La Chronique Agora

La prudence rapporte plus que le risque

** Eric Fry s’est entretenu avec Nathalie Boneil pour le magazine MoneyWeek (que vous pouvez retrouver en kiosque dès à présent si vous habitez la région parisienne… ou à proximité d’une gare TGV). Tout au long de semaine, nous diffusons l’intégralité de leur discussion…

Eric Fry (EF) : Bienvenue dans la nouvelle ère de la prudence ! La prudence vous semble ennuyeuse ? En réalité, elle ne l’est pas du tout. Je vois la prudence comme une sorte de vertu discrète. C’est un peu comme ne pas avoir de maladie vénérienne : vous n’allez pas vous en vanter lors d’un dîner… mais on est tout de même mieux sans.

** Nathalie Boneil (NB) : Vous croyez qu’il n’y a plus de risques ?

EF : Faisons le point. La plupart de ceux qui sont à l’origine de la pagaille financière ne sont plus là — même s’ils ne sont pas non plus en prison, là où ils devraient être. La plupart des agences gouvernementales américaines sont pressées d’assainir les règles du jeu. Ces deux éléments sont des avancées… mais le processus qui permettra de réparer et de réformer le système financier américain sera douloureux. Le Trésor américain va devoir augmenter drastiquement la masse monétaire pour sauver le système financier. Ce qui veut dire que les investisseurs — vous ! – doivent se protéger de l’inflation.

– Vendez le risque, achetez la prudence ! Vendez les Etats-Unis, achetez des actions, des obligations et des devises étrangères. Et bien sûr, achetez des matières premières.

– Le carnage actuel du secteur financier nous montre que les plus-bas ne sont pas forcément atteints. Les financières seront à racheter un jour, évidemment. Et peut-être même le sont-elles maintenant ! Mais je ne suis pas suffisamment arrogant pour affirmer que j’ai la réponse. Peut-être est-ce la plus grande opportunité d’achat de tous les temps du secteur financier. Peut-être… mais je n’y crois pas, c’est tout.

– D’ailleurs, un investisseur qui serait tenté de repêcher les financières à ces niveaux devrait plutôt regarder un graphique comparant le Nikkei japonais au Topix Japanese Banking Index, l’indice du secteur bancaire japonais. L’indice sectoriel a chuté de 80% depuis ses plus-hauts de 1989. Ça fait long, très long. Mais surtout, l’indice est remonté jusqu’à -60% ou même -40% durant ces presque 20 ans. A sept reprises, les investisseurs donc ont cru que le secteur allait rebondir. Et à sept reprises, ils se sont trompés.

– Durant une période de désendettement comme celle qu’a connue le Japon, les capitaux disparaissent. Beaucoup de bonnes choses peuvent alors arriver à l’économie ou aux particuliers ; le crédit peut revenir. Mais cela ne veut pas dire que les titres des financières vont grimper à nouveau. Leur valorisation souffre et disparaît.

– Un jour, il faudra se positionner sur les bancaires. Mais je n’ai aucune idée de quand. Alors je préfère me positionner là où j’entre-aperçois un signe de rebond. Je préfère investir dans les sociétés qui font tourner le monde, et qui tournent bien — au lieu d’investir dans celles qui font tourner le monde à l’envers.

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