La Chronique Agora

La cote des actions françaises suit-elle celle des Bleus à l’Euro ?

** Le mois de juin reste un bien mauvais cru boursier pour le CAC 40 qui recule de 6,6% et efface les gains cumulés des mois d’avril et mai (+6,15 et +0,35%). Il a même retracé son plancher de clôture du 23 janvier dernier (4 636 points) avant de s’enfoncer jusque vers 4 615 points — soit -7,5% en 10 séances, une redoutable moyenne !

Mais ce qui caractérise la semaine écoulée, c’est la sous-performance systématique du CAC 40 par rapport aux autres indices européens — -2,36% alors que l’Euro Stoxx ne cède que -0,95% — et surtout par rapport à Wall Street : le Dow Jones s’apprêtait ce vendredi à terminer sur un score hebdomadaire positif.

Si le CAC 40 a laborieusement rebondi de 0,21% vendredi dernier, l’Euro Stoxx 50 ou l’Eurotop 100 se sont adjugés 0,57% dans le sillage de l’évolution favorable des marchés américains, de la baisse des prix du pétrole et du recul de 0,5% l’euro face au dollar. Ce dernier a même testé les 1,53 $ avant de rebondir à 1,5370 $.

La déception — mais ce n’est pas une surprise — est venue de l’indice de confiance de l’Université du Michigan : il est ressorti en baisse de 3 points, à 56,7 contre 59,8 en mai — le plus mauvais score observé depuis juin 1980.

Wall Street ne s’est pas laissé démonter, pas plus qu’après l’annonce d’une hausse de 0,6% de l’inflation en mai et de 0,2% en taux central. Le rebond initial s’est confirmé — une baisse était anticipée en préouverture — et les marchés américains ont maintenu leur rythme de croisière après trois heures de cotations. Le Dow Jones et le S&P ont ainsi repris 1,4% et le Nasdaq s’est adjugé 2,2%.

Parmi les éléments favorables qui soutiennent le NYSE, il y a la consolidation du prix du baril de brut léger qui revient à proximité des 134,5 $, en baisse de 1,5% — et de -1% sur la semaine écoulée.

Mais il en faudra plus pour éloigner la perspective d’un durcissement de politique monétaire de la Réserve fédérale car le mal est fait. En rythme annuel, le CPI affiche une hausse de 4,2% ; hors énergie et alimentation, il progresse de 2,3% — mais ce chiffre laisse sceptique.

** Rien de ce qui précède n’élucide la sous-performance de la bourse de Paris, puisque les données macroéconomiques ont des effets comparables dans tous les pays développés. En outre, l’actualité statistique hexagonale ne recelait rien de négatif qui justifie le désintérêt pour le CAC 40 — et certainement pas la hausse de 3,3% du pouvoir d’achat en rythme annuel, même si le chiffre brut doit être accueilli avec précautions.

Le CAC 40 a en réalité beaucoup souffert de la pondération des valeurs du secteur énergie avec EDF (-10,4% sur la semaine), Total (-2,5% en cinq séances), -14% sur Theolia (qui exploite des éoliennes), -8,6% sur EDF Energie Nouvelles. Suez et Gaz de France chutaient encore de -1,5% vendredi matin avant de repasser dans le vert avec des hausses de 0,5 et de 0,4%. En additionnant GDF, EDF, Suez, Total et Véolia (-12,8% de baisse hebdomadaire), on obtient pratiquement 40% de la capitalisation du CAC.

S’agissant d’EDF, qui avait signé la plus forte baisse du CAC 40 jeudi dernier, les opérateurs se sont délestés dans l’attente d’un relèvement de son offre de 11 milliards de livres (14 milliards d’euros) sur British Energy, mais la surenchère n’aura lieu que si la direction du groupe britannique indique rapidement qu’elle recommande d’accepter la nouvelle offre.

** Pour en terminer sur une nouvelle un peu moins sombre , il faut jeter un oeil sur l’analyse technique. Avec un retracement des 4 615 points se dessine le scénario d’un rebond potentiel sur les planchers des 22/23 janvier derniers (4 636 points en clôture le 23 janvier).

Une tête/épaules inversée s’ébauche. Le refranchissement des 4 760 points donnerait de la consistance à ce scénario mais il faudra attendre le débordement des 4 850 points (MM50 et oblique baissière court terme) puis celui, plus décisif, des 5 030 points (MM150 à fin juin) pour en avoir la confirmation.

Peut-être faudra-t-il un miracle à l’occasion de la rencontre France/Italie pour que le blues du CAC 40 se dissipe ? Notons que le Mibtel (Milano Indice Borsa Telematica) part avec un petit handicap de -0,3% (score hebdomadaire de -2,65% contre -2,35%), mais cela suffira-t-il d’ici mardi soir ?

Nous ajouterons même que les deux camps n’ont pas été gâtés par l’arbitrage. L’Allemagne s’en sort beaucoup mieux et, la semaine passée, l’Espagne s’est facilement imposée en tête de la poule européenne avec un gain de 0,7% et un goal average à faire pâlir d’envie tous les commentateurs de la presse… économique hexagonale.

Philippe Béchade,
Paris

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