** La crise financière est terminée, si l’on en croit bon nombre de personnes influentes sur les marchés. C’est une bonne nouvelle : on va enfin pouvoir se concentrer sur la vraie crise — celle qui détruit des emplois aux Etats-Unis… celle qui ralentit la croissance européenne… celle qui fait grimper les prix de l’alimentation (et de tout le reste) un peu partout dans le monde… La vraie crise, quoi.
Au passage, je note que les déboires du secteur financier sont peut-être terminés… mais qu’il y a quand même quelques restes qui traînent ici et là : l’assureur AIG est en difficulté, apprenait-on vendredi, et va avoir besoin de lever de nouveaux fonds pour éviter toute catastrophe. Ah, et puis il y a des pertes "plus lourdes que prévu" pour Dresdner Bank. Mais bon, après ça, la crise financière, c’est fini. Promis. Juré. Si si.
Et puisqu’on parle valeurs financières, Jean-Claude Périvier, de Défis & Profits, nous livre une petite pépite intéressante qu’il a relevée dans une étude publiée par le Boston Consulting Group : "selon le BCG, les banques occidentales ont vu s’évaporer 695 milliards de dollars de valeur boursière à la fin 2007, tandis qu’au même instant, les banques des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) voyaient leur capitalisation boursière augmenter de 753 milliards de dollars".
C’était juste une information en passant — histoire de remettre en perspective les conditions économiques et financières en Occident… et ailleurs.
** La semaine dernière avait pourtant bien commencé pour le CAC 40, qui avait enfin repassé la barre des 5 000 points ; le dollar continuait sa remontée, les indices US allaient plutôt bien, bref, les investisseurs pouvaient se croire revenus aux beaux jours pré-subprime.
Las ! La BCE est venue contrarier tout ce bel ordonnancement en refusant obstinément de baisser ses taux. L’euro sera fort ou ne sera point, telle semble être la devise de M. Trichet. Voeu exaucé puisque, vendredi, la monnaie unique effectuait une belle remontée par rapport au billet vert, lequel a repassé la barre des 1,54/euro.
Le pétrole ne venait pas arranger les choses : le baril de brut connaît une nouvelle flambée spectaculaire, avec WTI New York à plus de 124 $. Pas de raison plus spécifique qu’une autre à cette frénésie, comme nous le disait Philippe Béchade vendredi, en signalant toutefois "une étude de Goldman Sachs qui étaye le scénario d’une envolée historique de l’or noir vers 150 $… et pourquoi pas 200 $ le baril d’ici fin 2009, voire fin 2008 si la machine continue de s’emballer".
** Le séjour du CAC 40 au-dessus des 5 000 points aura donc été de courte durée ; ceci dit, rien n’empêche de le voir remonter. Si les investisseurs se sentent d’humeur optimiste, pourquoi essayer de les en empêcher ?
De son côté, l’or a repris un peu de terrain la semaine dernière — même s’il reste sous les 900 $ pour l’instant, la faiblesse du dollar et les hésitations des marchés boursiers profitent comme toujours à notre métal préféré. Encore une occasion de se positionner à bon compte, dirait Bill Bonner…
** Sur ce, cher lecteur, je vais profiter de ce qui nous reste de ce lundi de Pentecôte férié pour aller respirer l’air des crêtes vosgiennes, le parfum de la résine de sapin chauffée au soleil et les graminées de mai — en espérant que votre fin de journée sera aussi plaisante que la mienne.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora