La Chronique Agora

La lumière est au bout du tunnel… ou l'inverse

Par Nathalie Boneil (*)

** "Ce que nous commençons à observer, ce sont des lueurs d’espoir pour l’économie", a déclaré Barack Obama dans son discours mardi dernier. Obama est donc optimiste. Du moins, il en a l’air. Enfin, c’est ce que tout le monde dit, ce que tout le monde veut croire pour pouvoir être optimiste. Jeu de dupe.

Ce qui est sûr, c’est qu’il fait au moins semblant d’y croire ; il essaye du moins. Car nous avons plutôt lu dans son discours l’envie d’y croire, certes, mais surtout beaucoup d’incertitudes. "2009 va continuer à être une année difficile pour l’économie américaine. La sévérité de cette récession va causer davantage de suppressions d’emplois, davantage de saisies immobilières et davantage de souffrances avant que l’année ne s’achève", citait Le Figaro. Mais les gouvernements cherchent à faire bonne figure et affichent un sourire crispé en marmonnant "Rassurez-vous : la lumière est au bout du tunnel…". Sauf que nous avons plutôt l’impression d’être en ce moment dans la lumière de l’accalmie et d’entrevoir un nouveau tunnel.

Alors certes Goldman Sachs a publié des résultats meilleurs qu’attendus. Grande nouveauté par les temps qui courent, une banque d’affaires américaine dégage un bénéfice (+1,81 milliard de dollars). Wells Fargo l’avait même précédée la semaine dernière.

** Le marché a commencé à prendre des bénéfices sur les 8 000 points pour le Dow Jones, et sur les 3 000 points pour le CAC 40… avant de se rassurer hier devant des statistiques et des nouvelles… moins pires que prévues.

L’indice de contraction de l’activité manufacturière est meilleur qu’attendu (entendez bien quand même que nous sommes toujours en train de mesurer la contraction de l’activité, et non sa croissance). La Fed a annoncé que l’économie américaine se dégradait moins vite qu’avant. Et enfin, les prix à la consommation ont encore baissé. Mais, soulagé, le DJIA clôturait en hausse de 1,38%, le Nasdaq stagnait à un petit +0,07% quand le CAC 40, qui n’avait pas eu le temps de se rassasier de cette bonne humeur, limitait la casse à 2 985 points (-0,48%).

Réjouissons-nous, réjouissez-vous : le malade, au lieu de casser sa pipe une bonne fois pour toute, agonisera lentement. Nous allons en avoir pour des années à contempler le désastre et prendre le temps de savourer la fin d’une époque. Pourtant…

** UBS affichait une perte trimestrielle de 1,32 milliard d’euros, obligée de réduire ses effectifs de 8 700 postes.

Le rythme de progression du PIB chinois "tombait" à "seulement" 6,1% au premier trimestre, son plus faible score depuis 17 ans.

Hier, le directeur Général de Wal-Mart annonçait dans un communiqué qu’il ne pensait pas que la récession finirait rapidement. "Ce n’est pas une récession en V où on rebondit et on fait des allers-retours". Aie.

En plus, le secrétaire au Trésor américain a demandé à Général Motors — autre symbole de la santé économique américaine — de préparer sa mise en faillite d’ici le 1er juin. "Symboliquement et socialement, l’impact serait considérable", estime Bernard Jullien, directeur du Gerpisa (Groupe d’Etudes et de Recherches Permanent sur l’Industrie et les Salariés de l’Automobile). "La faillite de ce géant marquerait donc la désindustrialisation des Etats-Unis".

** Oui… "la fin d’une époque, l’échec d’un modèle de consommation qui n’a pas su prendre le tournant et s’adapter à la réalité économique des ménages", comme l’analyse Frédéric Laurent, dans Vos Finances…la fin du monde tel que nous le connaissions. De ce point de vue, la replongée dans le tunnel nous semble d’un coup beaucoup plus rapide et plus vertigineuse que prévue…

Surtout si l’on se considère que toute cette crise aboutit au final à une grande remise en cause du dollar. Car ca y est, l’Argentine va faire pression pour étendre l’accord qu’elle avait signé avec le Brésil l’année dernière autorisant les pays d’Amérique du Sud à se passer du dollar dans leurs échanges.

Lula va sur ce même terrain dans ses échanges commerciaux avec la Chine. Et "l’Argentine a également passé fin mars avec la Chine un accord d’échange de devises (swap) d’un montant de 10 milliards de dollars, pour trois ans, qui pourra être utilisé pour toutes les transactions financières", précise l’AFP.

Du coup, l’Amérique latine a le vent en poupe, ses marchés sont en train de gagner du terrain. Et ce n’est pas fini, loin de là. Le centre de gravité économique et financier du monde se déplace évidemment vers la Chine, mais aussi vers l’Amérique du Sud, qui sera son premier fournisseur. Les capitaux changent de continent. Résultat ? Il y a un potentiel énorme dans cette région !

Tenez par exemple : la sélection de 13 valeurs que Jean Claude Périvier a faite sur l’Amérique latine gagne en moyenne 18,91% à l’heure où je vous écris. En à peine plus d’un mois. Ces valeurs profitent toutes de l’essor et des changements stratégiques qu’opère cette région. [Ndlr : Il n’est absolument pas trop tard pour vous positionner puisque Jean-Claude vise au minimum 100% de gains sur ces valeurs à moyen terme. Et c’est une tendance de fond ! Consultez vite le dossier que nous avons préparé pour en profiter]

La lumière actuelle qui éclaire faiblement nos économies occidentales nous semble bien douce en comparaison du tunnel dans lequel nous nous apprêtons à plonger… Comme le disait Dan Denning, dans sa chronique de mardi dernier, "(…) Tremblez. Les autorités ont fait leur part du travail pour débarrasser les citoyens de leur instinct naturel de prudence en les couvrant de liquidités. Mais il y a plein de raisons d’avoir peur, et plein de raisons de penser que les chiffres qui donnent confiance vont dégringoler dans quelques mois."

Alors un conseil : quand le sage désigne la lune, ne soyez pas l’idiot qui regarde le doigt…

Nathalie Boneil,
Paris

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