvait vraiment améliorer le sort des gens en imprimant de l’argent, les habitants du Zimbabwe seraient les citoyens les plus riches et les plus prospères au monde. Suivi des Argentins : ils en sont à 25% d’inflation actuellement.

Non, ça ne fonctionnera pas. Et même si ça semble marcher… cela aggravera en fait la situation.

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