La Chronique Agora

La quête de la tomate

Une laitue. Deux carottes. Une courgette. Ou une tomate — juste une, une toute petite ?

Je ne demande pas la lune — je n’exige pas une baguette croustillante pour mon petit-déjeuner, ni une tomme de brebis bien affinée pour terminer mon repas, ni un macaron pistache pour accompagner mon thé, non.

Une tomate, c’est tout.

Eh bien, croyez-le ou non, cher lecteur, j’ai passé la première semaine de mon séjour américain à errer telle une âme en peine de Rite Aid en SevenEleven, à la recherche désespérée d’un fruit, d’un légume, de quelque chose de cru, que diable !

Rien à faire. Chips, barres de céréales, boissons énergisantes… pas de problème. Une pomme : mission impossible.

"On est ce que l’on mange", dit-on souvent. Eh bien, mes premiers jours aux Etats-Unis m’incitent à penser que les Américains — ou du moins les populations pauvres des centres-villes — sont en pleine malnutrition, avec de nourritures artificielles, pleines de colorants et d’additifs mais dont l’apport est nul.

Bien sûr, tout change lorsqu’on se rend dans les banlieues — plus aisées, là où habite la classe moyenne (enfin… celle qui reste). Là, à vous les supermarchés géants proposant 20 sortes de pains à la cannelle et 10 barils de tomates californiennes…

Je sais, je caricature un peu ; c’est sans doute aussi une question de zone — nos bureaux américains sont situés dans le coeur historique de Baltimore mais entourés de quartiers nettement moins recommandables.

Mais honnêtement, mes 10 jours de présence sur le sol marylandais m’incitent à mettre encore plus en doute la véracité et la solidité de la "croissance", cette belle vitrine du rêve américain.

▪ Comme le disait Bill Bonner il y a quelque temps :

"Vous savez déjà que les revenus, les salaires horaires et la richesse des ménages sont tous en baisse — pour la plupart des Américains (et du reste du monde occidental). Les moyennes sont faussées par les chiffres du sommet de la pyramide, mais l’Américain moyen a subi une gigantesque chute en 2008-2009… et ne s’en est jamais remis. En fait, il va moins bien aujourd’hui qu’au fond du trou en 2009".

"En juin de cette année, selon Sentier Research, la famille américaine médiane gagnait 55 589 $. Aujourd’hui, ce chiffre est de 53 891 $, ajusté à l’inflation. Cette famille ‘médiane’ est pile au milieu de tous les ménages US. De sorte que la moitié des gens que l’on croise dans la rue ont subi des pertes de revenus plus lourdes encore".

Votre correspondante croise certaines de ces personnes tous les jours lorsqu’elle se rend au bureau… et ce n’est pas un spectacle plaisant — surtout si l’on considère que la France suit le même chemin que les Etats-Unis.

Mon conseil ? Prenez quelques mesures de précautions. Et mangez une petite salade niçoise à ma santé !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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