La Chronique Agora

La "boîte à monnaie"

▪ Les arguments les plus convaincants incitant à acheter de l’or ne se trouvent pas dans les vieux manuels scolaires d’économie ni dans les minutes de la dernière réunion du FOMC… On les trouve dans la "boîte à monnaie" de Henry Hackel.

Henry est le président de R.F. Lafferty, une maison de courtage spécialisée dans le trading en options et les valeurs dans les ressources naturelles. Dans son bureau, situé au vingt-sixième étage et surplombant le fleuve Hudson, se trouve une boîte en carton tout à fait quelconque — une simple boîte à chaussures contenant un message très fort : achetez de l’or.

"Hé Eric, as-tu déjà vu ma boîte à monnaie ?" me demanda Henry avec un sourire malicieux il y a quelques années.

"Hum… non", répondis-je. "Je pense que sinon je m’en serais souvenu".

"Tu dois voir ça… Viens, suis-moi", m’invita Henry. Il s’empara de la boîte et se dirigea vers la salle de conférences. Une fois installés confortablement, Henry fit glisser la boîte au milieu de la table comme un barman lancerait des bières pression et me dit : "regarde".

Je soulevai le couvercle, regardai à l’intérieur de la boîte et y vis de l’argent — beaucoup d’argent… mais sans valeur. S’y trouvaient des roubles datant de la Russie pré-soviétique, des billets de 50 millions de marks remontant à la période de la République allemande de Weimar, des pesos cubains des années 1950 émis sous le régime de Battista et même quelques cruzeiros brésiliens qui n’ont plus cours aujourd’hui.

Alors que je remuais des couches et des couches de devises sans valeur, je m’imaginais comme une sorte d’archéologue creusant son chemin au pinceau à travers les ruines de civilisations passées — ici, les ruines monétaires. Le message contenu dans ces "fouilles" était très clair : les forces de l’entropie monétaire — alimentée par les politiques et les banquiers centraux — ne cessent d’éroder la valeur de la monnaie papier.

L’une des "ruines" préférées d’Henry était un élégant billet de 10 francs datant de 1928. "Pense", me dit-il, "qu’un jour quelqu’un a détenu ce billet et s’est dit ‘ceci vaut autant que de l’or’." Mais, naturellement, le billet en franc de 1928 s’avéra être moins bon que l’or. En fait, aucun billet de cette boîte ne valait plus que le papier sur lequel il était imprimé.

"Si le même homme qui détenait ce billet en 1928 en avait, à la place, échangé deux contre une pièce en or de 20 francs, elle vaudrait près de 80 $ aujourd’hui", se désola Henry. En comparaison, deux billets de 10 francs, après moult dévaluations, ne vaudraient guère plus de quelques cents aujourd’hui.

▪ "Ta boîte à monnaie est très impressionnante, Henry", observai-je. Mais je n’ai pas besoin d’être convaincu de la valeur long terme de l’or… Prenons donc un horizon temps plus court".

"Que penses-tu de l’or en 2005 ?"

"Eh bien, je pense que c’est un plancher pour l’or, mais je ne peux te donner aucun objectif de prix", me répondit-il.

"En réalité", lui répliquai-je, "ce qui m’intéresse vraiment est la tendance principale. Vois-tu un signe que la tendance haussière de l’or va crescendo ? Nous dirigeons-nous vers 1 000 $ l’once ?"

"Qui sait ?" me répondit Henry. "Cela ne serait pourtant pas excessif. Cette idée n’est pas folle du tout… L’or va continuer à grimper. Il est facile d’acheter maintenant. C’est là la grosse différence. Acheter de l’or était auparavant compliqué et difficile. Mais aujourd’hui il suffit de lancer un ordre pour 2 000 titres de GLD et zou, vous possédez pour 100 000 $ d’or. Pour la toute première fois, les acheteurs ont à présent à leur disposition un marché liquide pour l’or. Cela pourrait fortement en influencer le cours".

"Tout à fait, je suis du même avis que toi", lui répondis-je. "D’accord, Henry, puisque tu ne me donneras pas d’objectif de cours pour l’or, réponds simplement à cela : es-tu acheteur ou vendeur ?"

"Acheteur", me répondis Henry sans hésitation. "Mais je suis toujours acheteur".

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