La Chronique Agora

La semaine à cinq week-ends, la solution à nos problèmes !

** Notre dernière Chronique de l’année 2008 : nous allons d’entrée de jeu vous souhaiter quelques bons moments de "lâcher prise", de retrouvailles familiales ou amicales chaleureuses à l’occasion des deux réveillons qui vous attendent (dès ce soir puis mercredi prochain)… et nous ne manquerons pas de vous renouveler nos voeux de santé et de prospérité (c’est de circonstance) dès le 2 janvier prochain.

Afin de ne pas conclure l’année sur une note trop sinistre en cette période festive, nous allons vous épargner le traditionnel bilan boursier de l’exercice fiscal 2009 : tout d’abord parce que la presse économique va se livrer à cet exercice avec un luxe de détails (statistiques, articles de fond, tribunes diverses).

Ensuite parce que si vous nous avez suivi nos conseils — malgré notre esprit contrarien et nos nombreuses absences de certitudes concernant l’avenir… en dehors du pari long terme sur l’or — vous ne devez plus détenir beaucoup d’actifs (valeurs mobilières, toiles d’Andy Warhol, Francis Bacon, Malevich, appartements à Dubaï ou résidences à Las Vegas) qui pourraient vous causer des soucis relatifs à de futures moins-values.

Nous nous efforçons de croire qu’en dépit des petites faiblesses des uns et des autres, l’amitié et la famille demeurent des valeurs sûres, tout du moins tant que le temps passé devant une console de jeux ne dépasse pas celui consacré à préparer une bonne recette pour les invités — ou dénicher le cadeau insolite et introuvable qui ravira les plus blasés.

** Pour ceux qui étaient lassés d’une Bourse éternellement haussière, l’année 2008 devrait s’avérer salutaire et les réconcilier avec des investissements de long terme dans des entreprises dont les métiers demeurent compréhensibles et profitables. Mais un tel état d’esprit ne régnait manifestement pas sur les places mondiales en cette veille de Noël.

Le profil graphique de la séance de mardi est assez singulier. Les cours ont connu une évolution typique d’une séance de trêve des confiseurs durant plus de huit heures (de 9h du matin jusque vers 17h) avec de molles oscillations entre 3 150 et 3 185 points… Et puis tout d’un coup, plus d’une heure après la publication des dernières statistiques américaines, le CAC 40 a dévissé en ligne droite de 3 188 (+1,2%) jusque vers 3 136 points (-0,45% à 17h30)… puis 3 1287 points au fixing de clôture, soit une perte de 0,73% au final (le Dow Jones venait de repasser dans le rouge).

Wall Street semble de nouveau aspiré par une spirale baissière, puisque les indices américains perdent régulièrement de l’altitude depuis une semaine (-5% en cumulé en moyenne depuis le 17 décembre) et ne donnent pas le sentiment de pouvoir bénéficier d’un ultime coup de reins haussier avant le 31 décembre.

L’indice Dow Jones a terminé la séance de mardi sur une nouvelle perte de très exactement 100 points (soit -1,18%) alors que le Nasdaq Composite a limité la casse à -0,71%. En début de séance, c’était l’inverse… mais la rechute de Bank of America (-5,75%) puis de General Motors (14,75%) a fait la différence en fin de parcours.

** Le pessimisme de Wall Street est entretenu par la déprime inexorable du secteur immobilier : les ventes de logements neufs aux Etats-Unis se sont à nouveau effondrées en novembre, reculant de 2,9% pour un total de 407 000 unités (elles atteignent ainsi leur plus bas niveau depuis 17 ans).
 
Si le neuf ne fait pas recette, l’ancien semble carrément susciter une forme de rejet : les reventes de logements de seconde main ont chuté de 8,6% à un rythme annualisé de 4,49 millions d’unités (sur les 12 derniers mois, les ventes de logements existants ont diminué de 10,6%).

Avec de telles statistiques, il n’est pas surprenant que l’économie américaine se soit contractée de 0,5% au troisième trimestre (les opérateurs espéraient un petit ajustement vers le haut).

Comme aucun sursaut de l’activité n’est anticipé à court terme, les prix de l’énergie continuent de dévisser. Le baril n’est pas parvenu à refranchir le seuil des 40 $ sur le NYMEX (timide rebond de +1% à 39,1 $).

** Tout semble donc si noir… mais non, voilà que surgit soudain une petite lueur d’espoir dans cette longue nuit d’hiver sans la lune !

Le consommateurs américain semble avoir réinvesti ce qu’il a pu économiser à la pompe au début du mois de décembre dans son caddie de Noël… aux roulettes grinçantes à force de rester stationné immobile depuis des mois sur des parkings humides battus par des vents mauvais. Bonne nouvelle donc, les ventes dans les grands magasins américains ont augmenté de 2,6% sur la semaine précédant les fêtes de Noël.

En France, l’INSEE révèle également un rebond surprise de 0,3% de la consommation des ménages en novembre. Cette hausse intervient après un recul de 0,5% en octobre, chiffre révisé de -0,1 point… et pourrait résulter d’un effet mécanique lié à un hasard du calendrier puisqu’il s’agissait d’un mois à cinq week-ends.

Allez, nous allons profiter de cette fantaisie des éphémérides pour formuler un voeu farfelu concernant 2009 : puisque beaucoup de Banques centrales n’ont plus de latitude pour réduire les taux (la Chine vient d’abaisser les siens pour la cinquième fois ce mardi matin)… puisque beaucoup d’entreprises ont épuisé les marges de manoeuvre que leur procurait le chômage technique et s’apprêtent à licencier en masse… puisque l’oisiveté occasionnelle est propice à la visite des centres commerciaux… alors il suffit de modifier les calendriers et d’y introduire un week-end, voir au besoin deux week-ends supplémentaires par mois !

Fini la surproduction et les excès de stocks, fini le chômage technique, fini les semaines d’attente interminable qui engourdissent les portefeuilles… et avec une quarantaine de séances de Bourse en moins, il nous étonnerait beaucoup que le Dow Jones ou le CAC 40 aient le loisir de perdre 40% ou 45% l’an prochain.

Allez, pour donner le bon exemple, nous prenons une bonne semaine de congé — et avec quatre jours sans cotations, vous allez voir comme la dynamique baissière des marchés va vous donner l’impression de se relâcher…

Philippe Béchade,
Paris

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