La Chronique Agora

La dépression éternelle…

▪ Les investisseurs doivent se poser des questions sur l’avenir.

A quoi ressemblera-t-il ? Personne ne le sait. Mais les investisseurs ont cru voir des choses qu’ils appréciaient ; tout grimpe.

Pour commencer, le gouvernement de la Fed de New York a annoncé au monde qu’il n’y avait pas de risque de voir une hausse des taux avant longtemps. Bill Dudley sait de quel côté le vent souffle. Il a déclaré que la Fed garderait sa politique monétaire souple "indéfiniment".

Indéfiniment, autrement dit "aussi longtemps qu’il le faudra".

Mais qu’il le faudra pour quoi ? Ah… pour que l’économie semble à nouveau solide.

Combien de temps est-ce que ça prendra ? Ah… peut-être plus longtemps qu’on le pense.

Hier, nous calculions combien de temps il faudrait pour que les chiffres de l’emploi américain reviennent au niveau des années 90… c’est-à-dire à 5% environ. On trouve désormais environ 131 millions d’emplois aux Etats-Unis… et 15 millions de personnes qui aimeraient un emploi mais ne peuvent en trouver. Dans le même temps, la croissance démographique ajoute environ 1,5 million de nouveaux travailleurs tous les ans. Ce qui signifie que l’économie doit croître de 1% (en termes réels) simplement pour rester à égalité avec la croissance démographique. Actuellement, l’économie va dans la mauvaise direction — elle recule. Elle élimine des emplois… peut-être trois millions cette année… et peut-être encore deux millions environ avant qu’elle finisse par se stabiliser (qui sait ?)… pour un total de 20 millions d’emplois perdus — soit un chômage à environ 13% lorsque le taux finira par atteindre son plancher.

Supposons que, par miracle, l’économie se retourne… et commence à croître au taux de 3% par an. Cela représente environ trois millions de nouveaux emplois par an. La moitié de ceux-ci, rappelez-vous, servent uniquement à suivre la croissance démographique. L’autre moitié — 1,5 million — réduit donc graduellement l’emploi. A présent, sortons la calculatrice… 20 millions divisés par 1,5 million égal un peu plus de 13. Selon ces chiffres, on peut s’attendre à un retour au plein emploi en 2022 !

Et si l’économie ne se développe pas à 3% par an ? Ooooh… c’est bien le problème, n’est-ce pas ? Toutes les autorités — et pratiquement tous les économistes — projettent un retour à la normale. Ils s’attendent à une "reprise". Et s’il n’y avait jamais de reprise ?

▪ En fait, la banque centrale d’Australie (RBA) a annoncé cette semaine être si certaine que tout allait bien qu’elle a fait grimper son taux directeur de 25 points de base.

"Canberra déclare que le risque d’un recul sérieux est passé", rapporte le Financial Times.

Mais ils ont beaucoup de soleil, aux antipodes. Il est possible que les cerveaux de la RBA ait un peu chauffé, cette semaine. L’Australie fournit également des ressources naturelles à la Chine — il est possible que les banquiers, souffrant d’insolation, n’aient pas remarqué que la Chine est en pleine bulle.

A moins qu’ils n’aient pas remarqué que le plus grand client de la Chine est ruiné.

▪ Juste sous l’article du Financial Times sur l’Australie, on trouvait le titre suivant :

"Pas de signe de renouveau du crédit pour les ménages américains".

"Les dernières données de la Réserve fédérale montrent que le crédit à la consommation a décliné au taux annualisé de 10,4% en juillet — le plus rapide depuis que la crise a commencé il y a deux ans".

Oui, cher lecteur, les Américains se débarrassent de leurs dettes. Ils réduisent leur train de vie. Ils épargnent.

Un autre titre du Financial Times nous dit que "les ventes de la période des fêtes [sont] parties pour chuter".

Attendez un instant. Qui fabrique toutes les babioles que les Américains achètent pour Noël ? Et comment la Chine peut-elle acheter plus de matières premières à l’Australie alors qu’elle vend moins de produits finis aux Américains ?

Peut-être la Chine concentre-t-elle plus ses ventes sur le marché interne ; nous n’en doutons pas. Mais on ne recentre pas la deuxième ou troisième plus grande économie au monde en 12 mois. Il faut des années. Et on n’obtient pas une telle renaissance sans une forme de souffrance ou une autre. Le vieux chêne doit tomber avant que la jeune pousse ne puisse prendre sa place. Et lorsque le chêne tombe — il cause de sacrés dégâts.

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