La Chronique Agora

La notation triple A des USA pourrait être en danger

** La notation triple A des Etats-Unis pourrait être en danger, déclare Standard & Poor’s.

* Si le pays doit renflouer Fannie Mae et Freddie Mac durant une récession prolongée, il pourrait en coûter jusqu’à 10% du PIB national.

* Nous commençons à voir l’intégralité de la situation financière planétaire comme un problème américain. Il se passe beaucoup de choses… mais le noeud de l’histoire semble concerner les Etats-Unis (et la Grande-Bretagne, dans la mesure où elle partage le modèle économique anglo-saxon)… leur monnaie, leur richesse et leur place dans le monde.

* L’intrigue est assez simple. Après une période extrêmement prospère, les Etats-Unis luttent pour maintenir leur avantage. Leurs citoyens sont profondément endettés. Leur devise est vendue au rabais. Leur main d’oeuvre… leurs marchés de capitaux… et leur avance technologique sont remis en question par des concurrents plus rapides et plus jeunes.

* Comme dans toute tragédie grecque, le héros est victime de son orgueil démesuré. Il pensait pouvoir voler le feu divin et s’en tirer.

* Les Américains pensaient pouvoir faire des choses qui ont toujours été inaccessibles pour le commun des mortels. Ils pensaient pouvoir faire marcher un système financier entièrement basé sur la monnaie papier, par exemple. Ils pensaient pouvoir dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas gagné — et vivre éternellement à crédit. Ils croyaient aux mythes de l’Hypothèse des marchés efficients et du Capitalisme bénin… au Modèle Black-Scholes de valorisation des options et à la Grande modération… ils pensaient que les déficits n’ont pas d’importance et que la Guerre contre la Terreur en a.

* Et à présent… la société toute entière est en train d’être dévalorisée — par l’inflation, la déflation, et une guerre à plusieurs milliers de milliards de dollars impossible à gagner.

* En surface, ce n’est qu’un chapitre de plus de l’histoire financière mondiale. Mais George Soros nous en dit plus :

* "La crise financière actuelle a été précipitée par une bulle sur le marché immobilier américain. Par certains aspects, elle ressemble à d’autres crises qui se sont produites depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, durant à chaque fois entre quatre à 10 ans. Il y a cependant une différence profonde : la crise actuelle marque la fin d’une ère d’expansion du crédit basée sur le dollar en tant que devise de réserve internationale. Les crises périodiques faisaient partie d’un processus boom-krach plus large. La crise actuelle est le point culminant d’un super-boom qui a duré plus de 60 ans".

* Les 60 dernières années étaient 60 années glorieuses durant lesquelles les Etats-Unis étaient au sommet du monde. C’est la période qui correspond, en gros, à la vie des baby-boomers. Nés après la Deuxième guerre mondiale… ils ont grandi durant les années 60… pris les commandes durant les années 80… et se réjouissent désormais de prendre bientôt leur retraite. Y avait-il meilleure période pour être vivant ? Y avait-il meilleur endroit pour vivre que les Etats-Unis d’Amérique ? Leur devise était la meilleure au monde. Leur économie était la plus dynamique et la plus productive. Et leurs citoyens étaient les plus riches au monde. Plein emploi. Estomacs bien remplis. Amour libre et buffet libre-service… que demander de plus ?

* Mais à présent, comme le souligne Soros, le cycle du crédit s’est retourné contre nous. Le super-boom est terminé. Les prix des maisons baissent. Et la valeur de la main d’oeuvre et des actions américaines — qui avait tenu relativement bon — est mise à mal par l’inflation. Les Etats-Unis ne se transforment pas en pays du Tiers-Monde… mais ils deviennent plus pauvres… avec une main d’oeuvre qui est de moins en moins surévaluée chaque année. Ca semble être un bon moment pour prendre sa retraite.

** La semaine dernière, nous sommes allé rendre visite à notre premier petit-fils. Il ressemble exactement à son père lorsqu’il était bébé.

* Né en 2008, il pourrait raisonnablement s’attendre à vivre jusqu’au 22ème siècle. Quelles merveilles… quels désastres… que pourra-t-il voir ? Nous n’arrivons pas à l’imaginer.

* Comment sera-t-il ?

* Son patrimoine génétique est remarquablement varié. Nous avons six enfants — et chacun est complètement différent des autres. Nous pouvons reconnaître certains traits. L’un a les cheveux de l’oncle John. Un autre a le tempérament de tante Eleanor. Un ressemble exactement à un portrait du grand’père d’Elizabeth. Un autre est timide et réservé, comme tante Lillian.

* Que deviendront ces enfants ? Ils sont désormais à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, mais nous n’en savons rien. L’un d’entre eux est à Los Angeles, dans l’industrie du film. "Un business horrible", déclare-t-il. Une autre cherche du travail comme actrice à Londres… et apprend à accepter les refus tout en évitant de boire trop de champagne les soirs de première. Un autre encore a déjà fondé une famille… et une carrière — dans la maison d’édition familiale. Les autres sont encore à l’école, et ne savent pas tout à fait ce qu’ils devraient étudier, et où ils devraient aller.

* A présent, une nouvelle génération de gènes vient s’ajouter au patrimoine Bonner… et nous nous demandons ce qu’il va advenir de ce nouveau têtard.

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