Depuis la mi-avril, les marchés ne sont plus d’accord. Pour les marchés actions, tout va bien, et pour les marchés obligataires tout va aller mal.
Comme le note le site ZeroHedge, « la vision de l’inflation et de la croissance par le marché boursier est très ‘positive’, à l’opposé le marché obligataire est très négatif sur l’inflation et la croissance future qu’il envisage ».
La dernière fois que les marchés en sont arrivés à un tel niveau de désaccord, c’était donc en octobre 2008. Vous vous souvenez ? A l’époque, c’était le marché obligataire qui avait raison et le S&P 500 a ramassé un gadin de plus de 35% au cours des mois qui ont suivi.
Nous avons vu que la dette sur marge sur les marchés actions est quasiment encore à son plus haut historique, ce qui signifie que les investisseurs sont positionnés avec un niveau de levier record.
Jamais le marché n’a tant pensé que c’est la voie des actions qu’il faut suivre, comme le confirment les positions short ou baissières sur la dette américaine qui ont atteint un nouveau record le 26 mai.
Comment les marchés actions réagiraient-ils à une guerre commerciale mondiale ?
La guerre commerciale est le deuxième risque extrême qui inquiétait le plus Wall Street au 15 mai.
Ben Inker, qui pilote l’équipe de gestion d’actifs GMO chez Wells Fargo, tablait début mars sur un krach de 40% en cas de guerre commerciale mondiale.
Donald Trump a longtemps donné l’impression que sa politique devait être jugée au regard de l’évolution de la bourse.
Natixis confirmait ce sentiment. Voici ce qu’écrivait l’équipe de recherche de Patrick Artus le 23 mars :
« De la relance budgétaire au plein-emploi ; du protectionnisme au plein-emploi et avec un pouvoir d’achat défaillant des salariés, les politiques menées aujourd’hui aux Etats-Unis, nous échappe. La seule explication rationnelle est que ces politiques visent à soutenir les cours boursiers du secteur traditionnel (construction, ‘vieille industrie’…), qui vont profiter : de la hausse des dépenses publiques (militaires, infrastructures) ; des rapatriements de profits conservés à l’étranger, qui peuvent financer des dividendes, des rachats d’actions ; de la baisse des impôts des entreprises ; de la capacité à augmenter les prix grâce aux droits de douane (métallurgie, cellules solaires, aviation, électroménager, bois…) ».
Dès lors, comment comprendre la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump ? Le président américain considère que la géopolitique détermine l’économique. A la différence de ses prédécesseurs, Donald Trump adopte une politique qui tient compte des enjeux de long terme.
Bruno Bertez sur ce sujet :
« En relançant la Trade War avec la Chine sans en parler à personne, il ajoute que cela va peser sur la Bourse mais que l’enjeu en vaut la chandelle. Ceci semble signifier qu’il se résigne à la baisse de la Bourse, laquelle a soutenu sa popularité jusqu’ici. En fait Trump nous donne l’impression maintenant, d’analyser la question des relations avec la Chine sous un autre angle : l’angle géopolitique. La Chine serait le grand gagnant dans ces relations mal équilibrées. Les déséquilibres en faveur de la Chine lui ont permis une ascension fulgurante sur la scène mondiale et ce sont eux qui lui auraient donné les moyens de rivaliser avec les Etats-Unis. Les prédécesseurs de Trump auraient en quelque sorte favorisé l’ascension stratégique de la Chine par faiblesse ».
Comment les marchés actions réagiraient-ils à un krach sur les valeurs technologiques ?
Cela reste le quatrième pire scénario envisagé par les marchés au mois de mai.
Si l’on met de côté le Russell 2000, le NASDAQ est le marché actions américain qui a le mieux récupéré de la débandade du premier trimestre.
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Pour mémoire, Il avait perdu au cours de la semaine du 19 mars.
Bruno Bertez écrivait alors :
« Incontestablement le charme qui enveloppait les opérateurs est en train de se briser. Même la Lorelei des FANG du Nasdaq est décoiffée, elle ne parvient plus à séduire. Les FANG plus Apple représentent près du quart du Nasdaq si je ne me trompe pas. C’est gros, c’est lourd et surtout c’est concentré et donc fragile. Le sous-jacent des FANG est le même pour tous, c’est non pas la valeur et les résultats, encore moins les dividendes, mais le rêve, l’espoir et l’illusion. Le tout affublé de la baguette magique de la disruption ! »
Cependant, comme nous le relevions le 23 mars, la chute brutale de Facebook le 16 mars dernier n’a finalement donné lieu à aucun mouvement de vente panique sur le Nasdaq.
La « Lorelei des Fang » est donc toujours devant les marchés qui continuent de vivre dans le meilleur des mondes. Cependant, au vu de sa taille, si les FANG ne séduisaient plus, il y a fort à parier que les embarcations des navigateurs du NASDAQ se mettraient à sérieusement tanguer.
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Car aux dernières nouvelles, la bulle actuelle des valeurs technologiques est tout de même la troisième plus grosse bulle financière des 40 dernières années.
Les marchés actions ont donc des kyrielles de raisons de se casser la figure.
Les intervenants semblent s’être fait une raison et tout paraît n’être plus qu’une question de temps. Peu importe la raison officielle que l’Histoire retiendra comme la cause du prochain krach.
Reste à savoir sous quelles conditions la Fed interviendra. C’est ce que nous verrons très prochainement.