Lithium : au coeur de deux mégatendances haussières
Bonjour,
▪ Hier soir, nous avons dîné dans un élégant restaurant de Los Angeles. Il y avait des femmes magnifiques, et des jeunes gens resplendissants dans leurs costumes italiens. D’autres encore semblaient sortis tout droit d’un camp de bûcherons.
Mais revenons au monde de l’argent :
Que se passe-t-il avec cette crise ? Ne devrait-elle pas faire plonger les cours des actions ? Ne devrait-elle pas vider les restaurants de prestige ? Ne devrait-elle pas fermer certaines de ces boutiques de luxe et simplifier le surclassement en classe affaires ?
Non… la Grande Correction est un échec. Du moins pour l’instant. Elle ne corrige que les gens au bas de l’échelle.
La semaine dernière, nous devions acheter un cadeau d’anniversaire. Nous sommes allé dans les grands magasins Bloomingdale’s… Saks… et même chez Tiffany’s. Dans une boutique de chaussures se trouvaient cinq vendeurs d’âge mûr, prêts à nous aider. Comment une paire de chaussures pouvait-elle permettre assez de marge pour faire vivre autant de vendeurs ? Puis nous avons découvert pourquoi… quand Elizabeth en a acheté une paire. En quittant la boutique, elle a pris le mauvais sac. Le vendeur l’a rappelée. Il a offert de la retrouver pour échanger les sacs. « Vous me trouverez facilement, j’ai une Mercedes noire », a-t-il dit.
Quoi ? Comment des vendeurs de chaussures peuvent-ils se permettre une Mercedes ?
Nous sommes ensuite allé chez Tiffany’s où il y avait tant de clients asiatiques que c’est tout juste si les vendeurs nous accordé un regard.
Partout, nous avons constaté des prix incroyablement élevés — et des gens qui les payaient.
▪ A Los Angeles aussi, les chiffres montrent que la famille moyenne est plus pauvre — ce qui est dû en majeure partie à la chute des prix de l’immobilier. Mais il reste encore beaucoup de gens au sommet… avec des voitures chères… des habitudes chères… et l’argent nécessaire pour les entretenir.
Aux niveaux supérieurs de l’échelle des revenus, il ne semble guère se produire de correction. Et pourquoi y en aurait-il une ? Les autorités leur donnent de l’argent.
Les actions ont rattrapé la majeure partie de leurs pertes. Les obligations — qui devraient avoir perdu toute valeur — s’échangent encore au pair. Les profits des entreprises sont à des niveaux record.
D’où vient tout cet argent ? Vous l’aurez deviné : des autorités.
Mais les pauvres lumpenconsommateurs au bas de l’échelle sont à plaindre. Le taux de chômage US officiel a baissé… mais cette amélioration provient principalement du fait qu’on a éliminé des gens de la liste de ceux qui cherchent un emploi.
Qu’arrive-t-il à ceux qui n’ont pas trouvé de travail ? Ils obtiennent de l’aide alimentaire (ils étaient 42 millions aux Etats-Unis lors du dernier recensement). Ou ils vivent à la dure.
Bon nombre d’entre eux sont au chômage depuis si longtemps maintenant qu’ils ne travailleront probablement plus jamais sérieusement.
Dans ce cas, on peut dire que les autorités ont regonflé la bulle des riches… en grande partie aux dépens des pauvres. Même le gouverneur de la Fed Thomas Hoenig le dit. Dans Bloomberg :
« La politique monétaire ‘très accommodante’ de la Réserve fédérale est en partie responsable de la hausse rapide des prix des matières premières dans le monde, a déclaré le président de la Fed de Kansas City, Thomas Hoenig, qui a appelé ses collègues à augmenter le taux directeur à 1% rapidement ».
« ‘Une fois encore, il y a des signes que le monde accumule de nouveaux déséquilibres économiques et impulsions inflationnistes’, a déclaré Hoenig […] durant un discours à Londres. ‘Plus on maintiendra la politique actuelle, plus il est probable que ces pressions se formeront, et finiront par saper la croissance mondiale’. »
Ces « impulsions inflationnistes » compliquent la tâche de la classe moyenne pour joindre les deux bouts.
Le confiseur américain Hershey’s augmente ses prix de 10% — au moins le fait-il ouvertement. Selon un article du New York Times, de nombreuses marques appliquent de « l’inflation fantôme » en réduisant la taille des produits ou leur qualité.
Vous allez à l’épicerie. On vous donne l’occasion d’acheter de nouveaux produits « sains » — plus petits et plus chers. Ou ils sont « verts » — ce qui vous donne à penser qu’ils sont peut-être meilleurs pour l’environnement, d’une manière ou d’une autre. Une chose est sûre : ils sont plus chers.
Non que nous blâmions les entreprises. Elles aussi sont coincées. La Fed a fait grimper les prix de leurs matières premières. Le sucre, le blé, le coton, le pétrole — quasiment tous leurs coûts sont en hausse.
La grande exception, c’est la main-d’oeuvre. Le coût de l’emploi a à peine bougé. Dommage. Parce que les clients sont aussi des employés. S’ils ne gagnent pas plus en termes de salaire, comment peuvent-ils suivre l’inflation des coûts ?
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Quand l’or redeviendra monnaie
▪ La Chine est tranquillement en train de construire ses réserves d’or. Elles totalisaient 600 tonnes en 2004. Puis, en avril 2009, on nous a annoncé qu’elles s’élevaient à 1 054 tonnes. Et il se murmure depuis Pékin que les banquiers centraux veulent multiplier ce chiffre par dix.
Entre-temps, la Chine a légèrement réduit ses parts dans le Trésor américain pendant trois mois d’affilée. L’avoir total en janvier était de 1 150 milliards de dollars — en baisse de 1,75% depuis octobre.
Ce sont là les premières étapes vers ce qui peut être considéré comme la « remonétisation » de l’or — ce qui arrivera bientôt à l’Amérique.
L’histoire est un pendule.
« Une fois que l’or et l’argent-métal ont été inscrits dans la constitution », observe notre ami David Baker, ancien vérificateur général aux comptes américains, « personne n’aurait pensé qu’ils seraient remplacés par le papier en moins de 60 ans ». Mais le pendule a oscillé ; les Etats de l’Union ont émis leurs célèbres billets verts au cours de la guerre de Sécession.
Puis le pendule est revenu à son point de départ, les critiques du billet vert purent « avec succès mettre en avant un programme de rétablissement de l’or. Mais avant la Conférence économique mondiale de Londres en 1933, le monde aura été choqué par le rejet par Roosevelt de l’étalon-or ». Le pendule oscille à nouveau.
Aujourd’hui, « une série de crises, comme ce fut le cas à Rome, pourrait au final faire revenir le pendule vers l’or », écrit Baker.
▪ En d’autres termes, nous nous approchons de la fin du règne de l’étalon-dollar que nous avons évoquée dans Le déclin du dollar. Les moins de quarante ans n’ont jamais connu qu’un monde dans lequel toutes les monnaies de la planète flottent librement les unes par rapport aux autres, et ce monde est sur le point de mourir. Et Baker investit en conséquence.
Fin 2010, il a commencé à accumuler les actions d’une petite société minière aurifère appelée Orezone. « Notre coût initial était de 78 cents ; aujourd’hui il est de 3,61 $ », nous expliquait Baker au cours d’un après-midi d’hiver dans son bureau situé à la périphérie de Baltimore. « J’ai liquidé les deux tiers des actions que je possédais et elles représentent encore l’une de nos plus importantes positions. Je ne peux m’en empêcher ! »
C’est là un bon problème. Et il se pose à Baker parce que celui-ci souhaite aller plus loin qu’un gestionnaire de portefeuille classique… aussi loin que le Burkina Faso. Arrêtons-nous un instant pour situer ce pays sur une carte, ainsi vous pourrez vous repérer (si, enfant, vous étiez un fana de géographie, vous l’avez connu sous le nom de Haute Volta).
« Je lis les publications trimestrielles de ces gestionnaires de hedge funds« , nous raconte Baker, entouré de photos de famille, de CD de compositeurs comme Brahms et d’un tas d’études sur les entreprises. « Ils sont réellement absorbés par la vision macro-économique, mais ils ne savent pas vraiment ce qu’ils font, ils se contentent donc d’acheter des GLD [les ETF sur l’or] ».
« Ou bien ils embaucheront deux célèbres analystes canadiens. Puis, j’étudie ce qu’ils possèdent ; ils possèdent Gabriel Resources parce que John Paulson en possède. Cela ne craint rien. Ou bien ils ont acheté une quelconque grande entreprise sud-africaine parce qu’elle est bon marché par rapport aux réserves dans le sol lorsqu’ils l’analysent au travers de leur sélecteur d’actions ».
« Ils n’ont pas de politique cohérente pour ce qui est de réellement connaître le fond des choses, et pour réellement trouver ces entreprises dont personne n’a entendu parler ».
Baker si. Sa société, Gaineswood Investment Management, a pris d’importantes positions dans de minuscules sociétés minières aurifères travaillant en dehors des sentiers battus d’Amérique, d’Australie et d’Afrique du Sud.
Le Burkina Faso est en plein milieu d’une formation géologique appelée la ceinture birimienne… la plus riche source de croissance pour les minières aurifères ces dernières années.
Plusieurs minières en Afrique occidentale ont fait mieux encore en consolidant leurs avoirs fonciers. « Au Canada, 12 entreprises peuvent se partager un district. Une entreprise peut posséder un bloc ou un demi bloc. Mais en Afrique occidentale, ces types possèdent tout. Ils ont beaucoup de temps devant eux, beaucoup de terre et aujourd’hui ils ont levé beaucoup plus d’argent, ils peuvent donc continuer à avancer… et nous continuerons à recueillir ces surprises qui vont dans le bon sens ».
« Telle est notre philosophie : trouver une opportunité là où, par exemple, une seule équipe a trouvé 1,2 million d’onces d’or. Mais avec toutes les nouvelles découvertes qu’ils font, ils vont probablement bientôt annoncer qu’ils en ont trouvé deux, puis 2,5, et l’année prochaine ils annonceront trois puis 3,5 puis quatre… et ce n’est pas fini grâce à cette gigantesque région qui reste encore à explorer ».
▪ Avant d’aller plus loin, que les choses soient claires : Bill Baker n’est pas un chercheur d’or classique. Il n’est pas plus le trader classique qui joue le marché actions à la baisse.
« Le timing ou la possibilité d’une catastrophe financière est impossible à prévoir », écrit Baker dans Endless Money. « Au mieux, ce pourrait être comme une alerte ouragan : la tempête pourrait frapper ici, ou bien là, ou bien elle pourrait être déclassée en tempête tropicale ou bien elle pourrait se diriger complètement ailleurs ».
Mais cela ne signifie pas que les investisseurs ne devraient pas se préparer aux catastrophes financières… ou à la mort des devises papier. Les catastrophes financières deviennent de plus en plus probables dans ce monde trop endetté qu’est le nôtre… et la mort des devises papier devient de plus en plus une certitude. Le meilleur moment pour se préparer est de le faire à l’avance.
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Un véritable banc de poissons… économiques (tristes farces)
▪ Le Dow Jones réalise son meilleur premier trimestre depuis 1998 avec une hausse qui avoisine les 7%. C’est à regretter qu’une centrale nucléaire n’explose pas plus fréquemment et que des zones géopolitiques entières ne se disloquent pas à la stupéfaction générale…
En d’autres termes : catastrophe nucléaire + incertitude totale sur l’avenir du Proche-Orient + inflation + débâcle du secteur immobilier aux Etats-Unis = flambée des actions.
Au motif — accrochez-vous à vos manuels d’économie ! — qu’elles constituent le placement le plus sûr et le moins cher. Tout ceci, évidemment dans le contexte de politique monétaire non conventionnelle en vigueur depuis deux ans et trois mois.
Nous lisons de plus en plus de commentaires dont la teneur est diamétralement opposée. La majorité des stratèges continue d’encenser le génie de Ben Bernanke qui consiste à maintenir les taux au niveau zéro. Ceci permet aux entreprises de doper leur trésorerie en faisant du carry trade ou d’emprunter pour racheter leurs propres titres afin de booster artificiellement le revenu par action.
C’est cette dernière option qui vient d’être privilégiée par Home Depot. Face à l’absence d’opportunité de croissance (organique ou externe) dans le secteur de la distribution, le numéro deux américain va assécher le flottant en faisant disparaître (à crédit) des millions de titres. Si les profits stagnent, les actionnaires peuvent malgré tout s’attendre à une confortable hausse des dividendes.
Partant de ce principe, les actions ne peuvent effectivement jamais perdre de valeur ! Mais n’est-ce pas l’aveu implicite qu’il n’y a pas de véritable croissance aux Etats-Unis ? Ni même en Chine où de nombreuses enseignes de distribution occidentales se plantent littéralement — notamment dans le segment du bricolage.
Nous constatons dans bien des cas — parfois célèbres comme Caterpillar, General Electric, General Motors — que seuls des tours de passe-passe fiscaux, comptables et financiers parviennent à entretenir une profitabilité fictive.
Il s’agit de respecter l’impératif de la croissance à deux chiffres de la rentabilité. Quitte à sacrifier le futur de l’entreprise car les bonus eux, sont versés aux dirigeants dès la fin de l’exercice en cours ; et pas dans cinq ou dix ans, lorsque de nouveaux sites industriels ou miniers deviendront opérationnels, après des années de négociations et de démarches administratives.
Vous objecterez qu’embellir le bilan, cela rassure les investisseurs et cela vaut souvent mieux que de fermer des magasins et licencier des employés. Mais hélas, les entreprises le font aussi. Elles l’ont fait dès le début de la crise, avec une frénésie jamais observée depuis 1929/1934.
Ce genre de stratégie, cela fonctionne encore dans des pays qui ne sont pas au bord du dépôt de bilan. Mais nous craignons fort que l’Irlande, l’ex-phare du capitalisme dérégulé en Europe (et champion du dumping fiscal), n’ait franchi le point de non-retour. Les pertes accumulées par ses principales banques dépassent largement le PIB du pays.
▪ L’Irlande — déjà en récession depuis trois ans — a imposé une cure d’hyper-austérité. Cette dernière n’a fait que renforcer la contraction de l’activité, sans endiguer l’inflation pour autant. C’est la double peine pour la population locale et c’est une charge de 60 à 80 milliards d’euros pour l’Europe.
Les détenteurs de valeurs bancaires apparaissaient nerveux depuis le début de la semaine. Cela est probablement dû à la divulgation du résultat des stress tests irlandais ce jeudi, en fin d’après-midi.
Ils sont tombés à 17h31, c’est-à-dire quatre minutes avant le fixing de clôture. Dommage car c’est 240 secondes trop tôt pour un CAC 40 qui tentait de préserver le seuil des 4 000. L’indice souhaitait terminer le trimestre sur un score rond qui ait fier allure — plutôt qu’un 3 989,2 qui ne ressemble à rien.
Le CAC 40 a chuté de pratiquement 15 points (-0,4%) en clôture (contre -0,5% à 17h29). Pour une fois, les robots algorithmiques ne sont pour rien dans un mouvement aussi soudain que bizarre. La cause irlandaise est clairement identifiée.
Le marché tablait sur une fourchette de renflouements allant de 20 à 25 milliards d’euros. Ce sera 24 milliards d’euros. Tous les experts qui travaillent sur ce dossier savent que la facture globale sera plus proche de 35 à 38 milliards d’euros cette année. Cela implique qu’une rallonge des plans de sauvetage est à prévoir d’ici quelques mois.
Ce sauvetage n’a de pertinence qu’à condition qu’il n’aggrave pas l’effondrement du secteur immobilier. Rappelons que les prix sont en baisse de 65% depuis le début de la crise à Dublin.
Les banques irlandaises pourraient se retrouver quasiment sans fonds propres. Même scindées entre very bad bank et phoenix bank, les maintenir en survie artificielle ne ferait que rajouter au fardeau de la dette publique. Et ce, sans aucun espoir d’assainir la situation.
Nous redoutons que le recours à la planche à billets ne cesse de produire ses merveilleux effets hypnotiques et psychotropes sur les marchés. Si tel était le cas, l’Amérique se retrouverait très vite dans la même situation. En fait non. Le conditionnel n’est pas de mise car elle y est déjà jusqu’au cou. Sans quantitative easing le système financier américain et l’Etat fédéral seraient en dépôt de bilan.
▪ Le QE, c’est juste un plan de sauvetage de l’intérieur. Mais comptablement, les Etats-Unis sont tout aussi insolvables que l’Irlande. Sauf que ça ne se dit pas, c’est tabou !
L’autre tabou — celui de la hausse des taux, n’est pas près d’être levé aux Etats-Unis.
Les stratèges qui gèrent l’épargne de dizaines de millions de ménages américains sont convaincus à 75% que la Fed ne remontera pas ses taux en 2011 et à 60% qu’elle ne bougera carrément pas avant la mi-2012.
Ben Bernanke pourra-t-il tenir cette ligne de conduite — en niant le problème de l’inflation — aussi longtemps que le consensus l’espère ?
En Europe, les derniers espoirs de neutralité de Jean-Claude Trichet se sont envolés jeudi matin. La hausse des prix (CPI) s’est encore accélérée en mars à 2,6% dans l’Euroland.
L’inflation dépasse largement l’objectif central des 2% pour le quatrième mois consécutif. Jürgen Stark estime — dans une tribune publiée jeudi par le Financial Times — que la BCE doit adapter sa politique monétaire avant d’être prise de vitesse par les événements.
Et de combien les taux seront-ils rehaussés en Europe au cours des 12 prochains mois ? De bien plus de 0,25% probablement ! Cela nous vaudrait une rechute du dollar vers 1,61/euro (plancher historique). Un véritable hara-kiri commercial !
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Quelle forme d’investissement permet des performances aussi spectaculaires ?
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Lithium : au coeur de deux mégatendances haussières
Marc Mayor
▪ Chaque révolution industrielle est portée par une matière première. Actuellement, la révolution que nous sommes en train de vivre repose sur deux mégatendances : les transports propres et la miniaturisation des équipements électroniques.
Ces deux secteurs ont tous les deux besoins d’une matière : le lithium. Vous n’en avez probablement jamais vu un morceau, mais ce métal mou (il est possible de le couper avec un simple couteau) est déjà omniprésent dans nos vies quotidiennes : téléphones, ordinateurs, alliages, céramiques, et même certains médicaments…
Mais l’innovation majeure qui a donné ses lettres de noblesse à ce métal est la pile lithium-ion. C’est cette innovation qui conduira la prochaine phase de développement industriel de nos économies. Son produit vedette : la voiture verte !
▪ La voiture écologique, pilier de larRévolution verte
Vous avez probablement tous failli être renversé un jour par une Prius roulant au ralenti derrière vous, pratiquement sans bruit. Ce silence est dû à un élément : le lithium.
Les batteries lithium-ion équiperont bientôt les véhicules électriques qui devraient envahir nos routes dans les années qui viennent. Tous les grands constructeurs — et même les plus petits — y travaillent actuellement d’arrache-pied. L’ambition : être le premier à mettre sur le marché un véhicule non polluant doté d’une autonomie suffisante.
Cette révolution se propage rapidement. Dès 2020, les constructeurs produiront davantage de modèles électriques et hybrides que de bons vieux diesel ou essence.
▪ La course est lancée
C’est Toyota qui mène pour l’instant la course en tête. Lancé en 1997, son emblématique modèle Prius a atteint une production de 2 millions d’unités fin septembre 2010. Ce succès a poussé ses concurrents à faire phosphorer leurs ingénieurs pour rattraper leur retard.
Depuis, les salons automobiles mettent largement en avant les nouveaux modèles électriques ou hybrides (qui allient moteur électrique et moteur thermique).
▪ La Chine investit trois milliards de dollars dans la voiture écologique
A son tour, la Chine est rentrée dans la course. Pékin a lancé un ambitieux programme en faveur des énergies vertes. Trois milliards de dollars seront investis dans ces véhicules. L’objectif est d’atteindre 5% des ventes.
Le marché chinois est très prometteur. Près de 14 millions de voitures ont été vendues l’an dernier dans l’empire du Milieu. D’ailleurs, Pékin a largement soutenu le mouvement de conversion à l’écologie.
On ne compte plus les municipalités qui investissent dans les stations de recharge. De son côté, le pouvoir central subventionne à hauteur de 8 000 $ l’achat de voitures propres. Tous ces efforts ont contribué à booster le marché du minerai.
▪ Le marché du lithium connaît une croissance « asiatique »
Le marché est attendu pour connaître une croissance stratosphérique. D’ici 2015, le marché du lithium devrait croître de 15%, alors même que le boom des voitures électriques et hybrides n’est pas encore une réalité.
Avec l’arrivée des nouveaux modèles d’hybride, le marché pourrait passer à la vitesse supérieure. Sa croissance est estimée à 20% entre 2015 et 2020. Mais si la demande augmente de manière exponentielle, les zones de production ne sont pas extensibles, elles.
▪ La clef de la réussite : l’accès à la matière première
Réussira le constructeur qui saura sécuriser sa source en lithium. Il faut entre deux et dix kg de lithium par voiture « propre » (les véhicules hybrides nécessitent environ le quart du lithium embarqué dans une voiture purement électrique).
Or le lithium ne se trouve que dans deux endroits : les saumures naturelles en Amérique du Sud et dans le spodumène en Australie.
▪ L’Amérique du Sud et l’Australie tiennent le marché
Les saumures permettent d’obtenir le meilleur coût de production puisque l’essentiel du travail est effectué par la nature. La saumure remonte à la surface des lacs salés où le soleil sèche la matière et révèle le lithium. Il ne reste plus qu’à le ramasser. C’est le Chili et l’Argentine qui se partagent actuellement ces ressources du désert d’Atacama. Quant à l’extraction du lithium à partir du minerai de spodumène, son coût est plus élevé, bien qu’elle présente d’autres avantages.
Devant l’importance prise par le lithium, de nouveaux projets ont émergé. La Bolivie possède des réserves gigantesques. Cependant, elles restent difficiles à exploiter. L’Afghanistan s’est également révélé très riche en lithium. Pour d’évidentes raisons, le pays n’est pas prêt à l’exploiter.
▪ Offre limitée et croissance exponentielle : hausse des cours garantie
Le marché du lithium devra donc gérer le déséquilibre actuel entre offre et demande encore longtemps.
Conséquence logique : une hausse des prix. Une tonne de carbonate de lithium vaut actuellement entre 5 400 $ et 5 600 $. Les prix devraient continuer à monter.
Les industries consommatrices de lithium ont commencé à prendre des participations dans les compagnies minières juniors pour sécuriser leurs approvisionnements.
[Marc Mayor est le fondateur et président d’Inside ALPHA, une entreprise helvétique spécialiste des approches financières éliminant le risque de marché (investissements dits « ‘neutres au marché »). Depuis plus de dix ans, Marc analyse avec humour et sagacité le comportement des initiés de la Bourse, notamment dans les colonnes de sa rubrique hebdomadaire « Le Coin des Insiders »‘, qui paraît chaque vendredi dans le quotidien financier L’Agefi (Suisse). Marc Mayor met également toute son expertise financière, ses analyses et ses recommandations au service des investisseurs particuliers dans le cadre de sa lettre d’information, La Lettre de Marc Mayor]
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