La Chronique Agora

La Chine et la BCE sont-elles sérieuses ?

Comment utiliser les regroupements d’actions ?

Bonjour,

▪ Eh bien, voilà qui devient intéressant.

Deux grandes banques centrales resserrent leurs taux — la Chine et la BCE.

Personne ne semble s’en soucier. Ces banques centrales avertissent les investisseurs, leur disant de vendre leurs investissements risqués. Au lieu de ça, l’or a atteint de nouveaux records ! Le dollar est à un plus bas de 15 mois. Et le pétrole est passé à 125 $ le baril.

Soit les investisseurs ne pensent pas que la Chine et la BCE sont sérieuses… soit ils comptent sur les Etats-Unis pour prendre à nouveau la main — avec plus d’argent et plus de crédit.

Les spéculateurs oublient peut-être que nous sommes dans une Grande Correction. D’un autre côté, peut-être que ça n’a pas d’importance. Si les autorités continuent d’injecter assez d’argent dans le système pendant assez longtemps, la correction prendra une nouvelle forme, grotesque, inhabituelle et terrible — elle se terminera en dépression hyper-inflationniste !

L’or à 1 470 $ ? Vous n’avez encore rien vu.

A la Chronique Agora, nous serons les seuls à l’apprécier à sa juste valeur. Cela nous donnera une chose à observer… un sujet d’écriture. Un motif de dérision. Plus important, nous aurons une nouvelle opportunité de pointer du doigt en affirmant : « on vous l’avait bien dit »…

Et qui voit venir tout ça ? Juste nous… et quelques autres grincheux, excentriques, parias et radicaux marginalisés…

Mais la rumeur circule. On ne peut pas augmenter la masse monétaire mondiale indéfiniment… pas sans conséquences.

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Comment ça ?

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De nombreux analystes grand public envisagent désormais l’or à 1 500 $. Mais attention, disent-ils. Attendez jusqu’à la fin du QE2 !

Ils ont peut-être raison sur ce point. La grande tendance naturelle de ce marché, c’est la contraction. Le marché veut corriger. Sérieusement. Après un demi-siècle d’expansion du crédit, il est temps de payer… de régler ses dettes… de reconnaître les mauvais investissements et de purger les erreurs. C’est ce qui est en train de se passer dans le secteur de l’immobilier. Voilà pourquoi environ 12 millions d’Américains n’ont pas d’emploi.

Mais c’est ainsi que fonctionnent les économies. Elles « inspirent et expirent », dit le vétéran Richard Russell. A moins que nous nous trompions, les marchés retiennent leur respiration. Ils attendent de voir quel effet tout cet oxygène pur — venant de la Fed — aura.

▪ Pourquoi les autorités essaient-elles si désespérément d’éviter une correction ? Eh bien, c’est là que l’histoire devient intéressante.

C’est un conte qui contient une part de vanité, une part de nécessité et une part de cupidité.

Dans leur vanité, les dirigeants pensent pouvoir ordonner à l’économie de faire ce qu’ils veulent. Ils y ont consacré des carrières entières… et obtenu des prix Nobel pour leurs théories insensées. Ils ne vont pas abandonner maintenant ; ils pensent que leur planification centrale peut réussir — même si toutes les tentatives de planification centrales adoptées par d’autres se sont soldées par des désastres.

Il y a plus : ils gèrent ce qui n’est guère mieux qu’une pyramide de Ponzi. C’est là que la cupidité entre en scène. Nous avons été ravi de constater que Christopher Caldwell, écrivant dans le Financial Times, voit les choses de la même manière que nous :

« L’histoire du dernier demi-siècle, c’est que les Américains ont trouvé le moyen d’extraire de l’argent des poches des générations futures, en leur laissant la facture. Ils ont profité non pas de la prospérité, mais du luxe ».

Nous formulerions les choses un peu différemment. Ils n’ont pas profité de la prospérité, mais du vol. Ils ont volé à ceux qui ne peuvent voter — dont bon nombre ne sont même pas encore nés.

Une étude de l’Urban Institute, par exemple, montre que le système Medicare verse des allocations trois fois supérieures à ses recettes collectées. Ce genre de chose augmente rapidement la dette. Selon les calculs de Mary Meeker, le passif non-provisionné total du gouvernement américain se monte déjà à 75 000 milliards de dollars.

 (Les estimations varient énormément… selon les principes sur lesquels on se base. Mais les calculs de Meeker se révéleront probablement être dans la fourchette basse).

M. Ryan, membre du Congrès US, a commencé à s’intéresser aux problèmes inhérents à ce genre de plan. Il sera intéressant de voir ce qu’il se passe. Il semble penser que les électeurs et les politiciens « reprendront leurs esprits » et feront ce qu’il faut. Nous en doutons. Il n’y en avait pas le moindre signe, en tout cas, dans l’accord qui vient d’être passé pour que le gouvernement américain puisse continuer à fonctionner.

Paul Krugman a mis le doigt sur le problème de la démocratie. Pour une fois, il est du même avis que nous. Dans le New York Times, il explique que Ryan échouera. Dès que les vieux grigous s’apercevront qu’ils vont perdre des allocations, on sifflera la fin de partie :

« M. Ryan et ses collègues peuvent écrire tous les chiffres qu’ils veulent ; les seniors votent ».

Oui, les zombies votent. Il est très probable que leurs votes les mèneront à la catastrophe économique. C’est nécessaire. S’ils veulent que ce plan se poursuive… ils doivent emprunter. Et s’ils doivent emprunter… ils doivent maintenir le crédit facile et le cash abondant.

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La leçon des Vikings

Françoise Garteiser

 

▪ Une journée fort peu passionnante hier. Une journée faite pour aller vagabonder sous les frondaisons dorées par le soleil estival, plutôt que de suivre minute par minute, le visage pâli par les reflets blafards des écrans, l’évolution des marchés mondiaux.

Ceci dit, sans statistiques majeures publiées hier et alors que la saison des résultats trimestriels commence tout juste, il était difficile de raccrocher les cours à un mouvement solide, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le CAC 40 a ainsi terminé la séance en baisse, perdant 0,57% à 4 038,70 points — dans un volume ultra-limité de 2,7 milliards d’euros.

Du côté des Etats-Unis, on n’a pas vraiment fait mieux. Le Dow Jones a terminé dans le vert avec le score royal de 0,01%, à 12 381 points. Le Nasdaq et le S&P 500 ont quant à eux perdu du terrain, reculant de 0,32% et 0,28% respectivement.

▪ Sur les autres marchés, les choses étaient légèrement plus intéressantes. L’or continue de grimper, notamment, à 1 468,72 $ l’once. L’euro, pendant ce temps, reste très vigoureux par rapport au billet vert, à 1,445 $.

Le pétrole a pris une petite claque, quant à lui : le baril de brent de mer du Nord a perdu 1,30%, à 124,45 $. Le WTI, de son côté, a reculé de 1,49%, à 111,30 $. Je me contenterai de noter que l’or noir reste bien proche de ses sommets de 2008…

▪ Et que voyons-nous là ? « La Grèce est insolvable et a besoin d’une restructuration de son énorme dette pour retrouver des marges de manoeuvre, a déclaré hier à Reuters Hans-Werner Sinn, président de l’institut d’études allemand Ifo », écrit L’Agefi. « Il a estimé que les mesures européennes visant à aider le pays n’ont guère eu d’effets au cours de l’année écoulée, ajoutant que les créanciers d’Athènes devaient se préparer à une restructuration de la dette ».

Et si la Grèce choisissait de faire comme l’Islande, brièvement revenue dans l’actualité avec le refus de l’accord « Icesave » ? Petit rappel des faits : ce projet concernait le remboursement de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas suite à la faillite de la banque islandaise Icesave en 2008 — une somme se montant à un total de 3,9 milliards d’euros. Les Islandais ont refusé ce week-end, par voie de référendum, de rembourser les pertes de la banque.

En d’autres termes… les contribuables refusent d’endosser la responsabilité des mauvaises décisions prises par des décideurs privés. Une sorte de petite révolution discrète, en d’autres termes.

Un article du Guardian signé Aditya Chakrabortty nous en dit plus, et fait une comparaison intéressante entre l’Islande et le reste de l’Europe — notamment l’Irlande :

Après la faillite de ses trois plus grandes banques en 2008, « l’Islande a fait deux choses remarquables », explique M. Chakrabortty. « D’abord, elle a laissé les banques couler : les financiers étrangers qui avait prêté aux institutions de Reykjavik à leurs risques et périls n’ont pas récupéré une seule couronne. Ensuite, les autorité ont imposé des contrôles de capitaux, compliquant la tâche des marchands de fonds souhaitant retirer leurs liquidités du pays ».

« Comparez la politique islandaise à celle suivie par un autre pays minuscule de l’Atlantique nord, qui a lui aussi un secteur bancaire bien plus grand que son économie nationale. Lorsque le credit crunch est arrivé à Dublin, le gouvernement a décidé de garantir le secteur bancaire tout entier — y compris les dizaines de milliards d’euros de prêts accordés par des investisseurs étrangers. Cela a rapporté au pays une dette se montant à 80 000 euros environ par ménage — une dette qui, dans les faits, a mis le pays sur la paille ».

L’Islande a donc fait l’exact contraire de ce que recommande la « sagesse » boursière convenue, tandis que l’Irlande a appliqué à la lettre l’évangile selon St Keynes. Et que s’est-il passé ? L’Islande a-t-elle basculé dans le chaos et la géhenne ? L’Irlande marche-t-elle d’un pas assuré vers un avenir radieux et des lendemains qui chantent ?

Eh bien… toujours selon Aditya Chakrabortti, « les preuves semblent indiquer le contraire : l’Islande s’en est sortie en meilleur état que quiconque pouvait l’espérer en 2008. Le pire de sa récession est passé, même s’il est encore trop tôt pour parler de croissance soutenue, et le taux de chômage (7,5%) est légèrement supérieur à la moitié de celui de l’Irlande (13,6%). Autre chose remarquable : après que la couronne a perdu plus de la moitié de sa valeur faciale, l’inflation baisse également rapidement. Et puisqu’il n’a pas besoin de rembourser ses créditeurs étrangers, les finances du gouvernement sont également en meilleure santé. En Irlande, en revanche, le gouvernement a injecté plus d’argent dans son secteur bancaire — pour la cinquième fois ».

Bien entendu, ce n’est pas facile ; l’Islande n’est pas tirée d’affaire. Il lui faudra encore avaler de nombreuses platées de soupe à la grimace… mais peut-on vraiment dire qu’il en est autrement pour les PIGS ? N’y aurait-il pas quelques leçons à apprendre des Vikings… n’en déplaise aux créditeurs, qui seraient forcés, pour une fois, de vivre avec leurs mauvaises décisions ?

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Comment utiliser les regroupements d’actions ?

Eric Lewin

▪ C’est l’événement de ce début d’année sur les small caps. Je ne vais pas vous parler de la nouvelle surperformance des petites capitalisations… ni des résultats 2010 meilleurs que prévus des small caps (je le fais tous les jours dans mes brèves).

Non, aujourd’hui, je vais vous parler des regroupements d’actions, le thème à la mode de ces premiers mois de l’année 2011. Pour être très clair, un regroupement d’actions est une opération réduisant le nombre d’actions en circulation sur les marchés boursiers afin d’augmenter le cours boursier de l’action.

Attention : le regroupement par actions n’a rien à voir avec le rachat d’actions. Dans une politique de rachat d’actions, la société puise dans sa trésorerie pour racheter ses propres titres. Dans le cas d’un regroupement, l’opération est indolore pour l’actionnaire et la société ne sort pas de cash. Il s’oppose dans sa logique au split qui vise à augmenter le nombre d’actions en circulation via une division du titre auprès du marché.

Il y a simplement un énorme impact psychologique et c’est exactement ce qui est en jeu.

▪ Explications
En fait, certaines sociétés cotées ont un statut de penny stock, c’est-à-dire qu’elles valent moins d’un euro. Une situation qui peut être positive dans la mesure où cela suscite un attrait indéniablement spéculatif de la part des particuliers qui se jettent sur ces sociétés : avec 500 euros, vous pouvez détenir un paquet d’actions ! Et souvent, la spéculation bat son plein sur ce genre de titre — parfait pour s’amuser un peu.

Mais ce statut de penny stock présente surtout un gros inconvénient : trop petite, les fonds et autres institutionnels ne peuvent se permettre de rentrer sur ces dossiers ; trop risqués, ils n’ont aucun moyen de sécuriser leur capital. Donc parfois, les sociétés décident de faire un regroupement d’actions pour pouvoir attirer des investisseurs plus conséquents et stabiliser leur cours.

▪ Vous pensez que ces opérations ne concernent que des petites entreprises ?
Détrompez-vous ! Il y a quelques années par exemple, Alstom avait décidé de regrouper ses actions.

C’est ainsi qu’un actionnaire possédant 200 actions Alstom n’en possédait plus que cinq après l’opération de regroupement. De quoi crédibiliser un peu plus la société alors en recovery avec la hausse boursière spectaculaire qui s’ensuivit.

Plus proche de nous, Eurodisney a carrément divisé par 100 le nombre de ses actions pour crédibiliser un peu plus la société.

▪ Mais revenons à nos small caps : comment utiliser les regroupements ?
Je vous le disais, il y a eu de nombreux regroupements depuis le 1er janvier. Début mars, Risc Group a dégainé en regroupant ses actions à raison de 1 pour 100. Cette décision dépasse de loin le fait d’attirer le marché par une simple opération comptable. Stratégiquement, la société avait des éléments plus croustillants à faire découvrir au marché.

Risc Group a présenté de bons résultats : elle s’est redressée après des années difficiles (55 millions d’euros de pertes en deux ans). Le résultat opérationnel de son premier semestre s’est établi à 7,3 millions d’euros, contre une perte de 12,3 millions sur la même période de l’exercice précédent. A ce moment-là, la direction du groupe avait tout intérêt à regrouper ses actions pour sortir de son statut de penny stock pour pouvoir, effet psychologique oblige, être détectée par les radars des marchés étant donné qu’elle pense avoir redressé son activité.

Résultat : le spécialiste des prestations de services de sécurité informatique et de mobilité à destination des très petites entreprises (TPE), des petites et moyennes entreprises (PME), des grands comptes, des collectivités locales et des professions libérales vaut autour de 21 euros… contre quelque 0,20 euro avant ! Inutile de vous dire qu’elle s’est affichée d’un coup sur les radars des fonds !

Un autre exemple : Dalet a également regroupé ses actions le 5 avril. Spécialiste dans l’édition de logiciels numériques de gestion et de diffusion de contenus multimédias, la société voulait s’affranchir de son statut de penny stock.

Elle a donc regroupé ses actions à raison de 1 pour 5 la veille de la publication de ses résultats annuels. Donc double coup de projecteur : le premier par une remontée de la valeur nominale de son cours de Bourse. Le second en affichant des résultats annuels meilleurs que prévus.

Dalet a en effet terminé son exercice 2010 sur un résultat net part du groupe de 0,9 million d’euros, contre 0,1 million un an plus tôt. Pensez-vous vraiment que ces deux éléments n’ont aucun lien ? Ne soyez pas naïf. L’état-major de Dalet sent que son business marche mieux et que la rentabilité est là. Et l’action a gagné 8% depuis son regroupement…

D’autres sociétés vont bientôt suivre comme par exemple César, le spécialiste des masques et cotillons, qui devrait opérer dans les prochaines semaines un regroupement de ses titres.

Alors ami lecteur un bon conseil… Dès que vous entendez parler d’un regroupement, regardez de très près les informations relatives à la société. Il peut y avoir de bonnes surprises.

[Eric Lewin est spécialiste de l’univers des small et mid caps. Diplômé de Paris IX Dauphine, ancien rédacteur en chef de BFM puis responsable de la vente institutionnelle sur les small caps chez Euroland Finance, il intervient fréquemment sur BFM Business avec deux points réguliers à 16h35 les mardis et les jeudis. Il rédige également le site www.smallcapsconfidentiel.com]

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